Les consommateurs recherchent de plus en plus des cosmétiques naturels ou biologiques. « D’origine naturelle »,« naturel » ou « bio », quelles sont les différences?

En utilisant des cosmétiques, nous exposons notre corps à toutes sortes de produits. Par la même occasion, nous rejetons dans l’environnement de nombreux produits, plus ou moins toxiques. Et cela, à travers les eaux de rinçage et les émanations dans l’air intérieur. Dès lors, si vos produits contiennent une majorité de produits naturels et quelques produits synthétiques non toxiques, l’impact sanitaire et environnemental de vos rejets sera inévitablement moindre.
Avant d’acheter un cosmétique, mieux vaut donc s’assurer qu’il ne contient pas quelques produits bien précis. On citera en vrac : sels d’aluminium, triclosan, parabènes et alkylphénols. Plusieurs études ont montré que certains d’entre eux pouvaient avoir des effets de type perturbateurs endocriniens et pouvaient favoriser certains cancers. Parmi ces produits particulièrement redoutés des consommateurs, les parabènes sont des conservateurs ayant des propriétés antibactériennes et antifongiques. Ils se retrouvent encore dans bon nombre de shampoings, crèmes hydratantes, mousses à raser et gels nettoyants. De plus en plus de marques proposent des formulations garanties « sans parabène ». De leur côté, les alkylphénols sont des émulsifiants utilisés dans les détergents et désinfectants sous forme de sprays et lingettes. Le plus dangereux d’entre eux est le nonylphénol.
Qu’est-ce qu’un cosmétique bio ?
En France, il n’y a pas de réglementation bio concernant les cosmétiques et il n’existe donc pas de certifications publiques officielles. Les cosmétiques bio ou naturels sont essentiellement estampillés par trois garanties privées : Cosmébio, Ecocert et Nature & Progrès. Chaque organisme définit les ingrédients et les procédés autorisés pour fabriquer les produits garantis. Le cahier des charges définit également la part des composants naturels et bio.
Dans tous les cas, au moins 95 % des ingrédients doivent être d’origine naturelle. Néanmoins, seulement une petite part du produit est réellement bio. Dans les 5 % qui restent, il s’agit de produits chimiques bien précis et considérés comme sûrs. On y trouve des émulsifiants, solvants, conservateurs, tensioactifs ou épaississants. Les recettes excluent les parfums et colorants de synthèse, les silicones, les anti-oxydants et les glycols. Le bio interdit les conservateurs organo-halogénés, les parabènes et les produits d’origine fossile. Seuls quelques conservateurs précis, qui ont un équivalent dans la nature, sont autorisés. En fonction des garanties, il peut s’agir d’acide benzoïque, sorbique, salicylique, formique ou propionique.
Un produit d’origine naturelle, naturel, écologique ou bio ?
Des marques vendent des « cosmétiques d’origine naturelle ». Dans ce cas, on parle de produit cosmétique d’origine naturelle à partir du moment où 95 % minimum du total des ingrédients sont d’origine naturelle. Les 5 % restant sont des molécules de synthèse : parfum, conservateurs et agents de texture. C’est l’engagement de chaque marque qui vaut valeur de garantie.
Les produits bio sont plus onéreux et contiennent souvent plus d’allergènes. Pour les peaux les plus sensibles, il existe des produits certifiés bio, sans parabène et testés sur peaux sensibles. Finalement, le choix entre cosmétique bio, naturel ou d’origine naturel dépendra de votre budget, et de la sensibilité de votre peau.
Vous avez un doute sur l’innocuité d’un ingrédient ? Entrez les trois premières lettres de son nom INCI sur le site Lavéritésurlescosmétiques et obtenez le résultat. Le nom INCI est le nom officiel des matières premières cosmétiques. Il s’agit, par exemple, du nom chimique simplifié pour une matière première chimique et du nom botanique pour une matière première végétale.
Les cosmétiques comptabilisent-ils l’eau ?
En fonction des garanties, le calcul de la part naturelle ou bio prend ou non l’eau en compte. Les produits cosmétiques comportent souvent entre 50 et 80 % d’eau qui est non certifiable en tant que telle. En revanche, certaines garanties comptabilisent les eaux florales ou la part aqueuse des extraits dans le calcul de la part bio totale.
Les gels douche et les shampoings liquides contiennent environ 70 % d’eau, 20 à 25 % de tensioactifs et environ 5 % d’épaississants. Parfums, colorants, conservateurs et principes actifs ne représentent que 0,5 et 3 % du produit fini. Si les tensioactifs peuvent être « d’origine naturelle », ils ne sont pas « naturels » puisqu’ils sont produits chimiquement. Il n’existe donc pas de tensioactifs bio. C’est donc là que repose tout l’intérêt d’autoriser l’eau dans le calcul de la part biologique. Un shampoing ou un gel douche certifié bio l’est grâce à la petite part bio qui est généralement diluée dans une eau florale et qui est comptabilisée.
Selon les garanties, la quantité de composants naturels modifiés chimiquement peut être limitée. Comme dans l’alimentation, l’expression « d’origine naturelle » ne veut pas dire « naturel ». Un produit d’origine naturelle peut être extrait d’une matière première naturelle, mais avoir subi des transformations ou des réactions chimiques.
Auteur : Matthieu Combe, journaliste du magazine Natura-sciences.com