Le geste de tri se répand, mais les consignes de tri restent parfois floues. Comment bien trier en fonction du lieu où l’on se trouve ? Réponses avec Anne-Sophie Louvel, experte des centres de tri chez Citeo, l’éco-organisme en charge de financer le tri des emballages.
Il y a encore de la communication à faire sur les consignes de tri des déchets. « Seulement les emballages sont accueillis dans la poubelle de tri« , rappelle Anne-Sophie Louvel, directrice du service « collecte sélective et territoires » de l’éco-organisme Citeo. « Il existe toujours des erreurs de tri : l’erreur iconique de 2020 est le masque, observe-t-elle. On trouve dans la poubelle de tri cette année beaucoup de masques, quelques gants, quelques mouchoirs. »
Une harmonisation des consignes de tri d’ici 2022
Les consignes de tri varient selon les communes. Mais une loi votée en 2015 prévoit leur harmonisation sur l’ensemble du territoire pour fin 2022. Citeo, l’éco-organisme en charge de financer la collecte et le tri des emballages ménagers parle d’extension des consignes de tri à l’ensemble des emballages. « Dans les communes où l’extension des consignes de tri est déployée, la communication porte sur la simplification du geste de tri pour ne plus avoir de question à se poser : tous les emballages vont dans la poubelle de tri, y compris les pots et les barquettes », explique Anne-Sophie Louvel. L’harmonisation de la couleur des bacs de tri, qui peuvent être marron, vert ou jaune, prendra place d’ici 2025.
Fin 2022, tous les emballages en plastique iront dans la poubelle de tri, en vue de leur recyclage prioritaire. Cela comprendra les yaourts, les gobelets, les barquettes, les sacs et autres films souples. Près de la moitié des Français sont déjà couverts par cette extension des consignes de tri des emballages. Paris, Lyon, Rennes, Nantes, Brest, Limoges… sont autant de villes déjà passées en extension de consignes de tri.Les habitants peuvent déjà trier les emballages précédemment cités.
Quelques erreurs de tri des déchets répandues
Beaucoup d’erreurs de tri proviennent d’idées reçues. Par exemple, il faut bien trier les boîtes de pizzas avec des tâches d’huile. En plus, il n’est pas nécessaire de rincer ou de laver les boîtes de conserve et les bouteilles. « Nous avons mené une campagne de communication cet été sur les emballages salis, car il s’agit du premier frein au geste de tri qu’il faut démystifier, insiste Anne-Sophie Louvel. Ce n’est pas un frein au recyclage : l’emballage doit être vidé, mais il n’y a pas besoin de laver ou de le rincer, et il sera bien recyclé. »
Pour la moitié des Français qui ne sont pas encore en extension de consigne de tri, tout plastique souple ou peu épais doit rejoindre la poubelle d’ordures ménagères. Ainsi, les sachets de pain de mie, de gruyère, de pâtes, les barquettes, etc. sont à jeter dans les ordures ménagères. Dans ce cas, pour les plastiques, les centres de tri acceptent uniquement les flacons de savon et de shampoing, les bouteilles d’eau, de lait ou de jus. En fin de tri, les erreurs de tri rejoignent un incinérateur ou un centre de stockage.
Pour les autres déchets, la déchetterie accueille avec joie les métaux, les déchets dangereux, les déchets verts et les gravats. Pour connaître les consignes de tri spécifiques à sa ville, le plus simple reste encore de se référer au guide de tri des déchets de sa mairie. Habituellement distribué chaque année dans sa boîte aux lettres, il est également disponible sur le site Internet de sa mairie.
Augmenter le tri, diminuer l’incinération
Le tri des déchets est sensiblement entré dans les mœurs en France, mais des progrès sont encore à faire. L’ADEME estime qu’entre 100 et 150 kg par habitant par an pourraient faire l’objet de gestes de prévention. Cela comprend le compostage domestique, la baisse du gaspillage alimentaire et l’amélioration du geste de tri. On relève notamment dans ce gisement 7 kg de produits alimentaires non consommés, encore emballés.
Le tri des déchets et leur recyclage en matières permet de retirer certains éléments indésirables à l’incinération. Il s’agit des substances incombustibles comme les métaux ou le verre, les déchets dangereux et certains plastiques susceptibles de générer des polluants atmosphériques. Il s’agit aussi des composés organiques humides qui diminuent le rendement énergétique de l’incinération.
Auteur : Matthieu Combe, journaliste de Natura Sciences