La consommation de compléments alimentaires augmente en France. Mais pour une grande majorité de la population, une alimentation équilibrée permet d’apporter l’essentiel des nutriments nécessaires pour couvrir les besoins. La prise de compléments alimentaires nécessite donc plusieurs précautions !
« On entend par compléments alimentaires les denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés », définit la directive 2002/46/CE du Parlement européen. Un complément alimentaire ne peut néanmoins avoir, ni revendiquer d’effets thérapeutiques.
Il existe des compléments alimentaires naturels ou chimiques à base de plantes, de vitamines et minéraux, ou d’autres substances. Si les allégations nutritionnelles et de santé, susceptibles d’être indiquées sur les produits, sont strictement encadrées par la réglementation européenne, les compléments alimentaires sont utilisés dans divers domaines : nutrition, minceur, tonique, digestion, beauté, ménopause, cardiovasculaire, etc. La différence avec un médicament ? Leur vente ne requiert pas d’autorisation de mise sur le marché. Leur efficacité dépend donc directement du sérieux de l’industriel qui le produit. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande de respecter scrupuleusement les conditions d‘emploi fixées par le fabricant, responsable de la sécurité des produits qu’il commercialise.
Les Français et les compléments alimentaires
Selon l’étude INCA2 menée par l’Anses, près d’un adulte sur cinq a consommé des compléments alimentaires au moins une fois dans l’année précédant leur participation à l’étude (fin 2005/2007). De même, un enfant sur dix a consommé un complément alimentaire ou des vitamines et minéraux. Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à en prendre. Chez les enfants au contraire, la consommation est similaire chez les filles et les garçons.
Il existe des disparités régionales de consommation. Chez les femmes une consommation accrue est constatée dans l’est et le sud de la France. Chez les enfants, cette différence n’est marquée qu’entre le nord et le sud: il y a plus de consommateurs dans le sud. A contrario chez les hommes, la proportion de consommateurs est homogène à l’échelle nationale.
Une consommation excessive, pas toujours suivie
L’Anses recommande d’éviter des prises prolongées, répétées ou multiples au cours de l’année sans s’entourer des conseils d’un professionnel de santé. Mais force est de constater que ces conseils ne sont pas toujours suivis. Près des deux tiers des compléments alimentaires sont consommés sous forme de cure. Elles ont lieu le plus souvent en hiver (pour 70% des enfants et 53% des adultes) ou en automne (25% des adultes et des enfants). La prise d’un complément alimentaire se fait en moyenne sur une période de 4 mois et demi chez les adultes et de 2 mois et demi chez les enfants. Mais cette durée se révèle très variable d’une personne à l’autre. En effet, il existe une grande disparité des comportements vis-à-vis de ces produits. 23 % des adultes et 12 % des enfants consommateurs de compléments alimentaires en prennent même toute l’année ou presque.
La prise de compléments est généralement motivée par une prescription médicale (32% des adultes et 39% des enfants). Ou sur le conseil d’un professionnel de santé (23% des adultes et 31% chez les enfants). Mais l’achat de compléments alimentaires se fait également, chez les adultes, sur le conseil d’un proche (14%) ou suite à la découverte du produit sur un linéaire ou sur internet (15%).
Suivre les effets indésirables des compléments alimentaires
L’Anses gère un dispositif de nutrivigilance qui vise à identifier rapidement d’éventuels effets indésirables liés, notamment, à la consommation de compléments alimentaires ou de nouveaux aliments. Suite à plusieurs signalements d’effets indésirables par des particuliers à leur médecin, l’Anses s’est s’autosaisie afin d’évaluer les risques relatifs à l’apport en vitamines et minéraux au cours de la grossesse via des compléments alimentaires, ainsi que ceux liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux sportifs visant le développement de la masse musculaire et/ou la diminution de la masse grasse. L’Agence mène aussi actuellement une expertise sur les risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la spiruline.
L’agence a déjà mené des études sur les compléments alimentaires contenant de la levure de riz rouge (compléments alimentaires revendiquant le « maintien d’une cholestérolémie à un niveau normal ») ou contenant de la p-synéphrine (compléments alimentaires dits « minceurs »). « Dans les conditions actuelles, l’Anses considère que l’usage de compléments alimentaires à base de levure de riz rouge contenant des monacolines peut exposer les consommateurs, notamment ceux particulièrement sensibles du fait de prédispositions génétiques, de pathologies ou de traitements en cours, etc., à des risques pour la santé. […] Ceux-ci ne doivent pas être utilisés par les patients traités avec des médicaments à base de statines ni ceux ayant dû interrompre ces traitements suite à l’apparition d’effets indésirables (patients dits « intolérants aux statines »). Ils ne doivent pas non plus être consommés par les personnes sensibles (femmes enceintes et allaitantes, enfants et adolescents, sujets de plus de 70 ans ou atteints de certaines pathologies, forts consommateurs de pamplemousse, etc.). » conclut l’Agence suite à son évaluation.
Concernant les compléments alimentaires contenant de la p-synéphrine, l’Agence recommande de ne pas les associer à la caféine, ne pas excéder une prise supérieure à 20 mg/jour, de ne pas en prendre lors d’une activité physique et la déconseille aux personnes sensibles.