Les espaces verts urbains ont de multiples bienfaits pour l’environnement et la santé des citadins. Une étude du King’s College London montre pour la première fois que la biodiversité de ces espaces a également un fort impact sur la santé mentale.
En ville, les espaces verts luttent contre les îlots de chaleur et sont des refuges pour la biodiversité. « Ces espaces sont ainsi essentiels pour l’adaptation du territoire au changement climatique, explique l’ADEME. Ils contribuent également à améliorer la santé et réduire le stress des habitants. » Une nouvelle étude du King’s College de Londres, parue le 16 avril dernier dans Scientific Reports, va plus loin. Celle-ci se penche sur les effets bénéfiques qu’a la biodiversité des espaces verts sur la santé mentale des citadins.
L’étude se concentre sur le paramètre de la « diversité naturelle » et d’explorer son impact sur le bien-être mental auto-déclaré qui constitue un indicateur de la santé mentale de la population. Ryan Hammoud, auteur principal de l’étude et assistant de recherche à l’Institut de psychiatrie, de psychologie et de neurosciences (IoPPN) au sein du King’s, précise que « ceci est la première étude examinant l’impact sur la santé mentale des rencontres quotidiennes avec différents niveaux de diversité naturelle dans des contextes réels ». Pour les chercheurs, comprendre comment différents éléments de la biodiversité influencent la santé mentale est primordial. En effet, selon l’ONU, « plus de 55% de la population mondiale vit dans des zones urbaines ». De plus, ce chiffre « devrait atteindre les 68% d’ici 2050″, explique l’organisation mondiale.
Observer la biodiversité partout autour de soi
Afin de mesurer la biodiversité, les chercheurs ont choisi de se concentrer sur le « nombre de différentes caractéristiques naturelles perçues ». Plus précisément, près de 2.000 participants ont relevé la présence d’arbres, de plantes, d’oiseaux ou d’eau dans leur environnement proche. Pour cela ils ont utilisé l’application Urban Mind, développée entre autres par le King’s College de Londres. Les participants ont alors pu évaluer la diversité de leur environnement trois fois par jour.
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Pour les scientifiques, cette méthode permet d’obtenir des mesures en temps réel et répétées. Ces dernières proviennent ainsi d’une « variété d’environnements que les participants éprouvent au cours du temps ». « Cette approche nous permet d’examiner si une combinaison de différents éléments naturels, plutôt que la simple présence d’espaces verts ou la richesse réelle d’espèces, a un effet accru sur le bien-être mental. Cela peut être particulièrement pertinent étant donné que la compréhension actuelle des impacts de la diversité naturelle sur le bien-être mental est limitée », précise l’étude.
La biodiversité pour améliorer la santé mentale
Selon les résultats, la diversité naturelle des espaces verts a bien un effet positif sur la santé mentale. En effet, les participants rapportaient un meilleur bien-être mental lorsqu’ils se trouvaient en présence de plantes, d’oiseaux ou d’eau. Les chercheurs rapportent également que la santé mentale moyenne des participants augmentait à chaque caractéristique naturelle supplémentaire. « Bien que se trouver dans des environnements naturels ait eu un impact positif significatif sur le bien-être mental indépendamment de la diversité naturelle, la quantité de biodiversité représentait 23,4 % de la relation globale », expliquent les scientifiques du King’s.
L’expérience montre que ces effets bénéfiques sont immédiats, mais perdurent chez les participants pendant un temps limité. Les chercheurs du King’s estiment ainsi qu’ils persistent jusqu’à huit heures après l’exposition à la biodiversité. « Notre étude étend la littérature existante en démontrant que la diversité naturelle affecte le bien-être mental momentané et continue de bénéficier aux individus pendant une période d’au maximum huit heures, tout en tenant compte des caractéristiques individuelles », précisent-ils.
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Pour des espaces verts synonymes de biodiversité
Pour les chercheurs, ces résultats soulignent « l’importance de protéger et de promouvoir la diversité naturelle dans nos villes ». Par conséquent, la biodiversité être prise en considération lors de la création d’espaces verts en milieu urbain. C’est un argument supplémentaire pour mettre fin au déclin de la biodiversité à l’échelle mondiale à cause du dérèglement climatique, selon Andrea Mechelli, également auteur principal et professeur d’Intervention Précoce en Santé Mentale à l’IoPPN. « Il est temps de reconnaître que la biodiversité apporte des bénéfices conjoints pour la santé planétaire et humaine et doit être considérée comme une infrastructure vitale au sein de nos villes », affirme le professeur. Ainsi, l’étude « met en évidence l’importance pour les urbanistes, les décideurs politiques et les professionnels de la santé mentale de concevoir, de maintenir et de promouvoir l’utilisation de différents espaces verts dans les zones urbaines », concluent les chercheurs.
D’après les scientifiques du King’s, les recherches précédentes se concentrent davantage sur la présence ou la proximité des espaces verts. Elles ont déjà montré certains bienfaits de la biodiversité des espaces verts sur la santé physique. « L’augmentation de la diversité naturelle a soutenu le bien-être humain en encourageant des comportements favorables à la santé tels que l’activité physique et l’interaction sociale. En protégeant contre les troubles inflammatoires chroniques tels que les allergies et l’asthme, en réduisant la pollution de l’air. Ainsi que par la fourniture de services écosystémiques tels que la régulation de la température dans les zones urbaines ou l’augmentation de la production alimentaire », partagent-ils.