Le glacier Thwaites est de plus en plus fragile. Alors qu’il déverse déjà une quantité importante de glace en mer, une partie pourrait bientôt s’en détacher. La climatologue Catherine Ritz détaille les conséquences d’un désastre presque inévitable.
« L’effondrement final de la dernière plate-forme glaciaire de Thwaites, qui représente un tiers du glacier, pourrait débuter par le croisement de fissures et de crevasses cachées dans un délai aussi rapide que cinq ans », écrivent les glaciologues dans une dernière étude. Grâce à des données satellites, des radars souterrains et des mesures GPS, ils ont observé des cassures sur cette plate-forme qui sert de contrefort au glacier.
Sous l’effet du réchauffement climatique, des fissures alarmantes menacent le « glacier de l’Apocalypse ». La disparition du glacier Thwaites, 120km de large, 600 km de long et 3km de profondeur peut engendrer des conséquences dramatiques pour le continent Austral. Catherine Ritz, directeur de recherche au CNRS à l’institut des géosciences de l’environnement de Grenoble, alerte sur la situation.
Le talon d’Achille de l’Antarctique
Ce « glacier de l’Apocalypse », Catherine Ritz, a tendance à le qualifier comme le « talon d’Achille de l’Antarctique ». « Ce glacier est vulnérable. Il a déjà subi beaucoup de variations récentes. C’est un glacier qui gouverne un bassin versant très grand. S’il s’effondre, cela va entraîner une très grande masse de glace, et faire grimper de 1 à 2 mètres le niveau des mers à une échéance de quelques siècles », explique la glaciologue.
Aujourd’hui, ce qui l’empêche encore de tomber est cette partie flottante fragilisée. L’effondrement de cette plate-forme va en effet accélérer le détachement du glacier et sa fonte dans les eaux de l’océan. Thwaites contribue déjà à l’élévation du niveau de la mer et cette contribution pourrait même s’aggraver d’un quart avec la disparition de la dernière plate-forme. « C’est un peu comme un bouchon qu’on retire », illustre Catherine Ritz
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Le point de bascule
La climatologue ne souhaite pas parler, ici, de ses espérances, mais plutôt de ses inquiétudes. « La fonte de ce glacier contribue déjà à l’élévation du niveau des mers. On voit que cette région de l’Antarctique s’abaisse d’une façon très significative, et que ça a même tendance à s’amplifier », analyse-t-elle. « On étudie beaucoup ce glacier parce qu’on sait qu’il n’est pas très loin de tomber dans un point de bascule. Il n’est plus très loin du point de non-retour. On parle d’un petit seuil qui se trouve en amont de là où il se met à flotter. S’il passe ce point de bascule, il n’y aura plus rien pour l’arrêter », alerte la climatologue.
« La fracturation de sa partie flottante s’accélère et dans quelques années certaines parties vont complètement se casser. Cela peut vite dégénérer, on sait que c’est une région fragile. D’ici 4-5 ans, les conséquences des fracturations successives risquent de sonner le glas du glacier. Sa ligne d’échouage (ligne entre la partie posée et la partie flottante) recule à une vitesse de 2 kilomètres par an en ce moment et cela est énorme », regrette-t-elle.
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Des conséquences sur tout le continent
« 30 cm d’élévation du niveau des mers représente quelque chose de considérable. C’est très important, cela affecte des millions de personnes. Les jours des tempêtes, la dépression fait monter le niveau des mers et là ça fait des vagues de submersion. Des choses qui arrivaient une fois tous les 100 ans, risquent d’arriver tous les ans. », explique-t-elle.
Si tout le glacier venait à disparaître, le niveau de la mer monterait de 65 cm. Tout l’Antarctique de l’Ouest, qui contient suffisamment de glace pour faire grimper les océans de 3,3 mètres, serait alors menacé.
La fonte de ce glacier déstabilise tous les autres glaciers de l’Antarctique de l’Ouest. « À terme, cet effondrement se propage sur les glaciers environnants, qui s’effondrent ensuite. On sait que certains sont déjà entrés dans cette « boucle » de victimes. Comme le Pine Island Glacier qui risque de disparaître également »,
« Les glaciers antarctiques ont presque tous des socles sous le niveau de la mer. Chaque glacier est donc à risque face à la montée du niveau de la mer. Pour l’instant ces deux-là [glacier de l’Apocalypse et Pine Island Glacier, ndlr] sont les plus à risques. Mais on voit des frémissements à d’autres endroits en Antarctique. Le réchauffement de l’océan grignote les parties flottantes et du coup enlèvent les bouchons de protection de ces glaciers », s’inquiète-t-elle.
Le reste du monde pas mieux loti
Prenons un autre exemple. Selon la climatologue, le Groenland a d’autres raisons d’être instable. « Plus la calotte glaciaire fond, plus le Groenland s’abaisse. Et plus il s’abaisse, plus la température à sa surface est élevée et donc plus la calotte fond. C’est un cercle vicieux. Passé un certain seuil, on ne peut plus rien faire. Au Groenland, c’est la calotte glaciaire qui contribue le plus à la montée du niveau des mers, encore plus qu’en Antarctique », explique-t-elle.
« Les glaciers de montagnes vont extrêmement mal. En Alaska par exemple, on note beaucoup de perte de glace. Les glaciers en France sont surveillés aujourd’hui. En Himalaya les glaciers servent de réservoirs d’eau et s’ils disparaissent les populations risquent d’en souffrir », alerte-t-elle.
Léo Sanmarty
Une question : Si l’Artique fond, le Groenland devrait REMONTER (c’est une terre qui soutient tout un tas de glaciers), comme ça été le cas de la Norvège, le reste est juste, ça doit être une faute de frappe OU alors je fais une faute de raisonnement
Il nous faut plus d’article comme celui-ci, des articles qui nous font comprendre qu’il est important d’agir pour l’agenda 2030