Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a reconnu mercredi que l’objectif de 15% des surfaces agricoles cultivées en bio en France à l’issue du quinquennat ne sera pas atteint. Il ne se montre pas favorable à la proposition de la FNAB de prévoir 1 milliard d’euros par an à l’agriculture bio dans le cadre de la PAC.
Y aura-t-il 15% de terres agricoles conduites en bio en 2022 ? « On sera à 12,5%, je pense« , a répondu ce mercredi le ministre sur l’antenne de BFMTV/RMC. Un chiffre sous l’objectif du gouvernement, défini dans un plan de soutien à la production bio mis en place en 2018. Doté d’une enveloppe de 1,1 milliard d’euros de crédits sur fonds européens et nationaux, ce plan devait permettre de faire passer de 6,5% à 15% les terres cultivées en bio d’ici 2022.
Interrogé sur les raisons de ce retard, le ministre a souligné que « ce sont des transitions qui sont parfois longues« . Toutefois, il a reconnu que « parfois« , le gouvernement n’avait « pas mis assez d’accompagnement« , une tendance corrigée selon lui par le volet agricole du plan de relance. « En 2022, si on atteint 12,5 à 13%, on aura augmenté la surface cultivée de bio dans notre pays de 50% par rapport à 2017« , a souligné Julien Denormandie.
Les élus demandaient plus de soutien au bio
Répondant à l’appel de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB), 300 élus signaient hier une tribune publiée dans Sud-Ouest et plusieurs médias régionaux. Alors que l’Europe promet “25% de surfaces agricoles bio en 2030”, les signataires s’interrogent : « Et nous? Pourquoi ne pas viser une cantine bio et locale pour tous ?”. Les élus estiment qu’ “en matière de transition écologique agricole nous ne pouvons plus nous permettre de perdre encore dix ans« . Ainsi demandent-ils « un milliard d’euros par an dans la prochaine PAC » (Politique agricole commune qui fixe les aides européennes à l’agriculture) pour « développer et pérenniser les surfaces bio. Il faut que la prochaine loi de finances soutienne les petites collectivités vers une alimentation bio pour tous les enfants ».
Interrogé sur cette proposition, le ministre a appelé à arrêter d’opposer « l’environnement et l’agriculture ». « Il faut avoir en tête que (pour) la PAC, les discussions sont en cours et dès que vous mettez (de l’argent) quelque part, ça veut dire que vous prenez sur d’autres cultures », a déclaré Julien Denormandie, qui doit rendre prochainement ses premiers arbitrages sur la déclinaison française de cette PAC qui doit régir les aides à l’agriculture européenne de 2023 à 2027. « Il n’y a pas dans notre pays d’un côté les vertueux qui font du bio et de l’autre côté les mauvais qui font un autre type d’agriculture », a estimé le ministre.
Pour une autre Pac veut aussi plus de transition écologique
Le 9 avril, la plateforme « Pour une autre Pac » publait une tribune dans Libération. Les 46 organisations membres exhortaient le gouvernement à engager « un virage à 180 degrés du Plan stratégique national« . Cette déclinaison française de la PAC qui s’appliquera jusqu’en 2027 doit s’orienter vers la transition écologique, en rémunérant les pratiques vertueuses pour l’environnement et le bien-être animal, ou en soutenant les fermes les plus petites, créatrices d’emplois et de valeur ajoutée, soutiennent ces organisations.
Selon les derniers chiffres publiés par l’Agence bio, fin 2019, 2,3 millions d’hectares étaient cultivés en bio soit 8,5 % de la SAU (surface agricole utile) française.
Matthieu Combe