Le 9 juin 2022, au Tribunal judiciaire de Paris, la première phase d’une procédure civile, opposant 11 ONG et des organisations autochtones d’Amérique du Sud au groupe Casino, a débuté. Casino est accusé de vendre des produits à base de viande bovine issue de fermes liées à la déforestation illégale en Amazonie. Ce nouveau décryptage vidéo vous explique les points clés de l’affaire.

11 ONG, dont Notre Affaire à Tous et Envol Vert, ainsi que des organisations autochtones d’Amérique du Sud ont assigné le groupe Casino en justice en mars 2021. Ils accusent Casino de vendre des produits à base de viande bovine issue de fermes liées à la déforestation. Ainsi, le groupe manquerait à son devoir de vigilance dans son approvisionnement. Le jeudi 9 juin, au Tribunal judiciaire de Paris, débutait ainsi la première phase de mise en état. Décryptons cette affaire.
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Les débuts de l’affaire
Pour comprendre l’affaire, il faut revenir en juin 2020. L’association Envol Vert publie alors une enquête accablante. Cette enquête met en évidence des preuves de déforestation récente et de pratiques d’accaparement de terres. Plusieurs échantillons de produits carnés avaient été prélevés dans divers supermarchés du groupe Casino. Collaborant avec des journalistes locaux, l’association travaille alors sur la traçabilité de ces produits.
La conclusion de cette enquête ? La viande bovine du groupe Casino est en partie issue de fermes liées à la déforestation. Selon les ONG, au Brésil le groupe Casino réaliserait près de 47% de son chiffre d’affaires. Après l’assignation en justice de mars 2021, le Tribunal a proposé, ce jeudi 9 juin, une médiation aux deux parties. Les avocats représentants des ONG et ceux du groupe Casino doivent se rencontrer en juillet pour échanger à propos de cette médiation. A défaut, l’audience reprendra le 15 septembre prochain.
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Déforestation et dérèglement climatique
Les rapports sur l’état de l’Amazonie se multiplient. La région est proche d’un point de rupture, de bascule. « La forêt stocke
des gaz à effet de serre, surtout le CO2, le dioxyde de carbone. Et à force de détruire les arbres, l’écosystème n’a plus la capacité d’absorber les gaz à effet de serre », explique Mariana Bombo Perozzi Gameiro, doctorante à l’IRD.
La déforestation liée à l’élevage contribue donc à perturber l’équilibre de la forêt amazonienne. « Il y a des études qui montrent que la forêt ne va plus être capable de stocker le CO2. Et au contraire, elle va commencer à émettre plus qu’elle ne stocke. C’est ça c’est le point de basculement principal », informe-t-elle.
La position du groupe Casino
Nous avons contacté le groupe Casino qui nous a répondu dans un premier temps par un communiqué. Dans ce premier communiqué, signé par les deux avocats du groupe, Sébastien Schapira et Thomas Rouhette, Casino se dit « satisfait » de cette médiation. Car « elle va dans le sens du dialogue de Casino » qui lutte chaque jour au Brésil contre la déforestation. Le groupe assure mettre en place « tous les outils technologiques et légaux à sa disposition » pour y parvenir. Le tout « en collaboration avec les ONG, pouvoir publics et entreprises« . Casino affirme contrôler sa chaîne d’approvisionnement
Dans des informations complémentaires communiquées par Casino, on peut lire ceci.« Pour préserver la biodiversité, protéger les populations locales et lutter contre le changement climatique, le groupe Casino s’engage à lutter contre la déforestation liée à l’élevage bovin au Brésil et en Colombie, et ce, en prenant en compte la complexité des chaînes d’approvisionnement ».
Casino explique opérer avec un processus qui vise à « identifier l’origine directe et à garantir le respect » de plusieurs critères socio-environnementaux. Parmi eux : vérifier que l’élevage n’est pas lié à la déforestation du biome amazonien, que l’exploitation est sans pratique apparentée au travail forcé, ou encore que l’exploitation est sans pratique d’invasion de terres indigènes et/ou d’invasion de zones de conservation.