Depuis notre article « Récolte de miel 2014 en baisse de 50 à 80%« , aucune aide spécifique n’a été apportée aux apiculteurs les plus touchés. Dans une lettre ouverte adressée le 25 novembre 2014 à Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, l’UNAF demande des aides pour les apiculteurs des Pyrénées-Orientales et de l’Ariège ayant connu les plus lourdes pertes durant l’hiver 2013-2014. Cette lettre demeure sans réponse jusqu’ici.
L’histoire date, mais le ministère de l’environnement n’a pas encore pris de mesures à la hauteur des enjeux selon l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF). « De nombreux apiculteurs pyrénéens et ariégeois ont subi de très lourdes pertes sur leurs ruchers avec des mortalités massives de 80 à 100% sur plus de 5 000 ruches et des affaiblissements importants de leurs ruchers en zone de montagne », fait savoir l’UNAF dans un communiqué.
Le 17 novembre dernier, les experts du Ministère de l’Agriculture rencontraient les apiculteurs sinistrés des Pyrénées Orientales et de l’Ariège afin de présenter les résultats d’analyses de l’enquête officielle réalisée par la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Celle-ci visait à déterminer les causes de cette hécatombe. Les résultats annoncés corroborent ceux déjà obtenus par des experts mandatés par les apiculteurs. « Ce n’est pas moins de 18 molécules pesticides différentes qui ont été identifiées parmi des prélèvements provenant de 52 apiculteurs sur les 58 ayant déclaré des pertes de cheptel », déplore l’UNAF.
L’UNAF demande des aides pour assurer la survie des apiculteurs
Le représentant des apiculteurs exhorte le ministère de l’agriculture à agir vite. S’il existe plusieurs causes de surmortalités d’abeilles, l’UNAF estime que le facteur déclencheur d’une telle hécatombe sur un territoire donné « réside bien dans l’emploi de certains pesticides à usage vétérinaire employés par les éleveurs ».
Les revendications de l’UNAF sont claires : reconnaître officiellement la responsabilité des pesticides comme cause première de ces mortalités en Ariège et apporter une aide exceptionnelle d’urgence pour les apiculteurs sinistrés. Le représentant des apiculteurs demande également que l’Etat fournisse aux apiculteurs en toute transparence les différentes méthodes et résultats d’analyses dans ce dossier et les implique dans la future enquête épidémiologique pour prendre réellement en compte les enjeux de terrain.
Entre 1995 et 2015, la récolte annuelle de miel français est passée de 32 000 tonnes à moins de 10 000 tonnes. La surmortalité des abeilles est bien évidemment en cause. Mais lorsque ces surmortalités apparaissent, la rentabilité des apiculteurs est mise à mal et beaucoup abandonnent leur activité. Si les aides demandées n’arrivent pas, de nombreux apiculteurs pourraient à nouveau « mettre la clé sous la ruche ».
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com