Le Réseau « Sortir du nucléaire » a organisé ce mercredi 30 mars une remise de prix fictionnelle des « Trophées du Nucléaire vert 2022 », place de la République à Paris. Via cet événement satirique, l’association visait à interpeller des candidats de l’élection présidentielle sur leur programme énergétique, qu’elle qualifie de « greenwashing ».

Tout était prévu ce mercredi matin. Des combinaisons de protection nucléaire, des badges « Promesse bidons » des affiches des candidats à la présidentielle et des trophées en carton. Quelques affiches tombent cependant à cause de la pluie qui perturbe l’événement en cours. Finalement, le décor est installé, la cérémonie fictive organisée par le Réseau « Sortir du Nucléaire » peut commencer. Se déroule ainsi, place de la République à Paris, une remise des prix pour le moins insolite. Les « Trophées Nucléaire Vert 2022 » récompensent ironiquement les candidats à la présidentielle sur leurs promesses concernant le nucléaire. Épinglant leur programme énergétique, cet événement intervient dans le cadre de la campagne #PromessesBidons de l’association, onze jours avant le premier tour de l’élection.
Pour jouer le jeu, les membres de l’association ont enfilé des masques représentant le visage des différents candidats. Interpellés sur leur positionnement pro-nucléaire, ceux-ci se voient remettre un prix, avant de devoir peindre leur affiche en vert le plus vite possible. Ces actions satiriques dénoncent le « greenwashing » mentionné par l’association à l’égard des différents programmes.
Neuf prix pour neuf candidats
Sur les douze candidats à la présidentielle, neuf d’entre eux ont été récompensés. Durant l’évènement, un fond sonore animait la cérémonie fictive, où les déclarations des candidats au sujet du nucléaire s’enchainaient. Des promesses dites « bidons » pour l’association. « À les entendre, on en oublierait presque qu’il faut 20 ans pour construire une nouvelle centrale alors que l’urgence climatique veut que l’on prenne des mesures dès à présent », glisse Laure, en tant que « maîtresse de cérémonie ».
Parmi eux, Marine Le Pen remporte la « meilleure fiction » . Un prix qu’elle glane « pour sa promesse complètement folle de rouvrir Fessenheim ». Ce gain apparaît similaire à celui d’Eric Zemmour. Ce dernier s’est vu offrir le « prix du meilleur scénario » , en souhaitant construire quatorze réacteurs nucléaires. Les candidats à gauche de l’échiquier politique obtiennent quant à eux les prix « du meilleur second rôle » (Anne Hidalgo), et du « meilleur costume » (Fabien Roussel). Avec ces récompenses, le Réseau dénonce des prises de position « floues » et un « manque d’ambition en matière d’écologie ».
Le premier prix, « Révélation 2022 » revient enfin à Emmanuel Macron. Un choix qui fait écho à son ambition de construire six EPR supplémentaires, annoncée à Belfort le mois dernier. Le Réseau « Sortir du Nucléaire » déplore son changement de stratégie énergétique. « Il abat toutes ses cartes en fin de mandat et sort six, voire quatorze nouveaux réacteurs », réagit l’association.
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Un manifeste pour sortir du nucléaire
Début février, un manifeste a été envoyé à l’ensemble des candidats. Dans celui-ci, le Réseau « Sortir du nucléaire » demande une sortie du nucléaire ainsi qu’un développement massif des énergies renouvelables. À ce jour, seuls Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Philippe Poutou ont signé le document. Cet engagement explique leur absence parmi les nominés.
Si Anne Hidalgo s’est engagée à ne pas construire de nouveaux EPR, l’association lui demande cependant de clarifier sa position. « Elle déclare que le nucléaire est une énergie de transition, rappelle Pauline di Nicolantonio, chargée de communication pour le Réseau ‘ »Sortir du Nucléaire ». Ces termes restent flous et l’on veut que Madame Hidalgo s’engage plus officiellement ». Dans son programme, la candidate PS ne souhaite pas de sortie « précipitée » du nucléaire afin de ne pas « faire flamber le prix de l’énergie ».
Des positions pro-nucléaires affirmées
Trois autres réponses, que Natura Sciences a pu consulter, sont parvenues récemment. Nicolas Dupont-Aignan, Eric Zemmour et Nathalie Arthaud ont réitéré leur volonté de ne pas sortir du nucléaire. « Je pense que c’est le capitalisme qui rend le nucléaire dangereux. Car la production d’énergie nucléaire est soumise aux contraintes du profit, à tous les niveaux, a insisté Nathalie Arthaud. Cet argument lui a par ailleurs valu le prix de « la meilleure musique ». « La candidate de Lutte Ouvrière se cache derrière un discours anti-système pour ne pas s’engager à sortir du nucléaire », a appuyé la « maîtresse de cérémonie ».
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De son côté, Nicolas Dupont-Aignan a développé dans un long mail sa vision du nucléaire. « L’énergie nucléaire est assurément la plus propre et qui si l’on excepte la question des déchets que les nouvelles technologies tendraient à pouvoir résorber, son impact environnemental est pour le moins insignifiant », a-t-il répondu. Le candidat de Debout la France a également exprimé son désaccord sur l’installation des éoliennes, terrestres et marines, estimant que celles-ci « dégradent [les] paysages ».
L’équipe de campagne d’Eric Zemmour s’est contentée de répondre en une phrase. « Cette énergie n’est pas polluante et vous menez un faux combat anti-écologique ». Les autres candidats représentés en ce début de matinée ne se sont pas exprimés.