France 2 diffuse ce jeudi 26 janvier « Superprofits : les multinationales s’habillent en vert ». Elise Lucet place au banc des accusées de greewashing trois entreprises : TotalEnergies, BNP Paribas et Nespresso. Mais dans le Top 5 des entreprises qui pratiquent le plus le greenwashing, il ne faudrait pas oublier Coca-Cola et Adidas.
À les écouter, toutes les multinationales seraient devenues « vertes » et « écoresponsables ». Mais derrière les mots, la réalité est souvent moins reluisante. Les ONG taclent les entreprises les plus polluantes, qui tentent de repeindre leurs activités en vert sans réels changements. Le top 5 de ces sociétés? TotalEnergies, BNP Paribas, Nespresso, Adidas et Coca-Cola.
N°1: BNP Paribas, l’investisseur “vert” ?
BNP Paribas a réalisé en 2021 un bénéfice record de 9,5 milliards d’euros. La banque met largement en avant ses fonds d’investissements « verts ». Pourtant, les ONG Oxfam France, les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous identifient BNP Paribas comme le premier financeur européen et 5ème mondial du développement des énergies fossiles. Le 26 octobre 2022, elles donnaient trois mois à BNP Paribas pour se mettre en conformité avec la loi sur le devoir de vigilance en matière climatique.
Ce mardi 24 janvier, BNP Paribas a annoncé vouloir diminuer de 80% ses financements à la production de pétrole et de 30% pour le gaz d’ici 2030. Cet engagement ne couvre donc pas l’ensemble de ses activités de soutiens aux énergies fossiles et ne met pas fin aux financements de nouveaux projets pétroliers et gaziers.
Selon le rapport d’Oxfam France Banques et Climat, en 2020, BNP Paribas aurait induit l’émission de 749 millions de tonnes équivalent CO2, soit une empreinte carbone supérieure à celle du territoire national français.
N°2 : TotalEnergies, l’acteur majeur de la transition énergétique ?
TotalEnergies axe désormais sa communication sur les énergies renouvelables et la compensation carbone. Dans une campagne de publicité, la firme se revendique comme étant un « acteur majeur de la transition énergétique ». Un statut démenti par les défenseurs de l’environnement. Greenpeace assure que le géant des énergies fossiles demeure l’“un des plus grand pollueur mondiaux”.
En octobre 2020, les associations Wild Legal, Sea Shepherd France et Darwin Climax Coalitions ont porté plainte contre Total, l’accusant notamment de dégradation de l’air. Depuis décembre 2021, l’entreprise est visée par une enquête ouverte par le parquet de Nanterre pour « pratiques commerciales trompeuses » dans le domaine de l’environnement. En mars 2022, Greenpeace France, les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous ont, elles aussi, assigné l’entreprise en justice pour « greenwashing » et de « pratiques commerciales trompeuses ». Encore à l’étude, cette plainte n’a, à ce stade, pas provoqué l’ouverture d’une enquête ou été jointe aux investigations en cours.
Lire aussi : Justice : que reprochent les ONG au projet EACOP de TotalEnergies ?
L’entreprise organise et finance encore aujourd’hui des projets écocides comme Eacop. Ce projet de pipeline chauffé émettra à lui seul 34 millions de tonnes de CO2 émises par an selon l’ONG Afiego, l’IDI et la société BankTrack. TotalEnergies émettrait au global 488 millions de tonnes équivalent CO2, selon Oxfam.
N°3 – Coca-Cola, vers la neutralité carbone ?
Grâce à la promotion du recyclage, le géant de la boisson se présente comme une entreprise respectueuse de l’environnement et actrice de l’économie circulaire. Pourtant, l’alliance Break Free From Plastic identifie Coca-Cola comme étant le premier pollueur plastique au monde. Cette alliance mobilise des bénévoles du monde entier, pour collecter les déchets plastiques dans les rues, les parcs, les villes et sur les plages. Les détritus sont ensuite identifiés et classés par marque, afin de déterminer les entreprises les plus polluantes au monde. Coca-Cola occupe la première place, loin devant PepsiCo et Unilever.
Lire aussi : Greenwashing : repérez les astuces des publicités trompeuses
En 2020, l’entreprise a produit près de 3 millions de tonnes de plastiques pour ses emballages. Dans le même temps, Coca-Cola met en avant une stratégie « Net Zero Carbone« en 2040. La multinationale indique vouloir diminuer ses émissions en Europe de 30% d’ici 2030, soit 2,5 millions de tonnes de CO2 à cet horizon. Problème : la notion même de neutralité carbone n’a aucun sens pour une entreprise, martèle l’Agence de la transition écologique (Ademe).
N°4 – Adidas, l’allié contre la pollution plastique ?
Deux plaintes pour publicités mensongères ont été déposées en 2021 et 2022 contre la marque : l’une par l’ONG Zero Waste France, une autre par un particulier. Dans leur collimateur : des publicités présentant de baskets utilisant la mention « End plastic waste » (« Mettons fin aux déchets plastiques ») et « 50% de matériaux recyclés ». Les petites lignes indiquent qu’en réalité, seule la tige de la chaussure se compose pour moitié de matière recyclée. Selon Adidas, l’entreprise émet 6 millions de tonnes de CO2 par an.
N°5 – Nespresso, une capsule recyclable mais non recyclée
En 2022, les associations CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) et CCFD-Terre solidaire ont lancé une action en justice contre la marque Nespresso, accusée de pratiques commerciales trompeuses. Selon François Carlier, président du CLCV, la société a recours à des « allégations excessives » en affichant sa neutralité carbone ou en mettant en avant des capsules en aluminium « 100% recyclable ».
Selon le site déchets Infos, Nespresso assure que « 60 % » de ses 10 milliards de capsules de café en aluminium par an sont « recyclées ou valorisées » après usage. En fait, 81 % de l’aluminium qui les compose et 60 % du café qu’elles contiennent seraient perdus.