Le mouvement Stand up for science s’inscrit en soutien aux scientifiques des États-Unis attaqués par l’administration Trump. Il espère faire revivre les Marches pour la science qui avaient mobilisé plus d’un million de personnes en 2017. Des événements s’organisent dans plusieurs villes de France.

Depuis plus d’un mois, le milieu universitaire des États-Unis subit un assaut frontal. Dès son installation dans le bureau ovale le 20 janvier, le président Donald Trump, ouvertement climatodénialiste, a multiplié les décrets pour rendre la science moins « woke », et moins écologique.
Ces décrets coupent les subventions. Ils demandent à supprimer des mots comme « climat », « femme » ou « systémiques » des projets de recherche pour obtenir des financements. Lundi 24 février, la scientifique en chef de la Nasa Katherine Calvin, conseillère principale de l’agence en matière de climat, n’a pas pu assister à une réunion du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec).
Un mouvement mondial pour sortir de la sidération
Le mouvement Stand up for science est né pour mettre fin à cette terreur. Il invite les scientifiques et toute personne attachée à la science comme « bien commun » à manifester ce vendredi 7 mars dans le monde entier. « Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ce n’est pas acquis que nous puissions faire nos recherches de manière libre et autonome, et nous devons sans cesse revendiquer ce droit », rappelle Olivier Berné, astrophysicien au CNRS.
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Avec Emmanuelle Perez-Tisserant, historienne spécialiste de l’Amérique du Nord à l’université de Toulouse, et Patrick Lemaire, biologiste cellulaire au CNRS, ils sont à l’initiative de la branche française du mouvement Stand up for science. Plus de 2.000 personnes on fait savoir qu’ils participeraient au mouvement sur leur site.
Le mouvement se veut solidaire avec les scientifiques outre-atlantique et souhaite créer des mobilisations diverses. « Je suis en contact très régulier avec des chercheurs États-uniens, car je travaille avec des données du télescope James Webb », avance Olivier Berné. C’est sans commune mesure avec le premier mandat de Donald Trump en 2017. Même au sein de la Nasa, les gens ont peur de perdre leur poste s’ils parlent. Alors que pour moi, les États-Unis c’est le pays de la science. Il y a un retournement d’une gravité qu’il faut mesurer.«
Des attaques y compris en France
Les scientifiques français veulent en profiter également pour se défendre vis-à-vis d’attaques sur leur propre travail. Le CNRS est particulièrement visé ces dernières années par des médias de droite et d’extrême droite. Causeur titrait ainsi explicitement le 21 février 2025 Et si on supprimait le CNRS ? Le Figaro est également coutumier des articles et tribunes remettant en cause l’utilité de l’institution, accusée d’avoir été créée par le Front populaire et d’être un « paradis des sciences molles » qui « coûte cher ».
Olivier Berné s’insurge contre ces prises de position. « Ils trouvent que les sciences sociales ne servent à rien, et ne veulent que des sciences dures qui elles peuvent être au moins utiles à l’économie. La science doit pourtant servir à comprendre le monde qui nous entoure, c’est un langage commun qui nous permet de nous mettre d’accord sur des faits pour vivre en démocratie », plaide-t-il. L’astrophysicien espère également pouvoir se battre le 7 mars pour la transmission du savoir, face à une université qu’il juge attaquée par les coupes budgétaires.
Les étudiants en fer de lance
Stand up for science s’est lancé aux Etats-Unis, à l’initiative d’étudiants et étudiantes et de jeunes scientifiques. Sur Bluesky, réseau social où beaucoup de scientifiques ont migré suite à la prise de contrôle d’X par Elon Musk, leur compte affiche plus de 16 000 abonnés. Leur but : faire revivre les Marches pour la science qui avaient eu lieu lors du premier mandat de Donald Trump.
En avril 2017, des rassemblements s’étaient ainsi tenu dans plus de 500 villes du monde, rassemblant plus d’un million de personnes selon le journal Le Monde. L’élément déclencheur de ces manifestations était le gel des financements de l’Agence de protection de l’environnement américaine pour la recherche scientifique et la nomination au sommet de l’institution de Scott Pruitt, climato-dénialiste notoire. L’événement s’était reproduit en 2018 et 2019 dans un peu plus de 150 villes.