Ce samedi 12 mars, 135 marches ont eu lieu à travers la France, rassemblant 80.000 personnes selon les organisateurs, dont 32.000 pour le défilé parisien, 8.000 à Lyon ou 1.800 à Nantes. L’objectif : que l’urgence climatique, grande absente de la campagne, soit mieux prise en compte par les prétendants à l’Élysée.
Brandissant dans le défilé parisien des centaines de pancartes « On en parle quand ? », les manifestants entendaient dénoncer l’absence des enjeux climatiques dans la campagne. Notamment dans les médias mainstream, où ces sujets n’ont occupé, selon un « baromètre » mis en place par des ONG, que « 1,5% du temps de parole » sur la dernière semaine étudiée (28 février au 6 mars). Plus de 550 ONG, associations ou collectifs appelaient à ces marches, baptisées « Look up » en référence au film « Don’t look up », métaphore de la crise climatique qui a cartonné sur Netflix. Des syndicats et partis avaient également appelé à participer, comme la France insoumise, EELV ou le PS. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo ont participé à la marche parisienne.
De nouveaux citoyens s’engagent pour le climat, notamment après la Convention Citoyenne pour le Climat. Le groupe Les 150 était bien présent à Paris. Mélanie Cosnier, maire de Souvigné-sur-Sarthe est venue du Mans pour la marche. » Dans notre groupe nous n’avons pas de candidat préférentiel » , explique-t-elle. La maire est accompagnée de William Aucant, de la Convention Citoyenne pour le Climat, membre par ailleurs de la campagne de Yannick Jadot. Il ajoute : « Les mesures nous continuons d’y croire et il faut être sur tous les fronts pour faire passer le message « , peut importe son obédience politique.
Des citoyens engagés pour le climat, contre le nucléaire
Clara, une jeune militante d’Alternatiba, tient dans ses mains le « L » des lettres du « Look up » brandi par plusieurs manifestants. » Se rassembler ici, malgré l’actualité, est quelque chose de très important. Nous prouvons que les citoyens ont conscience que la crise climatique est notre plus gros danger « , explique-t-elle à notre micro. La lettre « U » était confiée à sa mère. « Tout ce qu’on annonce depuis des années s’avère vrai. La guerre en Ukraine nous montre que notre système est d’une vulnérabilité affolante », regrette-t-elle. « Imaginer le nucléaire comme étant l’avenir de la France c’est du délire ! », dit-elle. « Nous allons devoir nous remettre en cause et vivre autrement car nous sommes dans un moment tragique », explique-t-elle.
« L’heure est plus que grave, j’ai 34 ans et j’ai vu la nature prendre un coup de pelle dans la figure. Il n’y a plus de respect pour la planète, il faut protéger cette terre que nous laisserons à nos enfants. Les politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux », dit Lydie Lampin Bernand, 34 ans, qui tient la banderole de tête « Ensemble pour le climat » dans la manif lilloise, qui a rassemblé quelque 800 personnes selon la préfecture. Une critique récurrente chez les manifestants, comme dans « l’appel unitaire » des organisateurs, qui dénonce le fait qu’« en France en 2022, la plus grande menace que l’humanité ait jamais connue est passée sous silence en pleine période électorale, alors que notre avenir est en jeu ».
Dans le cortège, un petit groupe de jeunes militants appelle au contraire à défendre le nucléaire pour le climat, contre le recours au charbon. Comme dans la campagne présidentielle, la marche se polarise autour du débat sur le nucléaire. À droite et à l’extrême droite, l’ensemble des candidats et candidates défend une place accrue du nucléaire dans la production d’électricité. À gauche et à l’extrême gauche, seul Fabien Roussel défend la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
Matthieu Combe et Léo Sanmarty