Greenpeace accuse TotalEnergies de mentir sur le niveau réel des émissions de CO2 de la raffinerie de La Mède. L’ONG redoute également que l’huile de palme utilisée sur le site favorise la déforestation en Asie.
La raffinerie de La Mède près de Marseille pourrait avoir un impact climatique plus lourd que celui affiché par TotalEnergies. Greenpeace accuse la firme de minimiser « les effets réels sur le climat » de sa production d’agrocarburants en France. Ces derniers sont fabriqués à partir d’huile de palme importée d’Asie.
En avril dernier, le tribunal administratif de Marseille avait demandé à TotalEnergies de réviser son étude d’impact sur les activités de la raffinerie. Le document présenté alors contenait « une insuffisance » au sujet des conséquences réelles directement liées à l’huile de palme. La firme pétrolière a déposé une nouvelle étude d’impact en janvier. Celle-ci sera prochainement suivie d’une enquête publique.
La contre-expertise de Greenpeace
Ce 15 février, Greenpeace France émet de sérieux doutes quant à cette nouvelle étude d’impact. Dans un document intitulé « Comment Total occulte son impact sur les forêts et le climat« , l’ONG « dénonce la dissimulation par TotalEnergies des effets réels de sa production d’agrocarburants ». Selon l’organisation, la firme pétrolière voudrait faire croire que la raffinerie est beaucoup moins polluante en configuration « bioraffinerie ». Or, cette réduction du niveau de pollution pourrait être exagérée.
Greenpeace assure que les chiffres de l’étude de TotalEnergies sont erronés. « Le site de La Mède émettrait 91% de moins de CO2 (tous types d’émissions confondus) que lorsqu’il raffinait des sources fossiles (avant sa reconversion). En réalité, notre analyse montre que les émissions actuelles de la bioraffinerie sont, a minima, 13% plus importantes si on les rapporte, comme il est logique de le faire, à la tonne de carburant produite », explique l’ONG.
Greenpeace déplore une déforestation cachée
Greenpeace accuse également TotalEnergies d’entretenir la déforestation par le biais de cette activité. « L’huile de palme reste le principal vecteur de la déforestation en Indonésie, pays qui abrite la troisième plus grande forêt tropicale au monde », rappelle Greenpeace.
De son côté, TotalEnergie assure que l’huile de palme utilisée à La Mède répond aux critères de durabilité de l’UE. Face à cette allégation, Greenpeace est dubitative. Selon l’ONG, l’huile proviendrait d’une chaîne d’approvisionnement. De plus, elle serait produite à partir de 268 moulins, au lieu des 10 qu’affiche TotalEnergies. « Si on considère l’ensemble des fournisseurs de TotalEnergies Raffinerie France, on dénombre 143 moulins (parmi 268 au total) qui s’approvisionnent auprès de plantations ayant fait disparaître des forêts et des tourbières à partir de 2008 », ajoute Greenpeace.
De ce fait, Greenpeace demande à la mairie de Marseille de retirer l’autorisation d’importation d’huile de palme de TotalEnergies. Son PDG Patrick Pouyanné avait annoncé que la firme n’utiliserait plus d’huile de palme dès 2023. « Nous avons tiré la leçon de cette polémique », avait-il déclaré au quotidien régional La Provence.