L’ONG Générations Futures réalise une vaste enquête pour évaluer la présence de pesticides aux abords des terres agricoles. L’association alerte notamment sur leur forte présence dans les espaces viticoles.

Quelle est la véritable ampleur de la pollution aux abords des parcelles agricoles ? Pour le savoir, l’ONG Générations futures veut mesurer l’exposition aux pesticides des riverains de zones cultivées. Ce jeudi 25 octobre, l’association demande une nouvelle fois de renforcer les distances minimales entre les zones d’épandage de produits phytosanitaires et les habitations. Depuis le 1er janvier 2020, la distance entre les logements et les parcelles traitées aux produits phytosanitaire varie de cinq à dix mètres. Cette distance varie selon le type d’exploitation.
Cette évaluation entre dans le cadre d’une « enquête citoyenne » sur l’exposition aux pesticides des habitants de zones agricoles. C’est ce qu’explique à l’AFP François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. L’association lutte contre l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse dans l’agriculture. Elle sensibilise également sur les conséquences de l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
Entre l’été et l’automne 2021, une soixantaine de foyers ont pris part à l’enquête de Générations Futures. Les participants ont chacun reçu un kit de prélèvement pour chercher des traces de pesticides sur les vitres de leurs habitations. L’objectif de Générations Futures est de mettre en évidence la présence de pesticides parmi les 30 les plus utilisés en France pour des usages agricoles.
Générations Futures trouve des pesticides près de 94% des vignes
Les personnes interrogées ont pris le soin de remplir un questionnaire indiquant en premier lieu la distance séparant leur maison de terrains traités aux pesticides. Toutes ont également quel type de culture se trouvait aux abords de leur habitation. Elles indiquent aussi s’il y a une haie ou non pour les séparer des terres traitées. Enfin, elles ont précisé à quel moment le prélèvement a été effectué. L’ONG a engagé cette démarche car elle recevait des demandes de personnes souhaitant connaître leur exposition possible à des pesticides, a expliqué François Veillerette.
Selon Générations Futures, les premières recherches ont permis de mettre en évidence la présence de plusieurs pesticides. L’association affirme que « sur les 30 pesticides recherchés, 15 ont été détectés au moins une fois. Il s’agit de 9 fongicides, 5 herbicides et 1 insecticide ». Puis elle ajoute qu’il « est plus fréquent de détecter des pesticides à proximité des vignes » que dans les « grandes cultures ». Dans les premières, Générations Futures affirme retrouver des pesticides 94,4% du temps. Dans les secondes, il y en aurait 73,1% du temps.
Augmenter à 100 mètres les zones sans pesticide
Afin d’étoffer ces premiers résultats, une deuxième salve d’enquête débutera dès le mois d’avril. L’objectif sera de récolter « le plus d’échantillons possibles », explique François Veillerette. En attendant, Générations Futures indique déjà que les premiers résultats « plaident pour la mise en place de zones sans traitement réellement significatives, bien plus larges que les cinq à dix mètres prévus actuellement ».
C’est pourquoi Générations Futures préconise que cette distance soit fixée à 100 mètres. L’association demande donc « au gouvernement (…) de prendre en compte cette situation afin de renforcer significativement les distances trop faibles actuellement en place ». Après un avis du Conseil d’État, le gouvernement devrait renforcer la réglementation encadrant l’épandage des pesticides d’ici fin décembre.
Chaymaa Deb avec AFP