Les associations Youth For Climate, Extinction Rebellion et 350.org ont organisé une action contre l’entreprise Total au sein de l’école Sciences Po Paris. Cette courte mobilisation est intervenue dans le cadre de la campagne internationale « Collapse Total » lancée par le Glasgow Agreement. Le message : cesser tout partenariat avec Total, et plus largement, avec toute l’industrie fossile.
Sciences Po Paris recevait de la visite ce lundi 22 novembre. Aux alentours de midi et demi, quelques militants des associations Youth for Climate et Extinction Rebellion France se sont faufilés dans le hall d’entrée de l’université en déployant plusieurs affiches et une banderole noire. L’inscription « Total finance Sciences Po #CollapseTotal » résumait le message porté par les associations organisatrices. Aux côtés d’étudiants membres de l’association Sciences Po Zéro Fossile, les manifestants dénonçaient le partenariat entre TotalEnergies et la faculté, entretenu depuis vingt ans.
En janvier 2021, Sciences Po annonçait son renouvellement. « Total et sa fondation ont accepté de renouveler leur soutien à Sciences Po pour une année supplémentaire, dans le cadre de la réaffirmation de l’engagement des deux institutions en faveur de l’égalité des chances en 2021 », précise un article de la faculté.
Cette action intervient dans le cadre de la semaine de la mobilisation contre les industries fossiles, »Collapse Total », lancée par le Glasgo Agreement, réunissant des groupes signataires de l’Accord de Glasgow, signé le samedi 13 novembre.
Le partenariat de Total « en contradiction » avec les objectifs de l’école
Pour les manifestants, ce partenariat permettrait de « financer des programmes et des bourses internationales de manière très marginale ». Sur leur site Internet, Sciences Po affirme que la Fondation Total et le Groupe Total « soutiennent en particulier les Conventions Éducation Prioritaire ». L’engagement concerne également deux autres programmes dont Premier Campus, permettant à « une cinquantaine de lycéens boursiers à préparer leur entrée dans l’enseignement supérieur », et Sciences Po Accessible. TotalEnergies serait également « l’un des principaux mécènes des bourses versées dans le cadre du programme Europe-Afrique », distribuant environ 70 bourses d’excellences à des étudiants africains.
« On attend de Monsieur Vicherat qu’il prenne des actes en conséquences, explique Julien*, membre de Sciences Po Zero Fossile à Natura Sciences. Total a lié des partenariats avec Sciences Po pour former et recruter les meilleurs étudiants de notre école. Pour nous, cet engagement est complètement en contradiction avec les objectifs de notre école, qui est de servir le bien commun et l’intérêt général ». Bien que ce partenariat financier représente « peu d’argent au montant », il serait néanmoins « symbolique » selon l’association.
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Un appel à « rétablir la souveraineté de l’apprentissage »
Les manifestants appellent également à « rétablir la souveraineté de l’apprentissage ». Chaque année, l’école Sciences Po propose à ses élèves un cumul d’offres de stages, de formations, voire d’emplois vers l’industrie fossile. « On pense qu’on doit mettre fin à ça, et si on est formé, on doit mettre nos compétences au service de l’intérêt général pour participer à la transition écologique », continue Julien.
En plus, les associations participantes appellent la présidence de Sciences Po à « chasser toute industrie fossile » pour que l’école ne devienne « un gruyère à intérêts privés ». Au-delà de la seule entreprise TotalEnergies, l’action visait toute l’industrie fossile. « Des banques viennent démarcher des étudiants et des responsables d’entreprises fossiles viennent nous donner des cours », déplore l’étudiant.
« Nous sommes prêts à travailler avec vous, s’est exprimé avec un mégaphone un porte-parole souhaitant rester anonyme. Mais à une seule condition : la collaboration doit être opérationnelle ». Ce n’est pas la première fois que l’association Sciences Po Zero Fossile évoque les partenariats entre le secteur des énergies fossiles et de grandes écoles. L’année dernière, ce comité étudiant, ainsi que les ONG environnementales, appelaient à refuser l’implantation d’un centre de recherches de Total sur le campus de l’école Polytechnique. Cette installation avait été validée par le conseil d’administration. « Il n’est plus acceptable de laisser la multinationale pétrolière s’infiltrer dans les écoles », a réagi Greenpeace après l’action menée à Sciences Po ce lundi.
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Une demande de transparence
Suite à la CO26 qui n’a pas été à la hauteur de ses espérances, Sciences Po Zero Fossile continue à réclamer une « transparence de l’information » auprès des étudiants, mais également une exclusion des clients des industries fossiles au sein de la faculté pour « que les étudiants puissent étudier de manière plus indépendante ». « Notre objectif n’est pas de repeindre en vert les murs de notre établissement mais de changer l’architecture de notre école », insiste Julien.
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Alors que les militants, masqués, alertaient les étudiants sur les actions de TotalEnergies, en France et dans tous continents, l’organisation Glasgow Agreement a publié un appel à l’action pour « affronter la multinationale Total dans le monde entier par des actions directes décentralisées et des actes de non-coopération« . Ce lundi figurait le dernier jour de la campagne internationale « Collapse Total ». « Il ne tient qu’à nous, étudiants, de signer le manifeste pour un réveil écologique et nous engager à ne consacrer ni notre temps, ni nos compétences au service de l’industrie fossile, et donc de la destruction de notre monde » s’est exprimé Julien devant les étudiants de Sciences Po Paris. Ces derniers mots clôturaient l’action.
*Pour raison d’anonymat, le prénom a été modifié
Sophie Cayuela