La fronde monte ces derniers jours contre le megaprojet EuropaCity, un complexe menaçant 80 hectares de terres agricoles à Gonesse (Val-d’Oise). Mais les terres du triangle de Gonesse sont loin d’être les seules menacées par l’artificialisation.
Le megaprojet EuropaCity est emblématique du combat contre l’artificialisation des terres agricoles. Porté par Auchan et un investisseur chinois, soutenu par la région Ile-de-France et l’Etat, il s’inscrit dans le cadre du Grand Paris. Ce projet consommerait à lui seul 80 hectares (ha) de terres agricoles sur les 700 ha que compte le Triangle de Gonesse. Le projet consiste en un complexe mêlant commerces, loisirs et équipements culturels qui verrait le jour en 2024. Plusieurs recours sont en cours au niveau français et européen.
EuropaCity, le nouveau centre aux portes de Paris
Soutenu par l’Etat et la région Ile-de-France, le projet est estimé à 3,1 milliards d’euros. Il est porté par Immochan, la branche immobilière du groupe Auchan, et l’investisseur chinois Dalian Wanda, spécialisé dans l’immobilier et le divertissement. C’est le plus grand investissement privé en France depuis la construction de Disneyland Paris en 1992.
Les porteurs du projet promettent une « nouvelle destination touristique francilienne », accessible grâce à la ligne 17 du métro du Grand Paris Express. Elle permettrait selon eux de redynamiser le nord-est de l’Île-de-France grâce à la création de 11.800 emplois. 31 millions de visiteurs sont attendus chaque année, dont 6 millions de touristes. Sur les 80 hectares dévorés, 10 ha seraient réservés pour un parc urbain, 7 autres pour une ferme urbaine. Mais il y aura aussi 10 hectares réservés pour les restaurants, soit autant d’espace que pour le parc! Le reste serait consacré à 230.000 m2 de commerce, 150.000 m2 de loisirs, 50.000 m2 « d’offres culturelles », 2000 chambres d’hôtel et un espace des congrès de 20.000 m2. L’ensemble des besoins énergétiques seraient produits sur place.
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EuropaCity, symbole d’une artificialisation en hausse
Les terres agricoles du Triangle de Gonesse ne sont pas les seules menacées par l’artificialisation. La FNSafer suit l’évolution de ces marchés fonciers ruraux. Et les sols agricoles sont de nouveau acquis pour être urbanisés plutôt que pour y maintenir une exploitation agricole. Les promoteurs immobiliers y construisent alors des logements, des zones commerciales, des routes et autres infrastructures…
Si le marché de l’artificialisation des sols a été divisé par 2 entre 2007 et 2014, la FNSafer s’alarme. Depuis 2015, il repart à la hausse. Pour l’année 2016, la fédération relève même une hausse de 22% du nombre de transactions, contre une faible reprise de 3,8 % en 2015 . En termes d’hectares, la hausse est de 20,2%. Le marché atteint 4,6 milliards d’euros.
L’artificialisation est particulièrement poussée par l’extension des grands pôles urbains, portée par la reprise économique. Ce sont ainsi 28.000 hectares de foncier agricole qui ont été cédés au marché de l’urbanisation en 2016. Au total, la FNSafer estime même que les surfaces urbanisées représentent entre 50.000 et 60.000 hectares par an. Un chiffre similaire à celui observé au début des années 2000.
Selon le ministère de l’agriculture et de l’alimentation, la surface agricole utile (SAU) française représentait environ 28 millions d’hectares en 2010. Entre 1960 et 2010, 2,5 millions d’hectares ont déjà été remplacés par le béton. Si la relance se poursuit, une quantité similaires de terres agricoles pourrait disparaitre d’ici 2060. Soit près de 9 % de la SAU française. En un siècle, la France pourrait ainsi perdre près d’un cinquième de ses terres occupées par des activités agricoles.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com