Un train transportant des céréales, prévues pour la fabrication d’aliments pour bétail, s’est fait immobiliser samedi matin près de Pontivy, en Bretagne, par des manifestants du collectif « Bretagne contre les fermes usines ». Une partie de son chargement s’est vu déversé sur les voies. De nombreuses plaintes ont été déposées contre les activistes.
Les militants du groupe Bretagne contre les fermes usines ont édifié un mur en travers des voies ferrées. L’objectif : immobiliser un train destiné à Sanders, la filiale du groupe Avril. L’entreprise est spécialiste du commerce agro-alimentaire à la fois pour les humains et les animaux.
Samedi dernier, l’objectif des militants protestataires était de symboliser « un mur en travers des voies de l’agro-industrie ». Ainsi, « en déversant ces céréales destinées à l’alimentation d’une partie du cheptel breton », ces derniers représentent « le lien au sol à recréer dans notre agriculture et le lien à la terre bretonne. Cette même terre qui ne peut pas supporter les incidences de l’élevage d’un si grand nombre d’animaux ».
Le « dépassement » des limites de la terre
Le collectif à l’origine de l’action a agi contre la dégradation de la qualité des parcelles agricoles. « La terre ne peut plus se regénérer ; c’est le dépassement de ses limites qui oblige les importations massives de protéines, ainsi que les exportations d’azote et de phosphore vers des terres moins saturées », ont écrit les activistes dans un communiqué. Ils font référence au transport, notamment vers d’autres régions de France, de fumier provenant d’élevages bretons, utilisé comme engrais.
« Nous continuerons d’agir. Ce sont les vies d’agriculteurs et d’agricultrices qui sont en jeu (…) Le dernier rapport du GIEC indique clairement un manque de volonté politique » de faire évoluer la situation, ont-ils estimé.
Le collectif Bretagne contre les fermes usines prône « une agriculture paysanne, vivante, agroécologique, territorialisée, créatrice d’emplois et rémunératrice ». En conséquence, les militants disent se battre « pour que disparaisse un système destructeur » et « pour qu’éclose une véritable agriculture nourricière, joyeuse et vivante ».
Plusieurs plaintes déposées
En dépit de leurs motivations, les militants bretons se sont attirés les foudres de plusieurs personnes. « De nombreuses plaintes ont été déposées, il appartiendra aux autorités judiciaires d’apporter les réponses appropriées et de caractériser l’infraction pénale de ces actes », a indiqué la préfecture dans un communiqué.
« Cet acte de gaspillage alimentaire est scandaleux. Au moment même où la France doit consolider sa capacité de production nourricière dans un contexte international difficile », considère l’institution. « L’attaque de ce train a généré la perte d’un tonnage important de blé et un lourd préjudice financier », précise la préfecture, qui « condamne avec la plus grande fermeté cet acte ».
Invité dans l’émission « Dimanche en politique » sur France 3, Yannick Jadot a également critiqué cette action. « Je ne soutiens pas des actions qui aujourd’hui mettent des céréales dont on a besoin partout sur la voie. Ce que je porte moi, c’est un modèle de souveraineté alimentaire. Pendant des années et des années, la politique a été sous la pression de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) qui a décidé pour ce gouvernement de notre agriculture », a affirmé le candidat EELV à la présidentielle.