Depuis lundi soir, le groupe d’activistes allemand pour le climat Transformations Universität 2.0 occupe l’amphithéâtre 1010 de l’Université Albert-Ludwig de Fribourg. Le mouvement demande à l’établissement de prendre position sur l’urgence climatique, tout en déclarant l’état d’urgence écologique et sociale. De rapides échanges entre le rectorat et les étudiants ont eu lieu, mais ne satisfont pas les militants.

À moins d’une heure de Colmar, traversant la frontière allemande, d’autres voix pour le climat se font entendre. Depuis lundi soir, après une conférence portant sur le climat, des activistes du mouvement Transformations Universität 2.0 occupent l’amphithéâtre du bâtiment principal de l’Université Albert-Ludwig de Fribourg. Ils réclament au rectorat la déclaration de l’état d’urgence écologique et sociale. Une occupation dite « pacifiste », où les participants attendent patiemment un dialogue avec la direction. L’amphithéâtre reste ouvert à tous les profils, qu’ils soient étudiants, professeurs, activistes ou encore tout autre adulte de l’extérieur.
Certains y passent même leurs nuits. De lundi au mardi, 65 participants ont dormi au sein de l’amphithéâtre. Ils étaient une centaine les nuits suivantes selon le groupe activiste. « Le nombre de personnes dans l’amphithéâtre est impressionnant, se réjouit Léonie Zwiessler, étudiante en médecine et porte-parole de Transformations Universität 2.0. Nous ne nous attendions pas à un tel soutien. Nous sommes très reconnaissants à tous ceux qui se sont joints à nous ». Si l’amphithéâtre s’avère encore mobilisé par les étudiants, aucun cours n’a été annulé au sein de l’établissement. La journée, les activistes organisent des actions pour « apprendre plus sur les crises climatiques » et sur les réponses à y apporter. En souhaitant mobiliser les étudiants mais aussi le public extérieur sur ces enjeux, l’occupation sonne comme un appel à l’échelle nationale et européenne.
Des échanges infructueux
Très vite, et à la surprise des étudiants, les représentants de l’université ont proposé un échange dès le mardi matin. La veille, une première discussion s’est tenue au sein de l’amphithéâtre avec trois membres du rectorat. Mais les espoirs ont été balayés. « Il n’y avait pas de place à la négociation, mais on nous a plutôt donné l’option de poursuivre la discussion avec un panel non décrit, à condition que nous quittions l’amphithéâtre avant mercredi midi », indique Léonie Zwiessler. Ce que les activistes ont refusé.
Une lettre ouverte a été rédigée à l’attention de Kerstin Krieglstein, directrice de l’Université. Mais, contrairement aux premiers échanges avec le rectorat, aucune réunion avec cette dernière n’a pas été programmée. « On nous a dit qu’elle n’avait pas le temps de nous rencontrer. Ce matin, nous avons eu une discussion avec le chancelier de l’université, mais il ne s’agissait pas de nos revendications, simplement de notre sécurité dans le bâtiment », continue la porte-parole de Transformations Universität 2.0 .
À ce jour, les militants occupent toujours l’amphithéâtre et souhaitent « obtenir une session spéciale au Sénat afin d’examiner leurs revendications de manière constructive tout en restant sur un pied d’égalité », a déclaré Transformations Universität 2.0 dans un communiqué. En parallèle, des professeurs et d’autres membres de la faculté auraient publié des déclarations de solidarité avec les activistes. Le Conseil des étudiants (StuRa) et les représentants élus de l’ensemble des étudiants de l’Université se sont solidarisés mardi soir avec les militants. « Nous ne savons pas comment la situation va évoluer dans les prochains jours et comment l’occupation va se terminer », confie l’étudiante en médecine.
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Les militants demandent à ce que l’Université prenne position sur l’urgence climatique
Si les étudiants choisissent d’occuper l’amphithéâtre d’une université, cela n’est pas par hasard. « Les universités déterminent un pilier central de notre société, mais pas seulement pour les étudiants, revendique Léonie Zwiessler. Elles sont des centres de recherche et de connaissances, où celles-ci peuvent être rassemblées et diffusées au reste du monde ». C’est pourquoi l’étudiante de 20 ans estime que la position d’une université peut se montrer « significative ».
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Parmi ses revendications, Transformations Universität 2.0 souhaite que l’université déclare l’état d’urgence écologique et sociale. En plus de cela, l’organisation souhaite inscrire dans le règlement intérieur la « nécessité d’agir pour la protection des écosystèmes et de lutter contre les inégalités sociales à l’échelle mondiale et nationale« . Face aux conséquences du réchauffement climatique, les étudiants attendent que l’université « prenne ses responsabilités » en agissant pour le climat et en adoptant une position politique. « Une fois cette base établie, cela donnera plus de raisons pour des actions concrètes », confirme l’étudiante.

Interpeller le gouvernement fédéral
Les activistes demandent également à l’université de s’engager en faveur de la science transformative tout en l’inscrivant dans le modèle d’apprentissage. » Cela implique de légitimer les interventions de la science dans les domaines politiques et sociaux, dans le cadre de la lutte face à la crise écologique et sociale », précise le communiqué. Transformations Universität 2.0 veut aussi, en même temps que le rectorat, vérifier chaque année l‘ »avancée des mesures nécessaires pour résoudre la crise socio-écologique ».
Enfin, les réclamations de ces activistes ne se limitent pas aux universités. Les militants souhaitent également interpeller le gouvernement fédéral allemand à « déclarer l’état d’urgence écologique et sociale et à militer auprès de la communauté internationale pour transformer l’Accord de Paris en un traité sur le climat« . Pour Transformations Universität 2.0 , l’ampleur des actions menées par les états signataires de l’Accord de Paris ne sont pas suffisants. Quitte à considérer les discours des dirigeants comme de « simples promesses ». « La crise climatique est un problème mondial, et elle exige que nous travaillions ensemble et prenions la responsabilité de protéger toute l’humanité, pas seulement les personnes à l’intérieur des frontières de chaque pays », soutient la porte-parole. De l’université ou des pays dirigeants du monde, des réponses restent encore attendues.