L’étude Sinfonie révèle la présence de polluants dangereux dans l’air de la plupart des écoles européennes. Plus que jamais, les experts réclament une sensibilisation aux bonnes pratiques pour préserver la santé des enfants.
Il ne fait pas bon respirer l’air de nos écoles. C’est ce que révèle l’étude européenne Sinfonie qui a analysé l’air intérieur de 114 écoles de 23 pays européens. Ainsi, chaque jour, nos enfants respirent un cocktail de polluants explosif : benzène, radon et formaldéhyde, de puissants cancérigènes. Et dans des proportions qui dépassent très nettement les limites fixées par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Pour le benzène, substance issue de la combustion (notamment des gaz d’échappement), 25% des écoles dépassent le seuil de 5 ug/m3. Pour le radon, gaz naturel radioactif, incolore et inodore, environ 50% des classes sont au-dessus de la limite de 100 becquerel/m3. Et plus de 60% des établissements dépassent les 10 ug/m3 concernant le formaldéhyde. « En ce qui concerne les cancers éventuels, ils ne feront leur apparition que petit à petit, précise la chercheuse de l’Inserm, Isabella Annesi-Maesano, co-auteur du rapport et qui avait déjà révélé la pollution des écoles françaises dans une étude en 2012. Mais pour l’asthme, en augmentation très importante ces 30 à 40 dernières années, c’est maintenant ».Sinfonie : De graves pathologies liées à la pollution intérieure
L’asthme touche 25 à 30% de la population française, selon les chiffres de l’Ademe. Chez les enfants de moins de 15 ans, 6% des filles et 10% de garçons ont déjà souffert de l’asthme. Mais pas seulement. Car les enfants passent 90% de leur temps dans des lieux clos (logements, crèches, écoles) et une mauvaise qualité de l’air intérieur peut entraîner quantités de symptômes et d’affections : fatigue, manque de concentration, maux de tête, irritation de la gorge, des yeux, irritations nasales et cutanées. Les chercheurs observent également d’autres symptômes qui seraient liés à cette pollution intérieure comme la toux, la broncho-pneumopathie chronique obstructive qui affecterait 4 millions de Français, l’essoufflement et des sifflements dans la poitrine, dès lors où la qualité de l’air diminue. Et même lorsque les normes sont respectées.
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L’étude révèle également un taux trop élevé de C02 puisqu’il atteint jusqu’à 1.257 ppm dans certaines classes quand l’OMS préconise une valeur seuil de 1.000 ppm. « Le dioxyde de carbone est dû à la respiration des enfants, rappelle Nathalie Leclerc de l’Association pour la surveillance et l’étude de la pollution atmosphérique en Alsace (ASPA). Plus il y a d’enfants dans un même espace et plus les émissions de CO2 sont fortes. Ces taux de CO2 trop élevés engendrent une baisse de l’attention, une diminution de la capacité d’apprentissage, voire une somnolence ». De plus, le taux de ventilation est inférieur à la valeur recommandée de 4 litres/seconde pour 86% des enfants. Phénomène aggravé par des classes surchargées.
A cela, s’ajoute la pollution de l’air extérieur qui pénètre dans les locaux. Ainsi, 85% des élèves seraient exposés à un air où les particules fines PM 2,5 (les plus nocives) dépassent, une fois de plus, les limites recommandées par l’OMS pour l’exposition de longue durée.
Un coût socio-économique colossal
Outre les conséquences sanitaires catastrophiques à court et à long terme sur les jeunes enfants, ces polluants ont un coût non négligeable. En 2014, le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) réalisait une étude socio-économique de la pollution de l’air intérieur par 6 polluants (benzène, radon, monoxyde de carbone, particules fines, trychloroéthylène et le tabagisme passif). Ce rapport révélait qu’une exposition à ces toxines engendrait « une perte de la qualité de vie, une perte de la productivité, des dépenses de santé conséquentes et des décès prématurés, explique Valérie Pernelet-Joly, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à l’air à l’ANSES. Le coût socio-économique de l’exposition à ces polluants s’élève à 19 milliards d’euros par an ».
Devant l’urgence sanitaire, les politiques s’étaient emparés de la question. En décembre 2011, dans le cadre du Grenelle 2 de l’environnement, le gouvernement Fillon mettait en place un décret imposant, dès janvier 2015, de mesurer la qualité de l’air, tous les 7 ans, dans certains lieux publics et notamment les crèches et les écoles. Une mesure qui permettait d’analyser et de réagir afin de protéger les populations les plus fragiles. Mais face à la fronde de certains maires, l’actuel ministère de l’Ecologie décide finalement, en octobre 2014, de suspendre la mesure pour la remplacer par… un guide des bonnes pratiques. « C’était une très bonne loi, estime Andrée Buchmann, présidente de l’Observatoire de la qualité de l’air (OQAI). Mais cette mesure coïncidait avec la réforme des nouveaux rythmes scolaires et la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités locales. C’est une période délicate pour les communes ». La présidente de l’OQAI estime crucial aujourd’hui de « sensibiliser le corps enseignant et les rectorats à cette question de la qualité de l’air, ainsi que les parents, les médecins et les élus locaux. Il faut également repenser l’utilisation des détergents pour nettoyer les surfaces et utiliser des produits bio qui n’agressent pas les voies respiratoires ».
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Des mesures de bon sens
Le guide des bonnes pratiques débouchera-t-il aussi sur l’entretien des systèmes de ventilation ? « En France, une fois le système de ventilation installé, aucune loi n’oblige son entretien, déplore Suzanne Déoux, présidente de Bâtiment Santé Plus. Par conséquent, ni les collectivités ni les entreprises n’entretiennent les filtres ce qui permettrait pourtant un air de meilleure qualité ».
Valérie Pernelet-Joly rappelle, cependant, qu’il n’est pas difficile d’améliorer l’air des locaux scolaires et que le guide peut être utile. « Ce sont des mesures de bon sens : il faut aérer. Mais pas n’importe comment. Si l’école est à proximité d’un axe routier important, il faut éviter d’ouvrir les fenêtres durant les heures de pointe mais plutôt tout au long de la journée ». Les experts préconisent, en effet, de ne pas se contenter d’ouvrir les fenêtres matin et soir mais dès que cela est possible, à savoir, à chaque coupure, chaque récréation afin de renouveler l’air au mieux. « Les jeunes enfants sont plus sensibles que les adultes aux produits allergènes car leur système respiratoire n’est pas arrivé à maturité », poursuit Valérie Pernelet-Joly.
Certains polluants semi-volatils tels que les phtalates, les polybromés et les composés perfluorés sont des perturbateurs endocriniens qui se mélangent aux poussières du sol. Or les enfants jouent souvent à même le sol, notamment les plus petits d’entre eux, dans les crèches. Les perturbateurs endocriniens contaminent le système hormonal, qui régule le développement du métabolisme, et la reproduction. « Les travaux de réfection dans les locaux scolaires doivent être réalisés lors de coupures longues comme les vacances, rappelle Nathalie Leclerc. Les enfants ne doivent réintégrer les classes que lorsque les travaux sont terminés depuis plusieurs jours et que les pièces ont été longuement aérées ». De même, il est important de privilégier les produits étiquetés A+. Face à la recrudescence ces dernières années de maladies respiratoires chroniques, les conseillers médicaux en environnement intérieur (CMEI) sont de plus en plus sollicités. « Face à l’augmentation de certaines pathologies, les pneumologues orientent de plus en plus les familles vers ces conseillers médicaux afin de mesurer la pollution des logements, poursuit Nathalie Leclerc. Les médecins généralistes et les pédiatres n’ont pas encore ce réflexe ». Un réflexe qui pourtant apporte la solution à certaines familles. Comme le guide des bonnes pratiques, désormais disponible sur le site du ministère de l’Ecologie. En attendant une loi pour mesurer les poisons auxquels sont exposés nos enfants dans chaque école.
Auteur : Valérie Auribault, contribution bénévole
Avertissement: cet article est une contribution bénévole et ne reflète pas forcément la position de la rédaction.
Le principal problème autour de la pollution intérieure, c’est qu’il n’y avait pas de solution jusqu’à récemment. Les « purificateurs » se contentaient d’enlever les particules fines, et de transformer les composes chimiques en autres substances mal contrôlées…
C’est pourquoi Air Serenity a investi 5 ans de R&D pour apporter une solution technologique nouvelle et réellement efficace : une cartouche remplie d’absorbants bien choisis..
Évidemment, la cartouche se remplit de polluants et il faut la changer tous les 6 à 12 mois selon la pollutions locale. Mais le prix de la cartouche est de 50 euros…