L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) met à jour ses recommandations pour réduire l’exposition du public à la lumière bleue émise par les LED. En cause : une forte composante en lumière bleue peut avoir des effets sanitaires.
La lumière bleue correspond aux basses ondes du spectre lumineux. La journée, elle est naturellement émise par le Soleil et est essentielle au bon fonctionnement de notre organisme. Mais avec une exposition de nuit, les choses s’inversent. Les principaux troubles induits par la lumière bleue sont alors des troubles du sommeil, ou un dérèglement du rythme circadien. Dans son nouvel avis, l’Anses identifie aussi des effets phototoxiques à court terme liés à une exposition aiguë et des effets à long terme liés à une exposition chronique. Ceux-ci augmentent le risque de survenue d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Une réglementation à étendre à tous les produits LED
Présentes dans les écrans, les phares de voitures et les ampoules éponymes, les LED peuvent émettre une lumière intense, riche en lumière bleue. Si la réglementation en vigueur permet d’assurer un contrôle rigoureux sur les produits d’éclairage, cela est différent pour d’autres usages.
Dina Attia, cheffe de projet à l’Anses, explique qu’il n’existe aucune réglementation concernant la composante bleue sur les objets à LED, hors éclairage. Il peut s’agir de phares automobiles, de lampes torches, de décorations ou de jouets. Un jeune enfant risque donc de s’abîmer les yeux avec un jouet, des décorations ou un phare qui émet trop de lumière bleue.
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Mieux protéger les enfants et les professionnels
L’Agence rappelle l’importance de privilégier des éclairages domestiques de type « blanc chaud », avec une faible composante bleue. Elle précise qu’il est essentiel de protéger les yeux des enfants et des adolescents. En effet, chez ces derniers le cristallin n’est pas encore tout à fait formé. Or, c’est cette partie de l’œil, qui devient mature vers 20 ans, qui permet de filtrer la lumière bleue. Ainsi, les plus jeunes devraient éviter limiter l’utilisation des ordinateurs, consoles, smartphones ou tablettes à la tombée du jour.
Pour l’éclairage domestique, seules les LED répondant aux normes de sécurité photobiologique classées « sans risque » ou « risque faible » sont commercialisées. Les lumières à «risque modéré» et «risque élevé» sont réservées aux usages professionnels dans des conditions garantissant la sécurité des travailleurs. L’agence propose donc de restreindre la mise à disposition de tous les objets à LED, et non pas seulement l’éclairage, auprès du grand public à ceux présentant un risque nul ou faible
Diminuer l’exposition à la lumière bleue par tous les moyens
Les études montrent une augmentation de la mortalité et un appauvrissement de la diversité des espèces animales et végétales étudiées dans les milieux éclairés la nuit, y compris par des éclairages à LED. L’Anses recommande donc de diminuer autant que possible la pollution lumineuse pour préserver l’environnement.
L’Anses rappelle par ailleurs que les moyens de protection utilisés par le public, comme les verres traités, les lunettes de protection ou les écrans spécifiques, ont une efficacité très variable. Elle appelle à établir des normes définissant les critères de performance de filtration de ces équipements.
Enfin, les lampes à LED peuvent présenter des variations plus ou moins rapides de l’intensité de la lumière qu’elles émettent. Cette modulation varie notamment en fonction de la qualité de l’électronique associée à la LED commercialisée. Elle peut entraîner fatigue visuelle, maux de tête ou encore migraines. L’Anses recommande donc de réduire au minimum ce niveau de modulation temporelle de la lumière émise par tous les objets utilisant des LED.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du webzine Natura-sciences.com