Alors qu’un document de travail émanant du Ministère du commerce extérieur révélait lundi que la France négocie son ralliement à l’Accord UE-Mercosur, Franck Riester, le ministre français du Commerce extérieur prend position. Il affirme que la France « ne signera pas en l’état » l’accord de libéralisation commerciale entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. En effet, la France « attend des garanties tangibles et objectivables » des quatre pays concernés « sur l’environnement et les normes sanitaires ».
« Ce n’est pas en se repliant qu’on va s’en sortir, mais nous ne nous satisferons pas d’une déclaration politique sur des engagements en matière environnementale venant des quatre pays concernés », à savoir l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay, a déclaré le ministre Franck Riester à l’AFP, à l’issue d’une réunion du comité de suivi de la politique commerciale,
rassemblant élus, fonctionnaires, ONG, syndicats et patrons ou responsables de filières économiques.
Libre échange et déforestation ne font pas bon ménage
« Cela prendra beaucoup de temps« , reconnait-il. Mais « nous ne voulons pas que ces accords », permettant notamment plus d’exportations vers l’UE de viandes et produits agricoles du Mercosur, « entraînent plus de déforestation, au contraire », précise-t-il.
L’accord a été conclu en 2019, après plus de 20 ans de négociation. Il vise à créer un marché de quelque 750 millions de consommateurs entre les 27 pays de l’Union européenne et les quatre pays du Mercosur. Mais le processus de ratification s’est ralenti depuis la multiplication des incendies dans l’Amazonie. Notamment la France et l’Allemagne déplorent le manque d’engagement du Brésil à défendre l’environnement.
« Nos exigences sont claires, nous devons travailler sur le fond pour les rendre les plus objectivables possible afin d’avancer sur l’accord », avance Franck Riester. Mais la route semble compliquée. En effet, les nouveaux engagements pris par le Brésil en matière de réduction de gaz à effet de serre sont « encore moins ambitieux que les précédents », regrette le ministre.
« Si le Brésil change ses positions lors de la COP26 (prévue en novembre à Glasgow, NDR), cela irait dans le bon sens, mais il faudrait en plus des éléments tangibles de vérification », ajoute-t-il. Le ministre cite alors le besoin d’un « instrument technique et juridique européen permettant de vérifier que chaque importation n’a pas d’impact négatif sur la déforestation ».
Source : AFP
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