La consommation moyenne mondiale de poisson par habitant dans le monde s’élève à environ 17 kg par an. Ce chiffre a plus que doublé depuis 1950. En France, on consomme le double de cette moyenne. Avec 34 kg de produits aquatiques mangés par an et par habitant (24 kg de poissons et 10 kg de fruits de mer), la consommation française est en hausse constante depuis quelques années. Pour un tiers de l’humanité, la mer constitue la principale source de protéines animales. Il faut bien distinguer la consommation de subsistance de ces pays avec celle des pays riches.
Petit retour en arrière…
Selon la FAO, la production mondiale des pêcheries était de 17,5 millions de tonnes (Mt) en 1950. En 1995, elle atteignait 93 Mt. Depuis cette date, les prises officielles fluctuent autour de ce niveau, bien que les capacités de pêche ne cessent de croître. En 2009, la production totale, en comptabilisant l’aquaculture et les pêcheries, a atteint 145 Mt. Ce chiffre dévoile un léger recul de la part de la pêche et une augmentation de celle de l’aquaculture.
Si l’aquaculture était insignifiante en 1950, elle fournit de nos jours plus de 50 Mt de poissons. Sur ces 145 Mt, environ les trois quarts vont à l’alimentation humaine. Le reste sert à fabriquer des farines et des huiles de poisson dont la plus grande partie sert à nourrir les animaux d’élevage. Les farines sont principalement utilisées pour les porcs et les volailles. Dans les élevages aquacoles, les huiles nourrissent les animaux carnivores tels que le saumon, la crevette, la daurade ou le bar. La production d’un kilo de poisson d’élevage nécessite de 1 à 5 kilos de poissons pêchés en milieu naturel, selon les espèces et les implantations.
Les pays en développement jouent un rôle majeur dans l’industrie de la pêche. Ils comptabilisent plus des trois quarts de la production mondiale et près de la moitié des exportations. Une grande partie de ces exportations se retrouve dans les assiettes des pays développés où la demande augmente, mais où les productions nationales tendent à stagner. Plusieurs pays en développement importent également des animaux marins frais pour, ensuite, les réexporter transformés.
Qu’entend-on par pêche durable ?
Les chiffres concernant les espèces pleinement exploitées ou surexploitées indiquent que le potentiel maximum des pêches marines a été atteint au niveau mondial et que des mesures de gestion sont nécessaires pour réduire l’exploitation. Développer une pêche durable, c’est réduire les capacités de pêche, l’utilisation d’énergie des bateaux, le recours aux produits chimiques, la production de déchets et supprimer les pratiques de pêche les plus destructrices. C’est également repenser la politique de subventions aux pêcheurs et renforcer les contrôles et les sanctions. En parallèle, c’est mettre en place des pratiques vertueuses. Une espèce menacée ou sensible doit être protégée, notamment en créant des réserves marines. Les quotas alloués doivent également être diminués tout en augmentant la traçabilité du poisson et en optant pour une pêche socialement et économiquement équitable et responsable.
La viabilité du secteur sur le long terme dépend directement de la capacité des stocks de poisson à se rétablir. Toute politique visant à protéger les emplois sur le court terme, notamment en envisageant des quotas plus élevés, doit prendre en compte la capacité des stocks à se reconstituer. Les objectifs écologiques, économiques et sociaux entrent donc en conflit sur le court terme, particulièrement lorsqu’il faut réduire pendant un moment la pêche de certaines espèces. Cependant, ne pas tenir tête face à ces revendications ne fait que compromettre d’avantage l’avenir des pêcheurs et la viabilité du secteur. La pêche durable doit donc permettre l’atténuation des effets économiques et sociaux immédiats liés à la réduction des quantités pêchées tout en assurant la viabilité du secteur sur le long terme
Combien ça coûte et combien de personnes sont concernées ?
Selon la FAO, il y avait 35 millions de pêcheurs dans le monde en 2006. En considérant, les activités et les métiers dépendant directement de la pêche, le secteur fait vivre 520 millions de personnes, soit près de 8 % de la population mondiale.
Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), investir 2 % du PIB mondial sur les quarante prochaines années dans dix secteurs clés dont la pêche durable permettrait d’enclencher une croissance plus verte et lutter contre la pauvreté tout en réduisant de façon significative les risques environnementaux et le pillage des ressources. [1]Le développement d’une pêche verte nécessitera la reconversion de millions de travailleurs du secteur. Cependant, ce rapport démontre que le nombre d’emplois nouveaux créés dans l’ensemble des secteurs compensera les pertes générés par ce changement global. Qu’attendons-nous ?
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
Référence
[1] 2011, PNUE: « Vers une économie verte : Pour un développement durable et une éradication de la pauvreté –Synthèse à l’intention des décideurs ». www.unep.org/greeneconomy