Face à la multiplication des évènements climatiques extrêmes due au changement climatique, les centrales nucléaires devront s’adapter si elles souhaitent continuer à fonctionner.
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« Le changement climatique impactera les centrales nucléaires plus tôt et plus fort que ce que les industriels, les gouvernements ou les régulateurs peuvent prévoir. » C’est l’avertissement émis par Paul Dorfman, spécialiste au University College London. Ce chercheur a publié le 28 juin une note critique sur les risques associés au changement climatique pour le nucléaire au Royaume-Uni, dans le média The Conversation.
« Le nucléaire est, littéralement, sur la ligne de front du changement climatique« , pointe cette note. Elle fait écho à un autre projet de rapport du Giec, le groupe d’experts climat de l’ONU. Ce dernier met en garde face à une accentuation des épisodes caniculaires, et face à la menace de vagues pouvant submerger les côtes avec la hausse du niveau de la mer.
L’eau, nerf de la guerre
Ces problématiques environnementales sont de taille pour le nucléaire. Ses réacteurs ont en effet besoin d’être refroidis en permanence. Ils prélèvent pour cela de l’eau dans une « source froide » : un cours d’eau ou la mer. Lors des canicules, certains réacteurs sont déjà contraints de s’adapter ponctuellement. EDF a ainsi abaissé la production ou arrêté des réacteurs pendant certains étés.
La première contrainte pour le nucléaire vient des limites de température de l’eau rejetée à l’aval des centrales. Elles permettent de préserver la faune et la flore aquatiques. L’été dernier, EDF avait été contraint d’arrêter un réacteur à Golfech (Tarn-et-Garonne) pour cette raison.
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La sûreté des centrales en cas de canicule prolongée associée à une sécheresse est un autre problème. Cet évènement climatique peut en effet conduire à une réduction du débit des cours d’eau. Toutefois, ces contraintes ont eu des effets limités jusqu’à présent. En France, les pertes de production pour cause de températures élevées de cours d’eau ont représenté 0,3% de la production nucléaire annuelle depuis 2000, selon EDF.
Anticiper les contraintes
La multiplication des événements climatiques extrêmes remettra-t-elle en cause le nucléaire ? « On n’en est pas à revoir complètement la conception des installations ou à remettre en cause la construction de nouveaux réacteurs« , assure Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Le constat vaut aussi pour les réacteurs implantés en bord de mer, exposés au risque de raz-de-marée. Comme par exemple la centrale en construction à Flamanville (Manche), qui possède un réacteur à eau pressurisée de type EPR. Mais Karine Herviou souligne que « ce sont des choses qui ont été prises en compte dès la conception du réacteur EPR par exemple, où on a essayé de se projeter sur les évolutions futures« . La directrice adjointe rappelle ainsi qu’à Flamanville, le réacteur est placé « très haut pour intégrer une possible évolution du niveau de la mer sur les 60 ans« .
Lors de la conception, EDF indique évaluer généralement les risques avec beaucoup de marge. L’énergéticien prend par exemple en compte un aléa ayant une chance sur 10 000 de se produire d’ici 2100. L’entreprise intègre le changement climatique, avec une marge supplémentaire dans la conception de l’installation et adapte les centrales au cours de leur vie, avec des réexamens de sûreté tous les dix ans. Enfin pour faire face aux fortes chaleurs, certaines centrales s’équipent de systèmes de climatisation industrielle…
Natura Sciences avec AFP