Ce mardi 26 octobre au Palais Brongniart se tenait le Climate Finance Day, colloque consacré à la finance et au climat. Un groupe d’activistes a mené une action de lutte pointant du doigt le gouvernement, interrompant la conférence. Retour sur leurs motivations.
À l’occasion de la 7ème édition du Climate Finance Day à Paris, des militants des associations Amis de la Terre et Alternatiba Paris ont mené ce mardi une action de lutte. Cette dernière vise à dénoncer le manque de réaction du gouvernement face aux soutiens des acteurs financiers aux énergies fossiles et à la vacuité de leurs engagements sur le climat.
Pour Teïssir Ghrab, porte-parole d’Alternatiba Paris, mener cette action lors du Climate Finance Day est l’occasion de faire un rappel à l’ordre. « Les citoyens sont au courant de ce que les banques financent ou non et de l’inaction politique du gouvernement », assure la porte-parole.
Sonner l’alarme climatique
« Macron, Le Maire, il faut choisir, les énergies fossiles ou notre avenir », scandaient les activistes dans le grand auditorium du Palais Brongniart. Les activistes sont intervenus à la fin d’une conférence du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire. Ce dernier annonçait alors vouloir « accélérer la production d’énergies renouvelables mais conjuguer avec le nucléaire. »
Munis de pancartes et de t-shirts à slogans, les activistes se sont versés de la mélasse sur la tête, symbolisant des hydrocarbures. Les ONG ont “sonné l’alerte climatique”, explique Lorette Philippot, chargée de campagne Finance privée des Amis de la Terre. De nombreuses alarmes retentissaient dans la salle tandis que la sécurité essayait en vain de chasser les militants non violents. Les messages affichés étaient clairs : “votre finance, nos vies”, “Macron, champion de la finance fossile”, “stop à l’expansion du pétrole et du gaz.”
Les ONG ont refusé la proposition du colloque d’organiser une conférence de presse au Palais Brongniart.Les conférences, à commencer par la première table ronde, n’ont pas pu avoir lieu dans le grand auditorium occupé par les militants. Ainsi, le programme de la journée s’en est trouvé décalé et réorganisé à la hâte. « Le PDG d’Axa a annulé son intervention. Ça a un peu foutu le désordre », informela porte-parole d’Alternatiba.
Greenwashing et flou gouvernemental
Les Amis de la Terre et Alternatiba travaillent ensemble depuis longtemps. Lorette Philippot nous explique : “On a interrompu le discours de Bruno Le Maire, car ce n’était que du greenwashing. Le ministre doit prendre ses responsabilités concernant les énergies fossiles. »
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« Le financement des énergies fossiles des grandes banques françaises ne fait qu’augmenter depuis la COP21 », alerte Lorette Philippot. « Le décalage entre les actes et les paroles n’est vraiment plus supportable”, déplore la porte-parole.
« Le gouvernement est resté flou » sur le financement ou non du projet, regrette Lorette Philippot. Les militants réclament une clarification de la position de la France. Pourtant, Bruno Le Maire assurait quelques minutes plus tôt une position forte pour la France. Le gouvernement n’accorderait plus de financement aux projets gaziers qui ne respecteraient pas “rigoureusement et en toute transparence les meilleurs standards environnementaux internationaux.”
Selon le calendrier du gouvernement, la fin des financements exports interviendra en 2025 pour le pétrole et en 2035 pour le gaz.
« Une parole insuffisante et vide d’engagements concrets »
« Monsieur Le Maire a fait une tribune il y a un an pour ce même événement », rappelle Lorette Philippot. En effet, lors du Climate Finance Day de 2020, le ministre de l’Économie assurait que sa détermination “à ce que la finance française soit une finance verte » restait totale. Il demandait alors aux acteurs financiers d’aller « encore plus loin » sur leur politique charbon et leur transparence.
“Mais les acteurs financiers n’ont pris aucun engagement”, selon Lorette Philippot. “Nous dénonçons une parole insuffisante et vide d’engagements concrets”, conclut-elle. Les ONG appellent le gouvernement à réguler les acteurs financiers privés pour réduire leurs financements dans toutes les énergies fossiles. Les associations demandent aussi au gouvernement de faire preuve d’une réelle exemplarité concernant les institutions financières publiques.
« À quelques jours de la COP26, on constate le bilan catastrophique du gouvernement. On déplore surtout les fausses annonces et solutions, comme ici le discours de Bruno Le Maire », dénonce la porte-parole d’Alternatiba. Les ONG demandent donc un cadre plus strict pour réguler la finance sur les énergies fossiles.
Lorette Philippot nous précisait à midi que plusieurs activistes auraient été contrôlés et arrêtés par la police à leur sortie du Palais. En début d’après-midi, dix activistes dont Lorette Philippot ont finalement été emmenés en garde à vue d’après Teïssir Ghrab.
Jeanne Guarato