Les associations One Voice, Aves France et Animals Asia fustigent les montreurs d’ours. Chaque année, environ 70 spectacles du genre sont donnés en France. L’ours Mischa, symbole de cette pratique, est décédé en novembre 2019. Il a vécu exploité de nombreuses années par ses dresseurs.
Début septembre 2019, la ministre de la transition écologique et solidaire Elisabeth Borne était alertée par l’association One Voice sur les conditions misérables de détention de l’ours Mischa et de deux autres de ses congénères. Face à sa mauvaise santé, la ministre avait sommé ses propriétaires, les Poliakov, d’assurer soins et suivi vétérinaire appropriés pour l’ours Mischa. Finalement, l’ours Mischa avait trouvé asile au refuge de la Tanière, situé à Nogent-le-Phaye, près de Chartres (Eure-et-Loir).
Mais l’ours était très malade. « Après quelques jours d’interruption d’antibiotiques, pour voir s’il reprenait des forces par lui-même, la santé de Mischa s’est brutalement dégradée. Il a dû être anesthésié pour subir une opération et des analyses. Mischa ne s’est jamais réveillé. Il avait des tumeurs partout, jusque dans le cerveau », indique l’association One Voice . Désormais, l’association réclame la « libération » des deux autres ours des Poliakov, Glasha et Bony, ainsi que celle des autres animaux leur appartenant.
Mettre fin aux montreurs d’ours
La législation française n’interdit pas les spectacles comprenant des animaux sauvages. Ainsi, cirques et autres manifestations saltimbanques ne sont pas dans l’illégalité. « Les montreurs d’ours sont dans leur droit, mais c’est l’humiliation que les bêtes subissent qui est insupportable » précise Daniel Jacob, responsable du dossier captivité et des spectacles de montreurs d’ours chez Aves France. Un propos aussi partagé par Christophe Coret, le président d’Aves France. Ce dernier décrie l’état d’abattement dans lequel se retrouve ces mastodontes assujettis.
Les spectacles organisés par le couple Poliakov illustrent typiquement ce qui fait enrager Aves France. Ces montreurs d’ours sillonnaient les routes avec Mischa. Il se produisait dans des conditions difficiles. Cage trop petite, animal muselé et mal hydraté, il y a de quoi inquiéter les défenseurs chevronnés de l’association. « Un ours n’a rien à faire sur un ballon ou sur une moto, ni en boîte de nuit » s’insurge Christophe Coret. L’allusion fait référence à une soirée dans une discothèque de Guipry-Messac en Bretagne, où la présence de Mischa avait provoqué la colère des internautes. « Suite à ce bad buzz, le patron de la Scala s’est engagé à ne plus faire appel à des montreurs d’ours dans son établissement » achève le directeur.
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Une action difficile à mener
Chaque année, environ 70 spectacles du genre se déroulent en France. « Ce qui est difficile pour nous, c’est que les montreurs d’ours ne communiquent pas forcément sur leurs spectacles », déplore Daniel Jacob. Alors, Aves France mise tout sur le bouche à oreille. Quand l’association détecte un spectacle, elle s’adresse à la mairie et à la préfecture pour le faire interdire. Mais pour cela, il faut savoir justifier du mauvais traitement infligé par les montreurs d’ours à leurs animaux. Et ce n’est pas chose aisée. « De plus, avant de lancer une procédure, nous devons vérifier que les informations que nous recevons sont bonnes » précise le membre. Et cela prend du temps. Vous souhaitez signaler un spectacle de montreur d’ours? Rendez-vous sur son site dédié.
Mais l’action d’Aves France ne se cantonne pas au territoire national. « Nous recherchons constamment des nouveaux financements pour étendre notre action » expliquent les deux hommes. Aves France établit des partenariats avec d’autres associations du monde entier pour protéger les ours partout. En témoignent les actions menées avec l’association Andean Bear Foundation, située en Équateur. Avec Animals Asia, Aves France s’implique aussi sur le territoire asiatique, pour sauvegarder l’ours malais. « Ces actions nous tiennent à cœur et pour les mener, il nous faut des dons » rappelle Christophe Coret. Daniel Jacob donne la touche d’espoir finale. « Les gens sont sensibles au combat pour les ours, peut-être parce-qu’il rappelle l’ours en peluche de l’enfance » dit-il. L’homme est optimiste, et sait que sa croisade paiera.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du webzine Natura-sciences.com