Trois campagnes distinctes demandent plus d’informations sur la viande. Une pétition portée la FNSEA, UFC Que Choisir, Jeunes Agriculteurs et COOP de France demande un étiquetage obligatoire de l’origine des viandes. La campagne de CIW France demande l’étiquetage obligatoire du mode d’élevage. Enfin, la pétition de « Consommateurs pas cobayes » demande l’étiquetage obligatoire des produits alimentaires issus d’animaux nourris avec des OGM.
Depuis 2002, l’indication du pays d’origine est obligatoire pour la viande bovine crue fraîche (mention du/des pays où les animaux sont nés/élevés/abattus). Pour les autres viandes (porc, mouton, volailles…), l’étiquetage mentionnant le pays d’élevage et d’abattage est obligatoire depuis 2015, mais pas le pays de naissance. A savoir que la mention « Origine France » ou d’un autre pays ne peut s’utiliser que si l’animal est né, a été élevé et a été abattu dans ce même pays. Il existe néanmoins une dérogation pour les produits hachés pour lesquels seule la mention UE/hors UE est obligatoire.
Il n’existe pour le moment aucune obligation d’étiquetage pour la viande utilisée en tant qu’ingrédient dans les plats transformés. La FNSEA, UFC Que Choisir, Jeunes Agriculteurs et COOP de France demandent donc à la Commission européenne l’adoption d’une réglementation pour rendre obligatoire l’étiquetage de l’origine de la viande pour l’ensemble des viandes fraîches, du lait et des produits transformés. En quelques jours, la pétition a atteint près de 29 000 signatures en ligne.
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Etiquetage obligatoire : préciser le mode d’élevage ?
Selon un sondage YouGov pour CIWF France, 79 % des Français déclarent que les conditions d’élevage des animaux (intensif, plein air, bio…) sont un critère de choix lors de leurs achats de viande, volaille, œufs et lait. CIWF propose donc d’envoyer un message au Commissaire européen à la santé et à la politique des consommateurs pour lui demander un étiquetage clair des produits carnés et laitiers.
Selon l’association, 99 % des lapins et 69 % des poules sont élevés en cage, et plus 90 % des cochons sont élevés dans des élevages intensifs sur caillebotis. CIWF rappelle que l’Union européenne a introduit il y a plus de 10 ans un étiquetage obligatoire pour les œufs (élevées en cage, au sol ou plein air). Puisque cela a été possible pour les oeufs des poules pondeuses, pourquoi ne pas l’étendre à l’ensemble des produits carnés ? En attendant, l’association propose un guide du consommateur responsable pour vous aider à faire vos achats de viande.
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Aller plus loin : mentionner l’alimentation OGM ?
Le collectif « Consommateurs pas cobayes » veut aller plus loin en rendant obligatoire l’étiquetage des viandes, mais aussi des œufs, des produits laitiers et de tous les aliments transformés contenant des produits d’animaux nourris avec des OGM. Sa pétition a recueilli 240 000 signatures. Le 9 février, le collectif a déposé une requête devant la Commission européenne au nom du droit des consommateurs à la transparence. L’argumentaire a également été déposé auprès du ministère français de l’Économie (notamment en charge de la consommation et de la répression des fraudes), et en copie aux ministères de l’Agriculture et de l’Écologie.
Si les OGM sont aujourd’hui interdits à la culture en France, ils peuvent être importés. Les animaux d’élevage français peuvent notamment être nourris avec des tourteaux de soja ou du maïs OGM. Aujourd’hui, seule la mention de présence d’ingrédients génétiquement modifiés est obligatoire pour les produits alimentaires. Il n’est souvent pas possible de savoir si les animaux fournissant la viande, le lait ou les oeufs, ont été nourris avec des OGM. Le Collectif appuie sa demande sur « le non-respect » de la Convention d’Aarhus, texte, signé en 1998 par 39 Etats, et qui demande que des « informations suffisantes sur les produits soient mises à la disposition du public de manière à permettre aux consommateurs de faire des choix écologiques en toute connaissance de cause ».
Pour éviter les OGM, il est néanmoins possible de se fier au logo « nourris sans OGM » apposé volontairement par les marques ou aux labels bio qui interdit les OGM. Par ailleurs, Greenpeace tient à jour un guide des marques excluant ou non les OGM et des pesticides « tueurs d’abeilles ».
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com