Le plan Ecophyto 2018 devait réduire la consommation des pesticides de 50 % en France d’ici 2018 « si possible ». A mi-parcours, c’est le constat d’un échec cuisant. C’était donc «impossible» avec les moyens mis en oeuvre. Pour redresser la barre, le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll vient de présenter le plan Ecophyto 2, la deuxième monture de ce plan.
Pendant un temps, on y a cru. Fin 2013, le ministère de l’agriculture annonçait une baisse de 5,7 % du nombre de doses-unités épandues à l’hectare (NODU), l’indicateur de référence utilisé dans le cadre du plan Ecophyto. Puis, l’association Générations Futures annonçait que cette baisse était tronquée. Le ministère réfutait ces accusations. Mais un peu plus d’un an plus tard, il ne peut plus cacher sa désillusion.
Loin de diminuer, entre 2009 et 2013, la consommation de pesticides a réellement augmenté en France. De 5 % en moyenne, et même de 9,2 % entre 2012 et 2013. L’Etat français revoit donc ses ambitions à la baisse. La réduction de 50 % de de la consommation de pesticides est reportée de 2018 à 2025. Un palier intermédiaire, en 2020, prévoit une baisse de 25 %. Ecophyto 2020 et 2025 remplacent Ecophyto 2018 !
Tout n’est néanmoins pas à refaire. « Ce premier plan a permis d’éliminer 80 % des substances les plus dangereuses », a insisté le ministre Stéphane Le Foll, à l’occasion de la conférence « 2015 : l’an I de l’agro-écologie » au cours de laquelle il a présenté les grands axes du nouveau plan Ecophyto.
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Ecophyto 2 devra changer les pratiques agricoles en profondeur
La nouvelle monture de ce plan insiste davantage sur les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs. Elle s’inspire largement du rapport sur le sujet, remis au premier ministre Manuel Valls fin décembre, par le député PS Dominique Potier.
Aujourd’hui, beaucoup d’agriculteurs mettent des pesticides dans leurs champs à titre préventif même si leurs cultures ne sont pas menacées par des insectes nuisibles (notamment en traitant les semences). Les agriculteurs acquiesceront : dans un contexte de concurrence mondial, les pesticides représentent une « assurance-récolte » et coûtent moins cher, à court terme, que les solutions alternatives. Tant que le prix des solutions alternatives ne baissera pas, les agriculteurs ne voudront pas prendre le risque de perdre une partie de leur récolte.
Un pesticide de synthèse ne se remplace pas par du biocontrôle sans repenser en profondeur le système de culture. Pour que la baisse de la consommation des pesticides soit possible, le nouveau plan mise donc sur la formation et l’accompagnement pour répandre un ensemble large de pratiques agronomiques alternatives, telles que la rotation des cultures.
Pour y parvenir, le plan Ecophyto 2 mise sur ce qui a marché entre 2009 et 2014 : son réseau de 2 000 fermes pionnières Dephy qui ont vu une baisse de leur consommation de pesticides de 12 % en moyenne en 2013. Ces fermes « modèles » accompagnent chacune dans leur transition une dizaine de fermes grâce à des ingénieurs agronomes cofinancés par les conseils régionaux ou les agences de l’eau. Le nouveau plan prévoit de recruter 1 000 nouvelles fermes pionnières, ce qui permettrait d’accompagner un total de 30 000 fermes.
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Réduire les pesticides grâce à des certificats d’économie de produits phytosanitaires
Les fermes Dephy ont leur importance, mais il faut élargir la dynamique au-delà de ce cercle réduit. Car, selon le recensement agricole de 2010, la France comptait encore 326 000 exploitations professionnelles. Il reste donc plus de 90 % du chemin à faire. Pour s’y attaquer, la grande nouveauté du plan Ecophyto 2 est la mise en place d’un système de certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP), inspiré par le modèle des Certificats d’économies d’énergie.
Les distributeurs de pesticides et les grandes coopératives devront engager des services et conseils pour réduire les produits phytosanitaires chez leurs clients de 20 % d’ici 2020. Outre le fait de mettre tous les acteurs à contribution, l’idée est également d’assurer une rémunération complémentaire aux industriels pour que la baisse de volume de vente des pesticides n’engendre pas de baisse de leur chiffre d’affaires.
En cas d’objectifs non atteints, les distributeurs de pesticides devront s’acquitter d’une pénalité financière de 11 euros par NODU. En revanche, ceux qui auront dépassé leurs objectifs, pourront vendre leurs surplus de NODU épargnés aux moins avancés . Notons que ces CEPP portent sur une obligation de moyens mis en œuvre et non de résultats. Les modalités d’évaluation des actions conduites devront donc être bien menées pour s’assurer de résultats à la hauteur des moyens.
La Fondation Nicolas Hulot juge cette mesure « intéressante, mais insuffisante ». L’ONG appelle plutôt le gouvernement à « la séparation de la vente et du conseil pour les produits phytosanitaires pour aller au delà du CEPP ». De son côté, Greenpeace juge que « ces annonces vont dans le bon sens mais sont encore trop faibles pour faire changer les pratiques ! ». Alors, rendez-vous en 2020 pour un plan Ecophyto 3 ? Espérons plutôt que cette fois-ci, les acteurs arrivent à se mettre en action, car pendant ce temps, l’exposition des agriculteurs et des consommateurs continue…
Pour accompagner toutes ces actions, 30 millions d’euros supplémentaires viendront s’ajouter aux 40 millions déjà alloués au plan Ecophyto chaque année. Ces nouveaux capitaux seront financés par un élargissement de l’assiette de redevance pour pollutions diffuses collectée par les agences de l’eau. Jusqu’en juin 2015, le projet est ouvert à consultation publique. Il sera ensuite décliné dans la foulée par régions, sous l’autorité du préfet.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
On ne voit vraiment rien avec cette police de caractères fine et grise sur fond blanc, je suis d’accord pour réduire les pesticides de 50 %, mais pas la quantité d’encre sur cette page !
Je me demande si on connait la quantité d’endotoxines Bt produites par un hectare d’OGM. Parce que finalement, on paie le sac de grain 150 $ plus cher, donc d’une certaine manière, on paie cet insecticide intégré à la plante et produit par toutes ses cellules en permanence, sans le comptabiliser dans ce genre de statistiques, alors que le Bt utilisé en application externe, notamment par l’agriculture bio, est sans doute compté, s’il n’est pas trop faible pour l’être.
Merci Chimel de nous rapporter ce bug,
Il semble qu’effectivement certains ordinateurs affichent mal la police.
J’ai fait quelques modifications, espérons que ce sera mieux!
Julien, webmaster de Natura Sciences