Nicolas Hulot a confirmé ce lundi matin que les pesticides néonicotinoïdes seraient bien interdits au 1er septembre 2018. Et ce, conformément à la Loi de reconquête de la Biodiversité votée en 2016. Des dérogations sont néanmoins toujours prévues jusqu’en juillet 2020.
Stéphane Travert, nouveau Ministre de l’Agriculture, avait sous-entendu ce matin que la France pourrait revenir sur l’interdiction des pesticides tueurs d’abeilles. En cause: une réglementation française plus poussée qu’au niveau européen. Et des impasses techniques, certains produits n’ayant pas de substitution efficaces. Mais ces fameux néonicotinoïdes sont autrement appelés « pesticides tueurs d’abeilles », en raison de leur nocivité sur les pollinisateurs.Le 23 juin dernier, Nicolas Hulot avait pourtant affirmé : « La santé doit primer sur toutes les autres considérations ». Conformément à ces engagements, il a pris fermement position ce matin pour le maintien de cette interdiction dans la foulée de l’annonce de Stéphane Travert. « On ne reviendra sur des acquis, je veux déjà être le garant de ce que mes prédécesseurs ont acté », a-t-il déclaré. Invitant Stéphane Travert à travailler sur le sujet, il a prévenu : « On gagnera ensemble ou l’on perdra ensemble ».
Le Premier Ministre a bien entendu Nicolas Hulot. Dans un communiqué, Matignon affirme finalement « le Gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions de la loi ».
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L’interdiction des néonicotinoïdes, pourquoi ?
Sous la dénomination de « néonicotinoïdes », on trouve plusieurs substances actives. A savoir le thiaméthoxam, l’imidaclopride, le thiaclopride, le dinotéfuran, l’acétamipride et le clothianidine. Ces néonicotinoïdes sont des pesticides systémiques. En tant que tels, ils sont présents dans et sur la plante tout au long de sa vie. Ils sont repris par la plante et transportés dans tous les tissus de façon préventive, même en absence de ravageurs. On les retrouve donc sur les feuilles, fleurs, racines, tiges, mais aussi dans le pollen et le nectar. Persistantes dans l’environnement, ils contaminent le sol, l’eau et l’air.
Le caractère systémique de ces insecticides font qu’ils agissent sur le système nerveux central des insectes. Ils ont des impacts sur les pollinisateurs et des effets supposés sur la santé humaine, notamment sur le développement du système nerveux humain. De plus, plusieurs rapports et publications font valoir que l’utilisation de ces molécules n’a pas permis une augmentation significative des rendements pour les agriculteurs.
Avec l’apparition des insecticides néonicotinoïdes et le fipronil en France en 1994, les mortalités observées dans les ruchers sont passées de 5 à plus de 30 %. Les rendements de miel par ruche sont significativement réduits faisant passer la production nationale de 32 000 tonnes en 1995 à 10 000 tonnes en 2014.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com