Près de la moitié des produits bio sont à présent vendus en grandes surfaces. L’entrée de la grande distribution dans le marché du bio industriel a entraîné une course à la baisse des prix. Tous les géants, y compris les hard discounters ont créé leurs propres gammes. Pour obtenir des prix cassés, les supermarchés ont souvent recours à des importations massives provenant d’exploitations industrielles.
Alors que le bio cherchait à assurer un bon équilibre entre environnement, économie et social, les exploitations industrielles sacrifient l’aspect social. Il n’y a pas de place pour les productions saisonnières. Les entreprises commercialisent des tomates, poivrons et concombres bio toute l’année. L’hiver arrivé, ces produits sont en concurrence directe avec les produits des serres bio industrielles d’Italie, des Pays-Bas, du Maroc et d’Israël… Nous importons plus de la moitié des fruits et légumes bio consommés en France, car la production nationale demeure insuffisante.
Des exploitations qui grandissent
En France, les exploitations dépassant 10 hectares de serres ou 100 hectares de cultures en plein champ sont rares. Dans le reste de l’Europe, notamment en Espagne, en Allemagne ou dans les pays de l’Est, ces exploitations sont beaucoup plus développées. Ces tailles permettent de faire des économies d’échelle.
Même issus de l’agriculture biologique, les fruits et légumes provenant d’Italie, Allemagne, Argentine ou bien encore d’Israël sont à l’origine de rejets de CO2 dans l’atmosphère lors de leur transport, car les produits ont besoin d’être réfrigérés. Hors de l’Union Européenne, les produits ne sont pas soumis à la même réglementation pour l’obtention du label. Les cahiers des charges nationaux étant différents, les contrôles sont souvent plus flexibles.
Selon l’ADEME, un fruit hors-saison bio importé par avion entraînerait la consommation de 10 à 20 fois plus de pétrole que le même fruit produit localement et acheté en pleine saison. La solution pour réduire notre impact carbone serait donc de consommer des produits de saison provenant d’agricultures locales, bio lorsqu’ils sont disponibles, issus d’exploitations certifiées « haute valeur environnementale » dans le cas contraire.
Lire aussi : Lorsque le bio devient de moins en moins bio
Des produits plus chers ?
Les produits bio sont plus chers à l’achat pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la production bio est moins intensive. Elle demande donc plus de main-d’œuvre, notamment pour désherber, soigner les cultures et les troupeaux. Or, en France, les salaires sont plus élevés que dans beaucoup d’autres pays. Les rendements des cultures sont également plus modestes. Les agriculteurs reçoivent donc moins de subventions européennes, car ces dernières sont indexées sur les rendements. Les petits volumes de vente ne permettent pas non plus de faire des économies d’échelle. Enfin, la certification augmente le prix, les animaux vivent plus longtemps, ce qui coûte plus cher à l’éleveur.
Ces énoncés sont particulièrement vrais pour les produits de petits producteurs vendus en magasins spécialisés. Ils privilégient de surcroît les matières premières plus chères : huile de tournesol privilégiée à l’huile de palme, sucre de canne roux préféré au sucre blanc conventionnel, etc. Grâce à la grande distribution, les produits deviennent plus accessibles au grand public. Mais leur composition ressemble de plus en plus aux produits conventionnels avec des matières premières moins chères et un profil nutritionnel amoindri. Un point positif est tout de même à noter ! Le bio industriel permet de fournir à une grande majorité de personnes des produits de meilleure qualité, avec tout de même moins d’additifs et moins de résidus de pesticides que les produits conventionnels.
Lire aussi : Le bio gagne sur tous les fronts
Peut-on contrer les dérives du bio industriel ?
Il existe des produits répondant à des critères plus stricts que ceux fixés par la réglementation européenne. Il s’agit, par exemple, des cetifications Nature & Progrès, Demeter, Biosuisse, et Naturland. Ils interdisent notamment la culture hors-sol, la possibilité sur une même exploitation de produire simultanément des produits bio et non bio et interdisent un temps de transport des animaux supérieur à quatre heures. Ces cahiers des charges stricts limitent considérablement l’adjonction d’arômes et d’enzymes, quand ils ne l’interdisent pas purement et simplement. Selon les fédérations, les produits contiennent entre 50 et 75 % d’additifs en moins par rapport à ceux qui répondent simplement aux exigences européennes. Vous trouverez ces produits dans les magasins bio spécialisés. La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) et ses partenaires ont créé la certification privée Bio Cohérence, dont les premiers produits sont commercialisés depuis l’automne 2011. Avec une absence total d’OGM, une nourriture 100 % bio des animaux d’élevage, et la non-mixité des fermes… le respect du cahier des charges permet d’afficher ce nouveau logo au côté du label AB classique.
Lire aussi : Labels bio : quelles différences de garanties ?
Face à ces dérives du bio industriel, des initiatives locales se développent également un peu partout. De plus en plus de producteurs défendent des modes de cultures minimisant l’impact environnemental. Ils cherchent à renouer le lien avec leurs consommateurs. Certains refusent de payer les certifications et préfèrent les systèmes participatifs de contrôles fondés sur la confiance mutuelle entre producteurs et consommateurs. C’est le cas, par exemple, des Associations pour le Maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) ou les paniers bio. Ces initiatives permettent de s’affranchir des intermédiaires, pour rémunérer directement de façon équitable les producteurs.
Lire aussi : La Ruche qui dit Oui et les Amap, quelles différences ?
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
J’ai l’immense chance d’habiter dans les Alpes de haute Provence . nous avons de très nombreux producteurs de légumes, fruits, viandes, volailles,fromages, yaourts ,oeufs,biologiques. Nous avons à Forcalquier ( 4000 habitants ) 2 marchés/sem avec ces produits qui n’ont parcourus qu’une toute petite distance.Ces producteurs bio ont également ouvert une boutique à Forcalquier, à Mane ( 2km) et à Manosque et nous avons la chance de les rencontrer car ils viennent à tour de rôle vendre leurs produits.Nous avons même dans le village un artisan boulanger qui cuit tous les jours des pains bio de variétés très diverses et délicieux. Nous avons aussi une amap qui distribue des paniers chaque semaine. C’est une immense chance que je souhaite à tous….Merci à eux.
Bonjour,
Avez-vous entendu parlé du livre « La bio,
business ou projet de société? qui vient de sortir » Ed. Agone ?
Qu’en pensez-vous ? Merci.
J’ai eu vent de la sortie de ce livre mais ne l’ai pas encore lu (peut-être pouvez-vous m’en envoyer un exemplaire pour qu’on en parle sur Natura Sciences?). Je peux vous parler de ce que dit dans la même idée le livre « Tout beau, tout bio » qui est, selon moi, une bonne étude du bio actuel (ce qui n’est pas le cas de Bio, fausses promesses, vrai marketing!). Schématiquement, le (ou la) bio est à double entrée : d’un côté le bio, local de saison de petits producteurs et de l’autre le bio industriel qui peut venir de pays limitrophes à la France ou alors d’autres continents, notamment Afrique ou Amérique du Sud. Le bio industriel dessert les acteurs locaux du bio qui ne peuvent économiquement pas concurrencer le bio étranger qui coûte beaucoup moins cher à produire actuellement (on en reparlera avec la montée du prix des énergies fossiles). Dans l’idée, voici ma position, vous pouvez la découvrir dans les différents dossiers « bio » sur le site. Après pour une vision plus développée il faudra lire mon livre quand il paraîtra 🙂
Demeter , bio cohérence, nature et progrès . Car aujourd’hui le label AB n’est plus crédible vu qu’il est européen.Sachant que l’Europe est bien plus souple moins exigeant. Bio cohérence est exigeant.
Quels loGos Et quels produits choisir alors?
« Les agriculteurs reçoivent donc moins de subventions européennes, car ces dernières sont indexées sur les rendements. » Non les subventions sont en grande partie proportionnelles à la surface et non aux rendements depuis la réforme de 1992. De même le fait que les animaux vivent plus longtemps n’augmente pas les couts bien au contraire puisqu’il n’ y a moins besoin d’élever des jeunes en remplacement. Attention aux idées recues : lisez le reglement européen sur l’agriculture biologique et vous verrez qu’il est loin d’être laxiste et que les labels Nature et Progrès ou Demeter ne sont pas beaucoup plus exigeants et n’empêchent absolument pas d’avoir de grandes exploitations.
Je pense que le fait que les grandes surfaces fassent de plus en plus de bio est un signe des plus encourageant. Cela veut dire que les gens se responsabilisent, et sont de plus en plus conscient que leurs achats ont un impact sur l’ensemble du vivant. Oui, effectivement, rien n’est parfait, et il y a encore des progrès à faire, mais c’est un début historique qui prouve que les choses peuvent aller dans le bon sens ! C’est encourageant. Restons positifs, plutôt que de toujours vouloir critiquer ce qui ne va pas.
battons nous pour installer le maximum de petits paysans bio à travers terre de liens et soutenons la confédération paysanne
De grâce, ne devenez jamais ce que l’on nomme aujourd’hui grande surface. J’ai connu la bio par un ami qui tenait il y a environ quarante ans un magasin la Vie Claire, il cuisait lui-même un pain délicieux, à l’époque nous allions en grande surface par « curiosité », mais bien vite nous avons été déçu des offres soit disant alléchantes, que dire maintenant, le commerce est devenu plein de malice pour allécher le consommateur. Un magasin à dimension humaine, une Amap, c’est la convivialité partagée que l’on en trouvera jamais dans ces immenses surfaces sans âme. La croissance des Biocoop en est la preuve.
Agriculture Biologique ou Agro Business en
Arboriculture
Devant les pressions
économiques, politiques, industrielles, écologiques, l’arboriculture fruitière
biologique d’aujourd’hui se tourne vers une bio à 2 vitesses : une bio
dite « classique » produite par des producteurs locaux sur de petites
exploitations et une bio dite « industrielle » produite sur de
grosses exploitations qui ont souvent une double activité : bio et
chimique.
Il est important d’informer les consommateurs que le bio « pas cher » sera
obligatoirement produit de façon intensive. Une pomme bio d’un verger bio
« classique », c’est 500 à 1000 arbres/ha pour 15 à 30 tonnes/ha de
production. Un verger bio « industriel », c’est 2000 à 3000 arbres/ha
pour 60 à 80 tonnes/ha produites. Les prix à la vente n’ont plus alors qu’à parler !
Alors que nous parlons de la loi sur l’eau et de la protection de nos nappes, ces vergers, par leur
forte densité arbres/ha, demandent des arrosages très importants. Et que dire
des traitements effectués sur ces pommes bio « industrielles », qui
peuvent avoisiner les 90 passages/an ! Certes les produits utilisés sont en
règle puisqu’ils sont autorisés au cahier des charges bio, mais est-ce vraiment
cette agriculture biologique-là que nous souhaitons voir demain ? C’est à
mon sens une catastrophe écologique (traitements massifs, pesticides utilisés,
etc.) et économique puisqu’elle va à l’encontre des producteurs bio normaux,
des petits producteurs locaux conventionnels et des producteurs en agriculture
raisonnée.
Aujourd’hui le bio est devenu une niche commerciale et certains producteurs conventionnels l’ont bien compris. Ces derniers étaient les premiers à critiquer la bio en disant que
c’était l’arnaque du siècle, et maintenant ce sont les mêmes qui produisent des
fruits bio à pas cher, en prenant nos consommateurs pour des imbéciles. Il y a
3 ou 4 ans, on pensait que les producteurs ne pouvaient pas s’installer en
verger bio faute de moyens techniques suffisants et maintenant voilà que nous
pourrions presque tous être agriculteur bio ? Que nous cache-t-on ?
Serions-nous plus laxistes sur les exigences et la réglementation bio ?
Qu’importe l’éthique et l’âme de paysan, la méthode est simplement financière
pour atteindre les 20% de bio d’ici 2012.
Ces fruits bio seront essentiellement destinés aux grandes surfaces et
aux collectivités locales (cantines scolaires, centres aérés, résidences pour
personnes âgées…). A quand sur nos étals des pommes bio calibrées, de la même
coloration, avec un sticker/fruits, filmées sous plastique et en barquette 6
fruits ! Pour berner le client, rien de plus facile que de se donner une
belle image en utilisant la naïveté et l’innocence de l’enfance ; je pense
notamment à une pomme qui utilise comme logo une « petite fille ». Le
marketing et le manque de transparence à l’égard des consommateurs sur nos
méthodes de productions nous fait perdre leur confiance. Ainsi pour ne pas
perdre la face, nous nous cachons derrière des logos, des labels, des noms
chocs comme « fermier », « naturel », « paysan »,
etc. et des images comme celle d’une coccinelle, d’une fleur, d’une main
tendue, etc. Mais la confiance entre producteurs et consommateurs ne se gagne
pas seulement par le « paraître », c’est avant tout affaire de sincérité et de vérité.
L’ensemble de nos organismes certificateurs comme Ecocert, Qualité France… profitent de cette
ascension bio pour gagner plus d’argent puisqu’ils sont rémunérés à la surface bio ou en conversion. En contribuant à l’augmentation de ces productions de
fruits bio industriels, ces organismes collaborent directement avec cette
agriculture du Biobusiness. Mais, plus grave encore, sur ces vergers les
contrôles sont surtout administratifs et les analyses de résidus de pesticides
sont rarement effectués. Tout ceci est encore une fois un problème financier
car ce type d’analyse est très coûteuse pour l’état et va à l’encontre des
objectifs du Grenelle de l’environnement. Aujourd’hui, si nous devions faire
des analyses sérieuses sur ces exploitations, et surtout sur celles à double
activité, nous aurions certainement de belles surprises ! Pour être AB,
ces exploitations devraient subir chaque année des analyses de pesticides et
des analyses de sols. Enfin et pour sauver la véritable Arboriculture
Biologique, j’appelle nos association bio nationales à soutenir et défendre la vraie
agriculture biologique : l’agriculture paysanne que l’on pratiquait
autrefois et non cette agriculture du bio business. En cautionnant ce type
d’AB, nous détruirons ce que l’on a construit et discréditerons notre
éthique. Est-ce sincèrement ces entreprises qui représenteront l’Agriculture Biologique de
demain ? Je ne l’espère pas. Soyons responsable par le cœur et non par intérêt…
En conclusion, pour
guider au mieux nos consommateurs, je leur conseille d’abord de se tourner vers
des productions locales comme la vente directe à la ferme, les marchés de
producteurs, les AMAP, etc. Ensuite, et pour ne pas se tromper sur la bio de
demain, il faut savoir que certains labels sont de qualité et assure une
alimentation de producteur 100% Bio, comme les labels
« Biocohérence », Nature&Progrès et Déméter en Biodynamie, qui
ont des cahiers des charges très stricts, avec un volet éthique et social. Pour
finir, je les invite surtout à visiter les fermes ; c’est de cette façon que la
confiance s’installera entre eux et producteurs et qu’ils s’apprivoiseront
comme le Petit Prince et le renard.
Benoît Piron,
Producteur, Technicien et Consultant en Arboriculture Biologique : Arbo-Bio-Conseils
http://natura-sciences.com/agriculture/label-ab-label-bio-816.html
des produits enrobés dans des conservateurs
et dont l’intérieur de la chair se décompose …en plus aucun principe d’application du développement durable…
« Selon l’ADEME, un fruit hors-saison bio importé par avion entraînerait la consommation de 10 à 20 fois plus de pétrole que le même fruit produit localement et acheté en pleine saison. »
Je ne suis pas d’accord avec ce théorème ! Un fruit non bio entraîne une surconsommation de pesticides donc de pétrole, des machines qui tournent pour répandre ces poisons donc du pétrole… des sols pollués, des nappes phréatiques polluées, une biodiversité amoindrie…
Il ne faut pas oublier que l’agriculture conventionnelle est très polluante.
On ne t’a pas redemandé d’écrire l’article non plus. L’as-tu lu avant de nous copier ton texte ici ? Ce n’est pas vraiment respectueux pour l’article.
La comparaison est avec un même fruit bio produit localement et non avec l’agriculture conventionnelle, qui est effectivement polluante, mais là n’est pas la question.
Il s’agit en fait d’ouvrir les yeux. Du positif il y en a certainement un petit peu, mais la politique bio des grandes surfaces est à nuancer, si ce n’est à combattre. Et justement, si il y a une sensibilisation, c’est bien, alors autant la saisir pour l’orienter vers des circuits courts, comme les AMAP, moins couteux, meilleure qualité de produit et d’éthique.
Ok
Bonjour Ernestine, désolé de t’avoir choquée, mais j’ai écrit cette article il y a un certain temps. C’est un autre sujet mais il confirme ce que je déplore depuis une dizaine d’année sur les dérives de la bio. Maintenant, tout est questions de bonne conscience à savoir quelle bio nous voulons sincèrement demain. Cordialement…
Je suis entièrement d’accord avec toi, je trouve ça juste un peu déplacé de poser ça comme ça.. Tu aurais au moins pu l’introduire en tant que tel. Enfin c’est mon avis.
poule rousse, vous vivez au Paradis! 😉 J’aimerai bcp visiter les agriculteurs de Longo Maï.
Nous consommateurs, avons le choix (et le devoir) de faire changer les choses. Je me rends chez Bio Planet (Belgique) et constate qu’ils vendent des haricots secs originaires de France à 3,20 € le sachet et des haricots originaires de Chine à 2,40 €. Non seulement j’achète les haricots français mais je fais remarquer à la caisse qu’il est absurde de vendre des produits bio venant de Chine alors que ce même produit existe chez nous (CE). De plus, on sait que la Chine est beaucoup moins regardante que nous sur les labels! Pour le café, par exemple, j’achète bio et fairtrade (ce qui est un moindre mal, je crois).