Téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance, téléassistance, cabine connectée de diagnostic… la télémédecine offre de nombreuses possibilités. Selon la Fédération hospitalière de France, il est temps d’ouvrir la télémédecine à la médecine générale sur l’ensemble du territoire et de prévoir son remboursement par la Sécurité sociale.
La télémédecine peut prendre plusieurs formes : téléconsultation, télésurveillance, téléexpertise, ou encore téléassistance. La téléconsultation est une consultation médicale à distance grâce à une caméra et un écran. Derrière l’écran, un médecin examine le patient grâce à la caméra, avec laquelle il peut zoomer sur telle ou telle partie du corps. Il est généralement assisté d’une infirmière sur place, qui examine le patient sur les ordres du médecin. Le médecin peut ensuite envoyer une ordonnance, imprimable sur place. De son côté, la télésurveillance permet de surveiller les données d’un patient à son domicile pour anticiper une dégradation de son état de santé.
La télexpertise ou la téléassistance ont pour but de faciliter le transfert de compétences. La téléexpertise permet à un professionnel de santé de consulter à distance un ou plusieurs collègues plus spécialisés dans une pathologie présentée par un patient. Pour la téléassistance, il s’agira qu’un professionnel médical assiste à distance un autre professionnel pendant la réalisation d’un acte médical.
Vers une généralisation de la télémédecine?
Dans les déserts médicaux, verra-t-on demain le développement de cabines de téléconsultation dotées de capteurs et de logiciels intégrés, à l’image de la Consult Station développée par la société H4D? En visioconférence directe avec un médecin, cette cabine permet de réaliser à distance des examens cliniques et de mesurer des paramètres physiologiques tels que le poids, la taille, la tension artérielle et la fréquence cardiaque. La cabine permet également de mener un électrocardiogramme, des tests auditifs et visuels ou encore des examens dermatologiques.
Pour le moment, on reste loin d’une généralisation nationale de la télémédecine, mais les choses bougent lentement. L’article 36 de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2014 a instauré la mise en place d’expérimentations de télémédecine pour 4 ans dans 9 régions françaises. Les expérimentations portent sur une liste prédéterminée de spécialités très segmentée et très partielle. Il s’agit particulièrement du suivi à distance, grâce à des caméras, de cicatrisations ou de maladies chroniques (insuffisance cardiaque ou rénale), et de téléexpertise dans les établissements médicaux-sociaux. Ces programmes portent notamment sur l’intérêt de la téléexpertise pour les maladies psychiatriques ou l’autisme, grâce à une prise en charge qui diminue les déplacements stressant à l’extérieur. Mais aussi pour les personnes dépendantes dont le déplacement est coûteux et délicat.
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Déverrouiller la télémédecine en 2017?
Depuis juillet 2016, la Fédération hospitalière de France (FHF) mène la campagne « Déverrouillons la télémédecine » pour mettre en lumière les projets pilotes déployés par les hôpitaux publics. Son objectif : que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017 prévoit la rémunération des actes de télémédecine « à l’activité », comme pour les actes classiques.
La FHF n’a pas réellement été entendue. Le projet, actuellement en discussions au Sénat, après un premier passage à l’Assemblée nationale, ne prévoit aucune évolution du mode de rémunération. Simplement, le PLFSS 2017 prévoit que la phase d’expérimentation impulsée par le PLFSS 2014 soit prolongée d’un an, jusqu’en 2018. Et qu’elle soit étendue à l’ensemble des régions françaises. Si cet article va dans le bon sens, il ne fait que pousser plus loin les expérimentations au lieu de généraliser à grande échelle le recours à la télémédecine.
Des freins avant tout financiers
La FHF a recensé plus de 100 projets pilotes et analysé les freins au développement de la télémédecine. Et ces freins sont principalement financiers. « Les aides sont majoritairement forfaitaires, sous forme de subventions, sur certains territoires et sur certaines spécialités, sur décision des Agences régionales de santé, assure David Gruson, délégué général de la FHF. Cela empêche les établissements d’avoir des stratégies de substitution de la télémédecine à de l’hospitalisation complète ». « On propose de généraliser le recours à la télémédecine pour la médecine générale, de rembourser les actes à l’activité et de suivre les gains d’efficience », complète-t-il.
Car selon les retours d’expériences, la télémédecine engendre de réels gains économiques et organisationnels grâce à une meilleure coordination entre les centres médicaux locaux et les grands centres hospitaliers. Par exemple, la télésurveillance permettrait de ramener la durée de séjour à l’hôpital des malades atteints d’insuffisance cardiaque d’une moyenne annuelle de 13 à 6 jours. Soit une réduction des dépenses de l’ordre de 1 milliard d’euros à l’échelle nationale. La FHF estime par ailleurs que la généralisation de la télémédecine pourrait engendrer la création de 12.500 emplois directs en France à horizon 2020.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com