Le coton correspond à environ 40% de la production textile mondiale. Pour faire des vêtements en coton, il faut tout d’abord cultiver le coton! Sa culture reste l’une des plus polluantes au monde. Elle couvre environ 2,5% des surfaces cultivées mondiales, mais engloutit 25% des insecticides et 10 % des herbicides selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Et en 2016, 64% du coton cultivé dans le monde était génétiquement modifié.
Chlore, ammoniaque, soude, acide sulfurique, métaux lourds, formaldéhyde, solvants organiques et aromatiques… comptent parmi les produits utilisés quotidiennement dans les usines de l’industrie textile conventionnelle. La teinture est une étape critique. Si les colorants avec métaux lourds et le formaldéhyde sont interdits en Europe, il n’y a souvent pas de contrôles sur les produits importés. Ces produits contaminent les vêtements en résidus toxiques, polluent l’air, les sols, et les eaux à la sortie des usines. Les travailleurs et les riverains de ces usines connaissent une hausse inhabituelle de nombreuses maladies et cancers.
Greenpeace a publié en 2011 le rapport Dirty Laundry. Il montre comment les rejets de l’industrie textile empoisonnent l’eau de certains fleuves chinois. Suite à cette dénonciation, des marques ont pris des engagements pour éliminer de leurs processus de fabrication toute substance toxique d’ici à 2020.
Des vêtements toxiques
Dans son rapport Dirty Laundry 2, Greenpeace a étudié la présence d’ éthoxylates de nonylphénol dans les vêtements neufs de plusieurs marques fabriquées notamment en Chine, au Vietnam, en Malaisie et aux Philippines… Les marques dont les vêtements analysés contenaient des traces d’éthoxylates de nonylphénol sont Adidas, nike, Uniqlo, Calvin Klein, Li Ning, H&M, Abercrombie & Fitch, Lacoste, Converse et Ralph Lauren.
Le rapport détecte les contaminants dans deux tiers des 78 échantillons achetés dans 18 pays. Les éthoxylates de nonylphénol sont des perturbateurs endocriniens fréquemment utilisés dans la production de textiles naturels et synthétiques. Ils se décomposent en nonylphénol, sous-produit supposé toxique pour les organes reproducteurs. Des traces de nonylphénol sont relâchées lorsque les vêtements sont lavés. Ils regagnent alors le milieu aquatique où ils peuvent contaminer le milieu et différentes chaînes alimentaires dont la nôtre.
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De l’eau en abondance
Les experts s’intéressent aujourd’hui à l’empreinte eau qui représente le volume total d’eau virtuelle utilisée pour fabriquer un produit. Le Water Footprint Network se charge de comptabiliser et diffuser l’empreinte eau de différents produits du quotidien. L’association informe que l’empreinte eau moyenne de la fabrication de coton est de 10 000 litres par kilogramme. Ceci signifie qu’un tee-shirt de 250 grammes requiert environ 2 500 litres d’eau; un jean de 800 grammes nécessite 8 000 litres rien que pour l’irrigation !
Ces chiffres sont bien évidemment des moyennes, l’empreinte eau dépendant du pays de fabrication. Si elle est de 6000 L/kg en Chine, elle sera de 8 100 L/kg aux Etats-Unis, 9 600 L/kg au Pakistan et 22 500 L/kg en Inde, précise le Water Footprint Network. Ainsi, pour produire 1 kg de fibres de coton, l’irrigation requiert entre 6 000 et 27 000 litres d’eau ! Lors de leur transformation ultérieure, les fibres de coton affichent également d’importantes quantités d’eau et des effluents chargés en composés toxiques…
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Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com