En 1972, quatre jeunes scientifiques du MIT rédigent à la demande du Club de Rome un rapport qu’ils intitulent The Limits to Growth. Celui-ci va choquer le monde et devenir un bestseller international. Pour la première fois, leur recherche établit les conséquences dramatiques sur le plan écologique d’une croissance économique et démographique exponentielle dans un monde fini. Leur analyse repose sur le modèle « World3 », qui permet une simulation informatique des interactions entre population, croissance industrielle, production alimentaire et limites des écosystèmes terrestres. Nous sommes avant la première crise pétrolière de 1973, et pour beaucoup d’esprits, la croissance économique est un fait durable, qui ne saurait être discuté : en 2004, quand les auteurs reprennent leur analyse et l’enrichissent de données accumulées durant trois décennies d’expansion sans limites, l’impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels les conforte définitivement dans leur raisonnement. En 1972, la problématique centrale de leur livre était : «comment ralentir la croissance » ; désormais, l’enjeu est : «comment procéder pour revenir dans les limites de la planète ». C’est donc la dernière version du Rapport Meadows qui est proposée aujourd’hui, à un moment où la crise majeure que nous traversons jette une lumière crue sur la dynamique de la croissance et ses effets.
Les limites à la croissance fournit des données qui montrent comment les hommes épuisent les ressources de la Terre et en quoi l’empreinte écologique de la société mondiale dépasse la biocapacité de la Terre. Les simulations des auteurs montrent qu’un monde peuplé d’environ 8 milliards de personnes serait durable. Leur niveau de vie correspondrait à peu près à celui qui prévaut actuellement dans les pays d’Europe à faibles revenus.
Les auteurs expliquent pourquoi notre système économique élargit toujours le fossé entre riche et pauvres. Pour surmonter cela, les auteurs montrent qu’il n’y a d’autre choix que de changer la structure du système. Ils prédisent « Un monde qui pourrait s’attacher à améliorer avec intelligence la qualité de la vie plutôt que de s’entête à augmenter la consommation matérielle et le stock de capital physique ».
Les limites à la croissance est un livre passionnant qui explique avec brio les limites de la planète et les réformes que cela implique pour notre système économique mondial. Il est grand temps d’agir pour éviter un effondrement précipité et non contrôlé. Les auteurs mettent en garde « il va falloir procéder à de nombreux changements si nous voulons qu’au dépassement actuel ne succède pas un effondrement lors du XXIe siècle ».
Les auteurs
Née en 1941 et décédée en 2001, Donella Meadows était une spécialiste des systèmes, professeur d’études environnementales à l’université de Darmouth (New Hampshire). Né en 1945, Jorgen Randers est professeur de stratégie climatique à la BI Norwegian Business School. Né en 1942, Dennis Meadows est professeur émérite de l’université du New Hampshire en gestion des systèmes.
J’ignorais qu’au début des années 70 il existait déjà des visionnaires qui soupçonnaient les limites de la croissance. Dommage qu’ils n’aient pas été écoutés.