En l’espace d’un siècle, le sable est devenu l’un des ciments de notre économie à côté du pétrole. Si le pétrole nous fournit l’énergie, le sable nous fournit la ressource naturelle nécessaire à de nombreuses constructions. « Le sable, enquête sur une disparition » (France-Canada, 2013, 1h14) de Denis Delestrac dévoile un enjeu écologique mondial peu connu et désastreux !
Utilisé pour faire du dioxyde de silicium présent dans le vin, les lessives/détergents, les aliments déshydratés, la laque pour cheveux, le dentifrice, les cosmétiques et tout un tas d’autres produits, le sable est également une source de minéraux stratégiques comme le silicium, le thorium, le titane, l’uranium, etc. Il est donc indispensable pour nos ordinateurs, mobiles, cartes bancaires et l’alimentation de nos centrales nucléaires ! Mais aujourd’hui, le sable est surtout gaspillé pour faire du béton armé qui représente aujourd’hui les deux tiers des constructions. Et ce béton armé est lui-même composé de deux tiers de sable !
Si pour une maison de taille moyenne, il faut 200 tonnes de sable, il en faut environ 3 000 tonnes pour un bâtiment plus grand, comme un hôpital. Mais les autoroutes en consomment une quantité astronomique. 1 kilomètre d’autoroute de tracé et c’est 30 000 tonnes de sable qui disparaissent dans le béton! Une nouvelle centrale nucléaire de construite et c’est environ 12 millions de tonnes de sable qui sont utilisées ! Dans le monde, on utilise chaque année 15 milliards de tonnes de sable, une quantité vertigineuse. Les villes et les autoroutes accaparent donc aujourd’hui les plages du monde.
Pour satisfaire cette demande toujours croissante, le sable est devenu en quelques années la source d’enjeux faramineux et d’une bataille méconnue que se livrent entrepreneurs, contrebandiers, écologistes, politiques et populations locales. Le sable des carrières a été utilisé, celui des rivières également. On aurait aimé utiliser le sable des déserts, mais ses grains sont ronds, lisses et ne s’agrègent pas. On s’est donc tourné vers la mer et les océans. C’est au fond de ces étendues que nous allons chercher ce sable de manière industrielle. Un bateau (drague) peut déplacer quotidiennement entre 4 000 et 4 000 000 m3 de sable. Aujourd’hui, plusieurs milliers de ces paquebots inondent les océans du monde.
Dubaï la « magnifique » ?
Pour construire ses îles artificielles, Dubaï a dépensé plus de 12 milliards de dollars et pompé plus de 150 millions de tonnes de sable au large de ses côtes. Elle a ensuite mis en route un projet encore plus extravaguant. « The world » était né… ou pas ! Le projet visait la construction d’un ensemble de 300 îles artificielles pour 14 milliards de dollars et 450 millions de tonnes de sable. Si la base de ces îles a bien été construite, le chantier est arrêté depuis le début de la crise financière. Pour Nakheel, la société en charge de ces îles, la raison est simple : il n’y a plus de réserve de sables pour assouvir cette soif de construction. Dubaï doit désormais importer son sable d’Australie. D’ailleurs, 3500 sociétés australiennes exportent vers la péninsule arabique. Leurs bénéfices ont triplé en 20 ans et le sable représente aujourd’hui un jackpot annuel de 5 milliards de dollars pour le pays.
Des quantités gigantesques de sable sont échangées au niveau mondial, ce qui engendre d’importants effets écologiques. Par exemple, puisque les poissons dépendent de la nourriture présente dans les fonds marins, la survie de toutes les espèces est menacée. Ces menaces s’additionnent à celles de la pêche industrielle. De plus, les îles résultent d’un équilibre naturel fragile. Quand on prélève du sable à proximité d’une île, les équilibres ne tardent pas à se modifier et les masses de sable bougent. 25 îles indonésiennes ont ainsi disparu à cause du sable fourni à Singapour. Aux Maldives, 120 îles ont déjà dû être évacuées de leurs habitants.
En Inde, la mafia du sable est l’organisation criminelle la plus puissante. Elle enrôle les populations locales de force. Les pirates du sable y œuvrent ouvertement sur plus de 8 000 sites d’extraction. Le pillage du sable touche tous les pays. Des tonnes de sable sont prélevées chaque jour sur les plages du monde. Les plages du Maroc sont sauvagement pillées : le sable volé y représente à ce jour, entre 40% et 45% de l’ensemble des prélèvements !
Le sable au large de la Floride est réinjecté sur ses plages
En Floride, 9 plages sur 10 sont en voie de disparition. Pour des raisons économiques, le PIB de l’état étant lié à 50 % aux plages, les autorités ont décidé de pomper du sable au large pour le déverser sur la plage. Ceci constitue un désastre écologique majeur.
À chaque pompage, tout l’écosystème du fond est détruit et, à chaque déversement, la même chose arrive à l’écosystème de la plage. Malheureusement, ce colmatage n’est que de courte durée : après un ou deux ans en moyenne, le sable repart vers le large et le pompage doit recommencer à zéro.
Des barrages qui arrêtent le sable
Dans le monde, on dénombre 845 000 barrages qui retiennent le sable. L’extraction du sable se faisant aussi tout au long des rivières, les scientifiques estiment qu’environ 50 % du sable censé nourrir les plages du monde n’y parviendront jamais. Pendant ce temps, on pille les ressources déjà sur place qui ne se renouvellent donc plus.
Les cours d’eau, les plages et le sable font parti d’un système global interconnecté. Cet équilibre doit être rétabli pour réduire les impacts et cette érosion. Si l’on ajoute à cela l’augmentation du niveau des mers de 1 à 1,5 mètres due au réchauffement climatique attendue d’ici 2100, les plages pourraient bien disparaître à cet horizon. Qui a dit que tout n’était pas connecté?
Il existe d’ores et déjà des alternatives au sable, notamment avec les constructions en bois. Aujourd’hui, des matériaux alternatifs et recyclés peuvent aussi être utilisés. Les gravats des immeubles pourraient également être réutilisés, mais ils sont encore le plus souvent enterrés dans les décharges ! Une autre piste est d’utiliser de la poudre de verre, semblable à du sable, qui serait obtenue à partir des bouteilles en verre non recyclées. Et pourtant, la ruée vers la ressource se multiplie. Au large de la Bretagne, une multinationale projette d’extraire du sable dans une zone Natura 2000. La résistance s’organise. En ferez-vous parti ?
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
Si pour une maison de taille moyenne, il faut 200 tonnes de sable
Il doit y avoir une erreur, ou une éxagération voulue, car pour une maison moyenne il est impossible d’arriver a 200 tonnes de sables pour le béton employé.
Avec un dosage , déja important , de 700 kilos de sable pour 1m cube de béton cela ferait pour une maison dite moyenne l’emploi de 285 metre cubes de béton ????
Le chiffre semble bon d’après la discussion que j’ai trouvé sur ce forum : http://www.forumconstruire.com /construire/topic-87366.php
non, on parle de 280 t de BÉTON, il y a confusion, dans 1t de béton il y a du sable, du gravier, du ciment et de l’eau. ( Environ , selon la recette, 600 a 700 kilo de sable par m cube.)