Gorilles, orangs-outans et chimpanzés : tous les grands singes anthropomorphes sont en danger d’extinction. Plusieurs personnalités lancent un appel à Emmanuel Macron pour engager un plan d’urgence pour sauver les grands singes de l’extinction.
Quatre espèces de grands singes sur sept sont maintenant En danger critique d’extinction – donc à un pas de la disparition. Une forte menace d’extinction pèse également sur les trois autres espèces, selon la classification de l’UICN. La situation est plus qu’urgente. L’habitat des grands singes – la forêt tropicale – se répartit en Afrique Centrale et Occidentale et dans toute l’Asie du Sud et du Sud-Est. La destruction et la fragmentation de leur habitat, la surexploitation des ressources, la pollution et le braconnage fait rage dans ces deux parties du monde, ce qui menace leur survie. Il ne resterait plus que quelques centaines de milliers de grands singes dans la nature. Leur extinction définitive est prévue d’ici 2050 au plus tard si rien n’est fait pour l’enrayer.
Les recherches montrent que nos plus proches parents sont capables d’empathie, utilisent des des outils et des plantes médicinales pour améliorer leur santé. Ils développent également des comportements culturels et sociaux, différents selon les groupes. Dans une lettre ouverte, plusieurs personnalités interpellent donc le gouvernement pour lancer un plan d’actions d’urgence pour sauver les grands singes de l’extinction. Il est possible de signer cet appel sur Change.org.
L’habitat des grands singes doit être protégé
La première menace qui pèse sur les grands singes est celle de la disparition de la forêt tropicale, imputable à l’agriculture. Nous connaissons tous les impacts de la culture de l’huile de palme sur les populations d’orang-outans en Indonésie. Mais nous ignorons ceux de la culture du thé, du café, du cacao et du papier sur les autres grands singes. Outre la perte d’habitat, les pesticides utilisés pour le thé ou les cultures vivrières entraînent des dangers collatéraux. En Ouganda, un tiers des chimpanzés présentent ainsi des malformations faciales. En Afrique, la dégradation et la fragmentation de l’habitat pour l’industrie forestière ou pour l’industrie minière avec l’exploitation des mines de coltan sont également lourdes de conséquences.
Pour limiter notre empreinte sur l’habitat des grands singes, il convient de s’assurer que les produits ne contribuent pas à la destruction et à la pollution de ces habitats. L’appel invite donc à développer la production biologique et équitable, garantie sans déforestation, dans les régions où vivent les grands singes. Il propose de créer un label « Ape friendly » apposé sur des produits qui répondrait à tous ces critères. L’appel propose également d’utiliser l’image des grands singes pour améliorer le recyclage, notamment des téléphones portables pour récupérer le coltan.
Mettre fin au braconnage des grands singes
En Afrique, les gorilles adultes sont braconnés pour le commerce de la viande de brousse. La viande est fumée dans les campements, en pleine jungle, avant d’être envoyée dans les villes. Les jeunes orphelins sont alors capturés pour être vendus comme animaux de compagnie ou être vendu aux zoos et cirques. Souvent mal soignés, ils périssent de malnutrition ou de dépressions.
« Le braconnage et le trafic autour de la viande de brousse et de la vente illégale d’animaux vivants est responsable de la disparition de 4000 grands singes par an« , prévient Sabrina Krief, professeure au Muséum nationale d’Histoire naturelle et spécialiste de l’écologie des grands singes. Des pays d’Asie et d’Europe de l’Est récupèrent toujours des animaux vivants qui sont présentés dans des parcs d’attraction. La France n’est pas non plus exemplaire. Les grands singes sont encore utilisés pour des spectacles, des films ou des plateaux télés, à l’instar du film Pattaya, ou de l’émission Salut les terriens.
Les grands singes ne doivent plus être exploités ou mangés
Dans ces conditions, les signataires de l’appel demandent une loi pour renforcer les droits des grands singes. Ils veulent garantir l’absence « d’utilisation déraisonnable des grands singes« . Ils visent particulièrement l’interdiction des grands singes dans les spectacles, les cirques, les films, à la télévision, mais aussi dans les laboratoires de recherche et toute représentation dégradant leur image en France.
Réduire le braconnage passe par des mesures concrètes en France, par exemple la création d’une station d’accueil pour les animaux saisis à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Il faut également évaluer le volume de viande de brousse qui arrive en France, et déterminer la part de viandes issues d’espèces menacées et notamment de grands singes. « On peut trouver à Saint-Denis par exemple, dans certaines boucheries, de la viande de gorille ou de la viande de chimpanzé, cela semble inacceptable« , s’insurge Sabrina Krief. Cela permettra de sanctionner les compagnies aériennes sur lesquelles le transport de viande de brousse est constatée. A la fin, l’objectif est de faire en sorte que les aéroports français ne soient pas des plaques tournantes du trafic d’espèces menacées.
Aider les populations locales et trouver des investissements innovants
L’appel invite le gouvernement à orienter et accroître l’aide publique vers les pays et les projets de l’ère de répartition des grands singes qui ont des comportements responsables. Ces projets doivent impliquer les populations riveraines de ces habitats pour réduire le braconnage et la pollution et favoriser leur bien-être (santé, revenus, éducation). Il faudra par ailleurs mobiliser des fonds auprès d’entreprises et de mécènes pour avoir des financements innovants et mettre en place ce plan d’urgence. L’appel demande par exemple, la création d’un fonds international public alimenté par les amendes de douanes liées au trafic.
L’objectif est également de porter une résolution à l’UNESCO lors de la prochaine conférence générale en 2019 pour démontrer le caractère unique des grands singes. L’idée serait d’accorder un statut symbolique d’espèce patrimoine mondial de l’humanité. L’UNESCO est un moyen de porter à l’international les mesures qui pourraient être prises en France si cet appel est entendu.
Devant l’urgence de la situation, de nombreuses associations et ONG se mobilisent et tentent de sauvegarder les grands singes directement dans la nature. Il est possible de soutenir différentes ONG dans leur action. Les plus connues sont l’Institut Jane Goodall, la fondation John Aspinal, l’association Hutan ou encore Awely.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com