Dans sa nouvelle étude « Que cache votre boîte de thon? », Greenpeace vient de classer les 10 plus grandes marques françaises de boîtes de thon, selon leur technique de pêche, l’espèce pêchée et la traçabilité de leurs approvisionnements. Soutenir la pêche industrielle destructive ou des méthodes plus sélectives? Le choix vous appartient lors de vos achats !
Selon Greenpeace, 9 Français sur 10 possèdent une boîte de thon dans leur placard. Chaque année, ce ne sont pas moins de 421 millions de boîtes qui sont achetées par nos concitoyens. Mais les marques ne communiquent que peu sur les techniques utilisées pour pêcher, les espèces pêchées et leur mode d’approvisionnement. Greenpeace vient donc de publier l’étude « Que cache votre boîte de thon? » pour nous permettre d’y voir un peu plus clair. Elle y note les marques sur différents critères, pour obtenir une note sur 10. Ces marques représentent plus de 75 % des parts de marché du thon en boîte en France.
Greenpeace interpelle les marques afin qu’elles arrêtent de s’approvisionner en thon pêché avec des Dispositifs Concentrateurs de Poissons (DCP) et opter pour des thons pêchés avec des méthodes sélectives, comme la pêche à la canne ou à la ligne de traîne, ou pêchés à la senne sans DCP.
« Avec ce classement le consommateur va pouvoir choisir et privilégier les marques qui proposent les produits les plus respectueux de l’environnement, c’est-à-dire contenant du thon non surexploité, et pêché avec des méthodes durables », explique Hélène Bourges, chargée de campagne océans.
Comment sont classées les marques de thon en boîte ?
Parmi les plus mauvais élèves, on trouve Leclerc et Casino. Leclerc n’a pas daigné répondre au questionnaire envoyé par Greenpeace ; Casino n’a transmis aucune information détaillée sur les techniques de pêche utilisées. Ces deux enseignes obtiennent donc respectivement une note de 0 et 0,6 sur 10. Ensuite, Auchan, Intermarché, Connétable, Saupiquet et Petit Navire arrivent à peu près ex-aequo, avec des notes comprises entre 2,1 et 2,6 sur 10. Carrefour fait le minimum sur tous les points et obtient une note de 3,1/10.
Dans le détail, notons que presque 100 % du thon vendu par Intermarché, Saupiquet et Petit Navire est pêché par des méthodes non sélectives. Pour la plupart des marques, on note un manque d’informations pour le consommateur. Seuls le nom de l’espèce et le pays de production sont le plus souvent indiqués. Petit Navire indique en plus l’océan de provenance. Chez Saupiquet, le nom scientifique, le nom commun de l’espèce et le pays de production figurent sur la boîte, et un système de traçabilité est disponible pour le consommateur via un site web dédié, qui lui permet de remonter jusqu’au bateau et à la zone de pêche. Aucune marque n’a de politique d’approvisionnement écrite; certaines déclarent qu’elles sont en cours de rédaction.
Lire aussi : Greenpeace épingle le thon de Petit Navire
Quelles espèces de thon mange-t-on?
Concernant les espèces pêchées, là encore, les résultats sont assez mauvais. Le thon albacore est l’espèce de thon tropical que l’on retrouve le plus souvent dans les boîtes de thon en France. Or, cette espèce est surexploitée et ses stocks s’épuisent. 87 % du thon vendu par Petit Navire sont des thons albacores provenant de stocks surexploités ou en voie de l’être. Un peu plus de la moitié du thon en boîte vendu par Saupiquet est du listao dont les stocks sont en bonne santé. Mais près de 40 % provient du stock Atlantique d’albacore qui est victime de surpêche. Connétable ne vend pas de thon provenant de stocks en bon état. Mais un peu plus de la moitié du thon en boîte vendu par Intermarché est du thon listao dont les stocks sont en bon état.
Seules les marques Phare d’Eckmühl et Système U se détachent positivement, avec une note respective de 6,2/10 et 5,5/10. La première s’approvisionne en thon pêché grâce à une méthode sélective à 100 %, la deuxième à 60 %. Concernant les espèces vendues, les marques s’en sortent là encore bien. 87% du thon en boîte vendu par Système U est du thon listao, dont les stocks sont en bon état. Phare d’Eckmühl ne vend pas de thon albacore de l’Atlantique, stock le plus menacé. 9% de son approvisionnement est du thon Germon du Pacifique nord, stock exploité durablement. Les 91% restants sont de l’albacore de l’océan Indien, stock pêché à la limite de durabilité. Ces marques sont cependant mises à mal par leur politique d’approvisionnement qui n’existe pas encore et par le manque d’informations sur la boîte. Pour les deux marques, le nom commun de l’espèce est indiqué ainsi que la technique de pêche, mais pas la zone de pêche du thon.
A savoir : les produits de la marque Phare d’Eckmühl sont commercialisés uniquement dans les enseignes de la distribution bio tels que Biocoop, La vie Claire, La vie Saine, Naturalia, Les Nouveaux Robinson, Bio C’Bon, Biomonde… ainsi que dans de nombreux magasins indépendants.
Comment est pêché le thon de façon industrielle?
Nous vous présentions différentes techniques, dans notre article « Une véritable artillerie à disposition de la pêche« . Parmi elles, une pratique courante consiste à attirer au préalable les poissons à l’aide d’objets flottants appelés DCP. Les balises transmettent des informations sur la quantité de poissons détectée et la localisation exacte du DCP. Il est ainsi possible de capturer le plus grand banc possible, avec des sennes, des filets rectangulaires utilisés en surface pour encercler des bancs de poissons. L’approvisionnement des plus grandes marques repose très essentiellement sur cette pratique de pêche destructrice.
Les sennes peuvent dépasser un kilomètre de longueur et 200 mètres de hauteur. La senne est utilisée pour capturer les poissons pélagiques, notamment les thons, le maquereau, l’anchois et la sardine. Pour pêcher le thon avec des sennes, les bateaux déploient un filet autour du banc visé. Quand ce dernier est encerclé, on resserre le filet et le tour est joué ! Mais cette pêche n’est pas sélective. Dans leurs filets, les pêcheurs vont aussi remonter des espèces non visées, telles que des requins, des raies ou des tortues. Mais aussi des thons juvéniles qui n’ont pas encore pu se reproduire et donc contribuer au renouvellement du stock. Cela accentue encore le problème de la surexploitation. Ces « prises accessoires », vont alors être rejetées à la mer, déjà mortes ou sur le point de l’être.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
oui qui va faire la grève de l’achat des boites de thon ………………..on n’est pas en Amérique …….
Ca s’appelle un Boycott …
…
Qui finance « greenpeace »……