La « primaire populaire », qui a pour but de désigner un candidat commun à la gauche, a lancé dimanche 11 juillet son processus de parrainage en ligne. Les citoyens ont trois mois pour apporter leur soutien aux candidats. Dix personnalités seront sélectionnées au terme de cette période.
La « primaire populaire » a lancé dimanche 11 juillet son processus de parrainage de candidats par les citoyens. Ce projet entend désigner de manière démocratique un candidat commun à la gauche pour la présidentielle de 2022. Un lancement qui coïncide avec l’officialisation des quatre candidatures à la primaire des écologistes.
Les personnes intéressées doivent aller sur internet. « Sur la plateforme sécurisée Neovote, les citoyens et les citoyennes pourront choisir le nom des candidates et candidats qu’ils aimeraient voir gagner à l’élection présidentielle de 2022« , peut-on ainsi lire dans un communiqué de l’association « 2022 ou jamais », qui porte le projet.
Trois mois de parrainages
Ce processus durera trois mois. Les citoyens pourront soit « proposer des noms de candidats et candidates à afficher sur la plateforme« , soit « parrainer les candidats et candidates déjà affichés en ligne« . Des candidatures qui peuvent provenir aussi bien du milieu politique que de la société civile.
A la fin de cette période, le 11 octobre, « les cinq femmes et les cinq hommes ayant le plus de parrainages et adhérant au socle commun de la primaire, pourront devenir candidats et candidates officiels à la Primaire populaire, et ainsi participer au vote final du 18 au 21 novembre« , précise le communiqué.
Seules conditions pour participer à la primaire populaire : avoir plus de 16 ans et payer 2 €. Un vote majoritaire désignera le candidat. Les citoyens seront appelés à classer les dix prétendants selon sept mentions possibles, allant de « très bien » à « à rejeter« . Le scrutin se déroulera en un seul tour en ligne. Il y aura également possibilité de se rendre dans 10 000 bureaux de vote.
Trois candidats déclarés à la primaire populaire
Trois personnalités politiques sont officiellement en course dans cette primaire. L’eurodéputé Pierre Larrouturou est le premier à s’être officiellement inscrit dans ce processus. Le fondateur du parti Nouvelle donne est également rapporteur général du budget au Parlement européen.
Le deuxième candidat est Sandrine Rousseau, également en lice dans la primaire écologiste, aux côtés de Delphine Batho, Yannick Jadot et Eric Piolle. La vice-présidente de l’université de Lille est également économiste de l’environnement depuis 20 ans. Sandrine Rousseau a assuré qu’en cas de victoire, elle participerait aussi ensuite à cette « primaire populaire ». Les autres candidats à la primaire écologiste ne se sont pas prononcés sur le sujet. Enfin, le fondateur de la Gauche démocratique et sociale Gérard Filoche est lui aussi candidat. Cet ancien trotskiste avait été exclu du Parti socialiste en novembre 2017, suite à la publication d’un tweet, jugé antisémite et complotiste visant Emmanuel Macron. Dans cette affaire, Gérard Filoche été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris en décembre 2018.
La participation incertaine des partis de gauche
Aucun parti de gauche ne s’est pour l’instant engagé dans cette primaire. Jean-Luc Mélenchon de La France insoumise a déjà fait connaître son refus. Europe Ecologie Les Verts (EELV) et le reste du « Pôle écologiste » réalisent leur propre primaire entre 4 candidats. Les socialistes n’ont pas encore choisi leur mode de désignation d’un candidat.
Du côté du public, l’engouement autour de cette « primaire populaire » peine à se faire ressentir. Et ce malgré le soutien de personnalités médiatiques comme le réalisateur Cyril Dion, l’actrice Juliette Binoche et le climatologue Jean Jouzel. L’association souhaite réunir 300 000 parrainages d’ici au 11 octobre. Aujourd’hui, on en compte déjà un peu plus de 53 000.
Dix propositions communes
A l’instar de la primaire des écologistes, les candidats de cette primaire défendront un programme commun. Il tient en dix propositions. Des propositions élaborées en coopération avec des organisations de la société civile. Les partis politiques comme EELV, le Parti socialiste, la France insoumise ou encore le Parti communiste français ont validé la compatibilité avec leur propre ligne.
Parmi les grands axes de ce programme : la reconversion vers une agriculture paysanne ou la baisse du temps de travail. Il propose également la reconnaissance du vote blanc et l’introduction de la proportionnelle aux élections législatives. Enfin, ce programme prévoit un revenu de solidarité dès 18 ans. Les candidats à cette primaire s’engagent à défendre ces mesures. Ils gardent cependant un pouvoir sur leurs modalités d’application concrètes.
Sur le site de la « primaire populaire », on retrouve aux côtés des candidats déclarés d’autres non déclarés. Parmi eux, Yannick Jadot, Arnaud Montebourg ou encore Fabien Roussel. Il s’agit des personnes qui ont participé à la construction du programme commun. Si les citoyens pourront choisir de leur accorder leur soutien, rien ne permet de dire qu’il aura une réelle valeur. Ce ne sera qu’à la fin du processus de parrainage, le 11 octobre, qu’ils devront se prononcer sur leur participation à cette primaire.
L’aboutissement d’un travail collectif
C’est la Rencontre des justices, un collectif ayant pour but de relier les aspirations de la société civile et des partis de gauche, qui a initié cette primaire. En février, il avait créé « 2022 ou jamais », une structure de six personnes salariées.
Une « haute autorité » est mise en place pour « garantir l’intégrité de l’ensemble du processus« , précise le communiqué de « 2022 ou jamais ». Présidée par l’avocate Clara Gérard-Rodriguez, cette instance emploiera également deux vice-présidents ainsi que douze autres membres.
Jérémy Hernando