Au Brésil, le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu président de la République, dimanche. Trois choses à savoir sur « le Trump des Tropiques ».
Raciste, xénophobe, misogyne, homophobe, anti-système, … Le nouveau président brésilien est surnommé « le Trump des Tropiques » par ses détracteurs. Élu dimanche pour une entrée en fonctions en janvier, Jair Bolsonaro (Parti social-libéral) constitue une grave menace pour l’environnement. Portrait-robot en trois caractéristiques.
Jair Bolsonaro est un bulldozer
Les commentateurs, dont Le Monde, recourent souvent à ce mot pour résumer le programme écologique de Jair Bolsonaro. Celui-ci pourrait « faire exploser » la déforestation, selon plusieurs ONG, dont Greenpeace.
Jair Bolsonaro veut permettre aux industriels, notamment du secteur minier, d’exploiter la forêt amazonienne. Et entre autres, les terres autochtones (13% du pays, essentiellement en Amazonie). Or, les droits actuels de ces populations aident à protéger la forêt. La preuve : seulement 2 % de la déforestation de la forêt tropicale humide a eu lieu dans le territoire autochtone, chiffre le site Reporterre.
Pour rappel, le Brésil abrite 60 % de la forêt amazonienne, la plus grande forêt tropicale du monde. Quoiqu’en déclin, ce puits de carbone joue un rôle fondamental contre le réchauffement climatique.
Sur l’écologie, Bolsonaro est un Trump brésilien
À bien des égards, le « Trump tropical » diffère du président américain. Les deux hommes ont toutefois de nombreux points communs. Par exemple, Bolsonaro voulait, durant sa campagne, s’inspirer du président américain pour quitter l’Accord de Paris. « Félicitations à Trump. Si cela avait été bon pour eux, [les États-Unis] ne l’auraient pas dénoncé », a-t-il déclaré.
Depuis, il a nuancé ses propos. « Si on m’écrit noir sur blanc » qu’il n’est pas question de « triple A, pas plus que de l’indépendance d’une quelconque terre indienne, je maintiens [le Brésil dans] l’Accord de Paris », a annoncé Bolsonaro lors d’une conférence de presse à Rio de Janeiro, le 25 octobre. Le triple A (Andes, Atlantique, Amazonie) est un projet de corridor écologique.
Comme Donald Trump, Jair Bolsonaro n’hésite pas à afficher ouvertement son mépris pour l’écologie. Il a par exemple promis de supprimer le ministère de l’Environnement. Plus précisément, il souhaite le placer sous la houlette du ministère de l’agriculture. Durant sa campagne, il a multiplié les formules choc contre différentes institutions brésiliennes dédiées à la protection de l’environnement. « Nous devons en finir avec le pouvoir de l’Ibama (ministère l’Environnement) », a-t-il par exemple affirmé.
Jair Bolsonaro est néo-malthusien
Contre le réchauffement climatique, la solution n’est pas d’encadrer les activités humaines, selon Jair Bolsonaro. Ce dernier juge préférable de réguler les naissances. C’est ce qu’il a répondu au média Climate Home News, en avril, lors d’une conférence de presse.
« Cette croissance démographique explosive conduit à la déforestation, a-t-il affirmé. Parce que vous ne cultiverez pas de soja sur la terrasse de votre immeuble ou n’élèverez pas de bétail dans la cour. Nous devons donc avoir une politique de planification familiale. Ainsi, vous commencez à réduire la pression de ce qui conduit, oui, à mon avis, au réchauffement de la planète. »
Ces dernières années, dans le monde, le tabou démographique s’invite régulièrement dans les débats écologistes. Par exemple, en 2017, 15 000 scientifiques de 184 pays ont lancé un appel à l’humanité. « La croissance démographique continuelle est le premier facteur de bon nombre de menaces écologiques et sociétales », ont-ils écrit dans la revue BioScience. Les détracteurs de cette approche dénoncent parfois un néo-malthusianisme, en référence à Thomas Malthus (1766-1834).
Mais dans l’esprit de Jair Bolsonaro, le contrôle des naissances n’est pas « une » mais « la » solution au réchauffement climatique. Voire une solution à tous les maux : « Seul un contrôle des naissances peut nous sauver du chaos », avait-t-il affirmé en 2008, sur la lutte contre la pauvreté et la criminalité.
Auteur : Cyrielle Chazal, journaliste environnement