La maison française de haute couture Hermès vient d’investir dans une immense ferme de crocodiles au nord de l’Australie. En cinq ans, pas moins de 50.000 reptiles seront élevés, et leurs peaux utilisées pour confectionner des sacs de luxe. Face à cette annonce, plusieurs associations et personnalités engagées en faveur de la cause animale s’insurgent.
Selon le média australien ABC, la maison française de haute couture Hermès investit dans une gigantesque ferme de crocodiles. Dans cette exploitation située près de Darwin, capitale du Territoire du Nord de l’Australie, environ 50.000 crocodiles d’eau salée seront élevés durant les cinq prochaines années. Selon Ouest France, cela fera augmenter de 50% le nombre de crocodiles d’élevages présents dans cette région.
Pour Hermès, l’élevage de crocodiles permettra de fournir davantage de peaux pour confectionner en premier lieu des sacs de luxe. Pouvant varier selon les modèles, leurs prix sont estimés entre 20.000 et 30.000 euros. Les modèles les plus onéreux peuvent même se vendre à des prix compris entre 65.000 et 80.000 euros. La peau de ces reptiles permettra de fabriquer d’autres produits, comme des chaussures.
Le plus grand élevage de crocodiles d’Australie
Pour acquérir cette ferme, Hermès s’est associé à Mick Burns, magnat australien de l’industrie du crocodile. L’homme est également le directeur de la société PRI Farming, qui fournit des peaux exotiques au marché mondial du cuir de luxe. L’achat de la ferme a coûté 7,25 millions de dollars, soit 6,12 millions d’euros. Avant de s’apprêter à accueillir le plus grand élevage de crocodiles d’Australie, ce site s’appelait The Sweet Life. Selon ABC, cette exploitation agricole cultivait des melons et des bananes. Selon le média australien Financial Review, l’endroit a été choisi pour ses réserves d’eau issues d’un forage.
En plus de cette somme, les associés prévoient d’effectuer des travaux de développement dont le montant s’élèverait à 40 millions de dollars (près de 34 millions d’euros). Ces fonds permettront de créer plusieurs installations, dont un laboratoire d’incubation d’œufs et une écloserie. S’y ajouteront une ferme ouverte, et des zones de préparation et de stockage d’alimentation. Ces informations proviennent de documents transmis par Mick Burns à l’Agence de protection de l’environnement australienne. Et lorsque la ferme atteindra son maximum de capacité de production, elle emploiera trente personnes à temps plein.
La ferme de crocodiles, une « pratique inqualifiable »
Loin des intérêts commerciaux d’Hermès, les partisans de la cause animale enragent. Sur son site internet, la Fondation 30 millions d’amis estime que la maison de haute couture fait « un déni des attentes sociétales en matière de bien-être animal ». Du côté de Twitter, l’association L214 parle d’ « indécence by Hermès ». Sur le réseau social, l’association Peta France qualifie la ferme de crocodiles de « cruauté envers les animaux ». Le mécontentement gagne aussi les politiques. Michel Zumkeller, député UDI du Territoire de Belfort parle même de « pratique inqualifiable ».
Depuis ces derniers jours, plusieurs pétitions dénonçant la décision d’Hermès circulent sur la toile. Sur la plateforme Change.org, 45.000 personnes ont apposé leur signature en signe de protestation.
Sur le site Mes Opinions, une autre pétition, adressée au Parti Animaliste et à Hermès comptabilise plus de 55.000 signatures. Les opposants au projet espèrent qu’Hermès s’inspirera de l’exemple de Chanel, qui a renoncé aux peaux exotiques depuis 2018. Cependant, cette autre maison de haute couture française continue d’utiliser de la fourrure.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste de Natura Sciences