La collecte des déchets électriques a été très efficace en 2016 : 10 kg/habitant, contre 9 kg en 2015. Pour le plus grand plaisir d’Éco-systèmes, le principal éco-organisme en charge de la collecte des déchets électriques et électroniques en France !
+12,3% de déchets électriques collectés par rapport à 2015. Après les 460.000 tonnes collectées en 2015, ce sont un petit peu plus de 517.000 nouvelles tonnes de déchets électriques qui ont été triées par les Français en 2016. « Grâce à nos différentes campagnes, nous sommes parvenus à récolter l’équivalent de 10 kilos de déchets électriques par personnes, soit un kilo de plus qu’en 2015, et ceci est une bonne nouvelle pour la France » a indiqué, optimiste, Guillaume Duparay, directeur de la collecte chez Éco-systèmes.
Créé en novembre 2006, Éco-systèmes indique assurer « la mise en place sur tout le territoire français d’un dispositif national pour collecter, dépolluer et recycler les déchets d’équipements électriques et électroniques en fin de vie », les dénommés « DEEE ». La hausse du ramassage des déchets en 2016 n’atteint pas les sommets de l’année 2015 (+25% par rapport à 2014). Mais elle n’en demeure pas moins encourageante pour la suite.
Les objectifs à l’horizon 2020 sont en effet de parvenir à récolter 14 kilos de DEEE par personne. Et de recycler l’équivalent d’au moins 65% des appareils électriques vendus sur l’année. Ceci ne serait qu’un premier grand pallier pour le président d’Éco-systèmes, Alain Grimm-Hecker. Il met un point d’honneur à préciser que « l’idéal à terme serait que la collecte atteigne 100% des déchets d’ici dix ans ». La France a encore bien des efforts à fournir pour pouvoir un jour arriver à cet objectif ambitieux.
Lire aussi : Comment doubler le recyclage des DEEE en 5 ans ?
DEEE: Les Français encore trop syllogomanes
Syllogo quoi ? Syllogomanes ! C’est ainsi que l’on appelle les personnes qui ne peuvent pas s’empêcher de tout garder. Que celui qui n’a jamais éprouvé de difficulté jeter jette la première pierre ! Selon des données révélées par Véronique Poirier, directrice de la communication d’Éco-systèmes, il s’avère que les Français sont totalement dans les choux. Dans un sondage effectué par l’éco-organisme, les foyers français déclarent détenir en moyenne 34 appareils électriques. Alors qu’ils en possèdent en réalité…99 ! Soit environ trois fois plus. Et dans cette montagne de trouvailles en tous genres, entre 5 et 11 appareils ne servent strictement à rien. « Ces objets laissés à l’abandon dans les foyers représentent probablement encore plusieurs dizaines de kilos de déchets non récoltés par habitant » conclut Véronique Poirier.
Exemple probant donné par la directrice de communication : « Il y a dans 89% des foyers français un écran plat, mais il y a aussi encore au moins un écran cathodique dans 27% d’entre eux. C’est bien la preuve que les Français ne jettent rien ! ». En plus des chiffres révélés par Véronique Poirier, Christian Brabant donne des chiffres édifiants sur la nature desdits objets concernés. « 90% des écrans collectés en 2016 étaient cathodiques, donc il faut que les unités de collecte maintiennent leurs capacités de traitement », indique le directeur général d’Eco-systèmes.
Moins stocker pour mieux recycler
Valérie Guillard, maître de conférences à l’Université Paris-Dauphine a décrypté les quatre raisons principales invoquées pour éviter de se séparer d’un objet. Pour 40% des Français, l’objet est gardé parce que « ça peut toujours servir ». La relique domestique est conservée par 26% des particuliers car « je pourrais toujours la donner à un ami ou à un membre de la famille ». La valeur sentimentale est, quant à elle, évoquée par 20% des personnes interrogées. Enfin, 14% des Français refusent de se séparer d’un appareil électrique qu’ils estiment avoir payé cher. La chercheuse indique aussi que l’appareil dont les gens se séparent le moins est… l’appareil photo !
Cet élément permet de comprendre la logique de l’organisme de collecte. Celui-ci oriente sa stratégie vers les vieilleries que détiennent les Français dans leurs murs. L’idée serait donc d’enjoindre tout le monde à se débarrasser de ce qui ne sert plus. À commencer par les petits appareils et les téléphones portables. Et pour cause : l’éco-organisme estime qu’il y a plusieurs dizaines de millions de reliques téléphoniques au fond des placards.
Lire aussi : La tragédie électronique : une marée toxique !
Eco-systèmes veut rattraper le retard sur ses voisins
Si ces nouveaux chiffres sont encourageants, les efforts qu’il reste à fournir demeurent conséquents. La France est à la traîne, par rapport à ses voisins européens. La Belgique ou la Suisse ont dépassé depuis longtemps les 10 kilos de collecte par an et par personne. Nos voisins belges, par exemple, parviennent à en collecter entre 14 et 15 kilos.
Le but d’Éco-systèmes est de multiplier les opérations de sensibilisation afin de faire évoluer les comportements. Ses collectes solidaires de quartiers en sont un bon exemple. « Trois millions et demi d’habitants sur toute la France ont accès à ces campagnes de ramassage » se félicite Guillaume Duparay. Depuis 2013, les camions de collectes solidaires ont parcouru 32 villes, et réalisé 866 collectes (dont 516 seulement durant l’année 2016). Ils ont récupéré exactement 621.687 kilos de DEEE. Et si on compte environ 10 kilos de déchets par apporteur, les habitants des campagnes sont de meilleurs élèves que ceux des villes. L’éco-organisme est formel : ils apportent de 14 à 15 kilos de déchets par apporteur. Une bonne raison de s’inspirer des bonnes idées venues de l’air pur.