Face à l’urgence climatique et aux dangers d’un réchauffement catastrophique, les pays du monde entier sont appelés à renforcer et réviser plus rapidement que prévu leurs engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, dans un projet de résolution pour la COP26 diffusé mercredi.
152 pays représentant 88% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ont pris des engagements de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Les engagements pris par 33 nouveaux pays depuis septembre et pendant la COP, dont le Brésil, l’Argentine, et l’Inde qui a annoncé la neutralité carbone pour 2070, ne changent pas la donne. C’est pourquoi un projet de résolution pour la COP26 diffusé ce mercredi encourage les pays à réviser à la hausse leurs contributions nationales (NDC). Ils pourraient fixer de nouveaux engagements, dès 2022. Soit trois ans avant la date prévue par l’accord de Paris de 2015 qui fixait la révision de ces NDC à tous les cinq ans.
Et pour cause : si tous les pays respectaient leurs engagements, le monde se dirigerait vers un réchauffement de +2,7°C d’ici 2100. Au mieux, il s’établirait à +2,1°C en prenant en compte les promesses de neutralité carbone, selon la dernière estimation de l’ONU publiée le 9 novembre. Le rapport annuel de référence du Programme des Nations unies pour l’environnement publié juste avant la conférence climat de Glasgow mettait en garde contre un réchauffement « catastrophique » de +2,7°C, ou de +2,2°C en ajoutant les objectifs de neutralité carbone pour le milieu du siècle.
Réviser les engagements dès 2022 au lieu de 2025
Ce texte, publié par la présidence britannique après 10 jours de discussions techniques et de haut niveau à la conférence climat de Glasgow, appelle les pays signataires à « réviser et renforcer leurs plans (de réductions d’émissions) de manière à les rendre compatibles avec les objectifs de réchauffement de l’accord de Paris« . Soit un réchauffement contenu « nettement sous » +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, et si possible +1,5°C.
La présidence britannique de la COP avait fait de l’objectif de « garder en vie +1,5°C » un des marqueurs principaux du succès de la COP26. Le texte réaffirme avec force cet objectif de « limiter le réchauffement à 1,5°C« , soulignant que « les impact du changement climatique seront bien moindres avec un réchauffement de 1,5°C, comparé à 2°C« .
Pour des réductions plus « rapides » et « fortes«
Le texte, qui doit encore être discuté et peut être modifié avant son adoption avant la fin de la conférence prévue vendredi, appelle donc à des « réductions rapides, fortes et soutenues des émissions mondiales d’émissions de gaz à effet de serre, dont des réductions d’émissions de CO2 de 45% en 2030 par rapport au niveau de 2010 et à la neutralité carbone vers le milieu du siècle« .
Il encourage également les pays à « accélérer la sortie du charbon et des financements pour les énergies fossiles« , responsables de la plupart des émissions. La mention des énergies fossiles est inédite à ce niveau et accueillie plutôt favorablement par les observateurs.
Une promesse difficile à tenir
Sur un autre dossier brûlant de la conférence, le texte « relève avec regret » l’incapacité des pays développés à tenir leur promesse de mobiliser à compter de 2020 quelque 100 milliards d’aide financière climatique annuelle aux pays pauvres, souvent les moins pollueurs mais les plus exposés aux ravages du changement climatique. Le texte ne propose cependant pas de solution claire pour remplir cet objectif. Pourtant, les pays riches assurent désormais pouvoir remplir à partir de 2023, selon un nouveau « plan de livraison« .
Concernant l’autre question très controversée des « pertes et préjudices« , soit les dommages déjà subis par les pays les plus exposés, le texte « reconnaît » la réalité du problème et « réitère l’urgence d’augmenter le soutien et l’action, dont la finance, le transferts de technologie et le renforcement de capacités« , mais sans propositions ou modalités concrètes.
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De premières réactions mitigées
Le WWF (Fonds mondial pour la nature) s’est félicité de l’appel à rapprocher les révisions des plans de réduction et de la mention sur les énergies fossiles, mais a souligné que ce texte devait « être un plancher, pas un plafond » et que des points restaient à améliorer.
Pour Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace international, « il ne s’agit pas d’un plan pour régler la crise climatique mais d’un accord pour croiser les doigts en espérant que ça va aller. Une demande polie aux pays de si possible, peut-être, faire plus l’an prochain. Ce n’est pas assez« .
Natura Sciences avec AFP