Les Assises nationales des déchets se tiennent à la Cité des Congrès de Nantes les 2 et 3 octobre prochains. Thierry Meunier, président des Assises des déchets répond à nos questions. Natura Sciences est partenaire médiatique de l’événement.
Natura Sciences : C’est la 15e édition des Assises nationales des déchets. Les Assises, c’est qui et pour qui?
Thierry Meunier : Les Assises nationales des Déchets est une association qui existe depuis 30 ans. Nous souhaitons avoir la vision et la coopération la plus large possible. Les membres et les 800 participants à l’événement proviennent de l’ensemble des parties prenantes concernées par les déchets, qu’ils soient d’origine industriels, ménagers ou issus d’activités économiques. On retrouve les ministères de l’écologie, les DREAL, les gestionnaires, les traiteurs de déchets, les fédérations ; mais aussi les collectivités territoriales, des ONG, des représentants de consommateurs et d’autres grands opérateurs économiques comme EDF.
Natura Sciences : Quelles sont les thématiques prioritaires?
Thierry Meunier : Nous abordons les sujets d’actualité. Cette année, nous serons au cœur des discussions dans le cadre du projet de loi Economie Circulaire. Les ateliers du premier jour permettront de dresser des propositions. Elles seront retranscrites le lendemain auprès des représentants de l’Etat et du ministre de la Transition écologique et solidaire. La clôture se fait sur une thématique forte, et comme la dernière édition, nous nous consacrerons aux solutions à la problématique des déchets en mer.
Durant les Assises, nous traiterons aussi de la responsabilité élargie des producteurs. Les éco-organismes ont des dispositions qui marchent bien pour certains flux, moins bien pour d’autres. Il y a parfois d’autres méthodes qui fonctionnent. Nous allons en parler pour les déchets du bâtiment, un gisement extrêmement important. Face à la pénurie de granulats et de sable, il faut absolument trouver la meilleure façon de les collecter et éviter au maximum les dépôts sauvages.
Enfin, nous nous intéresserons à la science du comportement, à travers la sociologie. Il s’agira de comprendre les disparités de comportement face au geste de tri pour savoir comment mieux faire sans culpabiliser les citoyens.
Natura Sciences : Votre fil rouge pose la question : contraindre ou inciter?
Thierry Meunier : Faire évoluer la gestion des déchets passe par deux leviers principaux : contraindre ou inciter. Contraindre par la loi, par la réglementation et par la police qui va avec. Inciter permet d’améliorer le geste citoyen. Inciter, cela ne fonctionne pas toujours, mais c’est certainement la clé du succès, à condition que tous les niveaux de la population comprennent que l’enjeu est fondamental pour la survie de l’espèce humaine sur la planète.
Au-delà de la confusion du geste de tri qui n’est pas homogène sur tout le territoire, il y a une disparité territoriale des performances du tri. Que faire ? Nous allons revenir aux fondamentaux. D’abord, se rappeler que les déchets sont un modèle économique. Pour pérenniser des filières, il faut faire très attention au modèle économique. On le voit avec l’extension des consignes de tri à tous les plastiques et le retour prévu de la consigne sur les bouteilles en plastiques et les canettes qui viennent perturber la collecte sélective et le tri des déchets ménagers. Nous allons entrer dans une forme conflictuelle des modèles économiques : il faudra que chacun s’adapte pour avoir le tri le plus efficace.
Si l’on ne sait pas accorder toutes les parties prenantes, nous aurons du mal à améliorer le recyclage. Pour passer d’un taux de recyclage global de 45 % à 90 %, voire 100 %, il faudra prendre des décisions drastiques. Et ce, certainement au détriment de modèles économiques actuels au profit d’autres opérateurs.
Natura Sciences : Quel conseil donneriez-vous à nos lecteurs pour améliorer la gestion de leurs déchets?
Thierry Meunier : Je pense (et j’espère!) que la plupart de vos lecteurs font déjà le tri. Mon conseil principal sera donc : faites attention à ce que vous achetez. Une fois que l’on fait le tri, il faut se poser la question de ce que l’on achète, de comment on l’achète et pour en faire quoi. La notion d’emballage est fondamentale : boire de l’eau en bouteille, par exemple, n’a selon moi, aucun sens dans un pays qui distribue une eau de qualité à tous les robinets.
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Propos recueillis par Matthieu Combe