Les chlorofluorocarbures (CFC) ont été progressivement interdits par le Protocole de Montréal entre 1989 et 2010. Remplacés par les hydrofluocarbures (HFC), ceux-ci font désormais l’objet d’une nouvelle interdiction. C’est l’objet d’un amendement au Protocole de Montréal, adopté le 15 octobre à Kigali (Rwanda).
Les 197 Parties au Protocole de Montréal ont adopté l’amendement de Kigali. Ce nouvel accord historique programme la fin progressive des hydrofluocarbures (HFC) d’ici 2050. Ces molécules sont utilisées comme réfrigérants, dans les climatiseurs et les réfrigérateurs, mais aussi dans certains aérosols et mousses isolantes. L’accord est juridiquement contraignant et engage tous les pays signataires à des mesures d’atténuation obligatoires. Des sanctions sont prévues pour les pays qui n’honorent pas leurs objectifs.
Les négociations auront duré 7 ans pour aboutir à l’amendement de Kigali. Selon les experts, la suppression des HFC devrait permettre de réduire de 0,5°C le réchauffement de la planète d’ici à 2100, soit un quart des objectifs fixés par l’Accord de Paris. C’est ainsi l’émission de 72 milliards de tonnes équivalent CO2 qui devraient être évitées d’ici à 2050, soit près de 7 années d’émissions de la Chine à leur rythme actuel.
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HFC contre CFC
Les CFC étaient largement utilisés dans les années 1980 comme fluides réfrigérants, solvants et dans les aérosols. Mais après la découverte des fameux « trous » dans la couche d’ozone au-dessus des pôles en 1985, leur usage a été progressivement réduit par le protocole de Montréal, entré en vigueur en 1989, et ratifié par 196 pays. Il fallait stopper la destruction de l’ozone stratosphérique (situé entre 20 et 50 kilomètres d’altitude), sans qui, le rayonnement solaire ultra-violet ne serait plus plus absorbé. Depuis 2010, ils sont totalement interdits, à l’exception de quelques applications bien définies.
Depuis les années 1990, ces substances ont été progressivement remplacées par les HFC, moins stables dans l’atmosphère et se décomposant donc plus rapidement. Les HFC détruisent beaucoup moins la couche d’ozone que les CFC, car ils sont en très grande partie détruits dans l’atmosphère avant d’atteindre l’ozone stratosphérique. Mais la fin d’un problème en a créé un autre qu’il fallait combattre. En effet, les HFC présentent un pouvoir de réchauffement 14 000 fois plus puissant que le CO2, ce qui en fait des gaz à effet de serre redoutables. Ils sont donc à leur tour progressivement éliminés au profit d’alternatives : hydrocarbures, dioxyde de carbone, ammoniac, eau et hydrofluoroléfines (HFO).
Accord de de Kigali : Des objectifs différenciés
L’amendement au Protocole de Montréal prévoit des objectifs différenciés de réduction, selon les pays et leurs degrés de développement. Le calendrier de mise en œuvre distingue trois groupes de pays : d’un côté les pays développés, de l’autre, deux groupes de pays en développement.
La substitution commencera dans les pays développés, comprenant les Etats-Unis et l’Union européenne. Ce groupe s’engage à diminuer l’usage des HFC de 10 % d’ici 2019 par rapport aux niveaux de 2011-2013, pour les supprimer totalement d’ici à 2050, avec une étape à 85% en 2036.
Le groupe ambitieux de pays en développement, qui inclut la Chine, le Brésil et la plupart des pays africains, a décidé de geler leur production d’ici 2024. Une réduction de 10% par rapport aux niveaux de 2020-2022 devra être atteinte pour 2029, cette réduction devant atteindre 80% d’ici à 2045. Le groupe de pays le moins ambitieux, comprenant l’Inde, l’Arabie saoudite, le Pakistan, l’Iran et le Koweït, des pays fortement consommateurs de systèmes de climatisation, gèlera la production de HFC d’ici 2028. Ils réduiront ensuite progressivement leur consommation. Une diminution de 10% par rapport à la période 2024-2026 devant être atteinte pour 2032, puis de 85% pour 2047. L’accord prévoit une clause de révision. Son calendrier pourra être renforcé en fonction des progrès technologiques et des retours d’expériences des pays les plus ambitieux.
Fin septembre, 16 pays – dont les États-Unis, le Japon, l’Allemagne et la France – et 19 organismes et donateurs privés réunis à New York ont promis une aide de 80 millions de dollars (71,5 millions d’euros) pour aider les pays en voie de développement dans cette transition. Mais le financement est loin d’être encore à la hauteur : le total des financements nécessaires est estimé à plusieurs milliards de dollars. Le montant exact sera discuté lors de la prochaine réunion des Parties en 2017.
Depuis 1990, les émissions de gaz destructeurs d’ozone ont diminué et plusieurs signes montrent que la couche d’ozone commence à se reconstituer. Toutefois, en raison de la durée de vie de ces gaz dans l’atmosphère (variant de 1 an à 100 ans pour les principaux CFC), les experts ne prévoient pas une reconstitution notable de la couche d’ozone avant le milieu du siècle.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com