L’ONG Oxfam épingle mardi plusieurs grandes entreprises françaises, et particulièrement les banques. En n’étant pas alignées sur les objectifs de l’Accord de Paris, leur empreinte carbone « aggrave » le changement climatique.
« Aucun secteur d’activité n’est aligné avec l’Accord de Paris », se désole Oxfam dans son nouveau rapport CAC degrés de trop. L’étude, établie sur la base de chiffres fournis par la société Carbon4 Finance, est publiée au moment où débutent devant le Parlement français les travaux sur la loi Climat. Pour rappel, l’Accord de Paris a pour but de limiter la hausse des températures à 2°C par rapport aux niveaux antérieurs à la révolution industrielle et de continuer les efforts pour limiter cette montée à 1,5°C.
Le rapport analyse 35 entreprises françaises. La plupart d’entre elles font actuellement partie du CAC 40, indice des valeurs vedettes de la Bourse de Paris. Les autres, dont EDF, en ont fait partie par le passé. Sont prises en compte les « émissions directes » des entreprises, celles liées à leur « consommation d’électricité ou de chaleur » et les « émissions indirectes ». Seules EDF, Schneider Electric et Legrand « ont une empreinte carbone et des engagements susceptibles de les faire rester dans une trajectoire compatible avec un réchauffement inférieur à 2 degrés ».
Lire aussi : L’Observatoire des multinationales fustige les entreprises du CAC40
Des entreprises du CAC40 alignées avec un réchauffement de +4°C
Dix entreprises, dont trois banques (BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole) « ont une trajectoire associée à un réchauffement supérieur à +4 degrés et 17 entreprises sont entre +3 et +4 degrés ». Enfin, cinq entreprises sont sur une trajectoire « qui se situe entre +2 et +3 degrés ». « Une bonne partie (40%) des émissions des acteurs financiers est issue de leurs activités dans le secteur des énergies fossiles », affirme Oxfam.
Plus généralement, dans leurs droits de réponse adressés à Oxfam, une dizaine d’entreprises contestent la méthodologie retenue par Carbon4 Finance. Ces données prennent en compte l’empreinte carbone globale des entreprises, directes et indirectes (scopes 1 à 3), et leurs engagements. Mais ces entreprises jugent erronée la façon de calculer les « émissions indirectes ». Ces émissions concernent celles générées par les activités en amont (des fournisseurs, par exemple) et celles en aval, qu’induit l’utilisation des marchandises par les clients.
Contactées par l’AFP, les banques ont renvoyé aux réponses données en octobre à l’occasion de la publication d’une autre étude d’Oxfam consacrée au secteur. BNP Paribas critique une « comparaison qui ne fait aucun sens », car le rapport lui attribue « l’empreinte climatique correspondant à l’ensemble des entreprises auxquelles elle fait crédit, et la compare à l’empreinte carbone de ces différentes entreprises ». La Société Générale s’en prend à des données qui « ne reflètent pas les efforts significatifs engagés (…) ces dernières années ». Et le Crédit Agricole aux conclusions fondées « sur des bases scientifiquement erronées ».
Lire aussi : Greenpeace veut interdire les dividendes des entreprises polluantes
Oxfam n’épargne par l’aéronautique
Airbus, s’émeut Oxfam, « émet 66 fois plus de gaz à effet de serre que la SNCF pour générer un euro de chiffre d’affaires ». Joint par l’AFP, Airbus a renvoyé vers la publication, vendredi, des émissions produites par ses avions et à l’engagement du secteur aérien de diviser par deux ses émissions de dioxyde de carbone d’ici 2050 par rapport à 2005.
En conclusion de son rapport, Oxfam demande d’intégrer dans le projet de loi français « Climat et Résilience » l’obligation pour les entreprises de publier leur empreinte carbone, une « feuille de route » qui mène à un respect de l’Accord de Paris et un plan d’investissement.
Matthieu Combe avec AFP