En 2009, la production électronucléaire est estimée à 2 686 TWh (mille milliards de Wh). En légère diminution de 1.4% par rapport à 2008. Cette baisse est due à la poursuite d’arrêts prolongés de réacteurs en Inde et au Japon et des baisses de production significatives, notamment en Suède, en Allemagne et en France. La production d’électricité mondiale a, quant à elle, baissé d’environ 1% la même année. Au global, le nucléaire représente 14% de la production mondiale d’électricité, selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE).
Au 31 décembre 2009, 439 réacteurs étaient en service dans 31 pays. Parmi ces réacteurs, 423 ont produit de l’électricité en 2009. Le parc installé en Europe et dans les pays de la communauté des Etats Indépendants (CEI) reste dominant (environ 45%) devant l’Amérique du Nord (environ 32%). Les pays asiatiques (Japon, Corée, Chine) et dans une moindre mesure les pays de la CEI constituent l’essentiel du pouvoir de croissance à l’horizon 2015.
Fin 2009, selon l’AIE et la World Nuclear Association, 55 réacteurs sont en construction dans le monde, 137 sont en commande ou en projet et plus de 300 sont envisagés dans les années à venir. Un nombre croissant de pays réfléchissent donc à la possibilité d’utiliser l’énergie nucléaire ou d’accroître sa part dans le bouquet énergétique.
Pays producteurs d’uranium
Le combustible des centrales actuelles est de l’uranium contenant entre 3 et 5% d’uranium 235. Or, l’uranium terrestre extrait des mines ne contient que 0,7% de cet uranium, le reste étant de l’uranium 238. Il va donc falloir enrichir ce combustible.L’enrichissement est une intervention demandant énormément d’énergie. En France, sur les 58 réacteurs existants, 4 ont pour seule mission de fournir l’énergie nécessaire à cette opération.
64% de la production mondiale d’uranium provient des mines du Kazakhstan, du Canada et de l’Australie réunies. En 2009, le Kazakhstan est devenu le premier pays producteur d’uranium naturel. En un an, la production du pays a augmenté de 63 %. Une production de 18 000 tonnes est même envisagée pour l’année 2010. Si le Niger est actuellement le sixième producteur mondial, il espère devenir d’ici trois à quatre ans, le n°2 mondial avec une production à venir d’environ 9 000 tonnes par an.
Aujourd’hui, l’uranium nigérien permet de fabriquer le combustible nécessaire pour faire carburer une vingtaine des 58 réacteurs nucléaires français. Deux mines situées dans la région d’Arlit et d’Akokan, au Nord du pays, produisent chaque année 3 000 tonnes d’uranium. D’ici à 2012, Areva devrait ouvrir une troisième mine au Niger, qui produira 5 000 tonnes de minerai par an. A cette date, Areva compte donc tirer l’essentiel de sa production d’uranium de ses mines nigériennes. Le second gros fournisseur d’Areva et de la France en uranium est le Kazakhstan. Ces pays ne sont cependant pas des exemples de stabilité politique. Il n’est pas possible d’assurer ainsi une sécurité d’approvisionnement. Encore moins de parler d’indépendance énergétique vu que l’intégralité de l’uranium utilisé en France est à présent importé.
Réserves mondiales d’uranium
Les réserves prouvées sont de 2.65 millions de tonnes selon l’AIE, mais il y aurait 5.5 millions de tonnes d’uranium disponibles dans les coûts d’extraction actuels (environ 40$/kg). L’OCDE évalue à 17 millions de tonnes la quantité disponible à un coût d’extraction double (80$/Kg). Ces chiffres sont donc très liés aux coûts d’extraction acceptables.
La raison à cela est simple : les teneurs des gisements sont très variables et en général très faibles. On parle de 0.4 à 40 kg par tonne, mais dans la plupart des gisements exploités aujourd’hui, les teneurs sont plutôt situées entre 1 et 4 kg. Le coût d’exploitation est donc clairement très variable. Il faut savoir qu’il n’existe pas de bourse de l’uranium. Ainsi, le prix se négocie par contrat. Environ 15% de l’uranium se négocie à l’année et 85% sur moyen terme avec des contrats de 2 à 10 ans. Mais en général les contrats sont entre 3 et 5 ans.
Cependant, les coûts globaux liés à la production électronucléaire ne dépendent que très peu du prix du l’uranium, celui-ci ne représentant que 5% des coûts globaux. Les entreprises sont donc à la recherche de nouveaux gisements, mais ceux-ci restent principalement dans les trois principaux pays producteurs, à une exception notable : l’Afrique. Il existe en effet des gisements significatifs en Namibie, au Niger, au Malawi, en Ouzbékistan, en Mongolie, en Afrique du Sud… peut-être au Soudan, au Zimbabwe.
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Production vs. Consommation
Depuis 1991, on n’extrait plus assez d’uranium pour couvrir les besoins des réacteurs civils. La différence est comblée par l’utilisation des stocks militaires (qui devraient s’épuiser vers 2015), de l’uranium de retraitement et le combustible MOX (mélange d’uranium et de plutonium) dans une moindre mesure. En 2003, les besoins ont été satisfaits à parts pratiquement égales par l’offre primaire et secondaire. En 2009, les trois quarts des besoins ont été assurés par l’uranium provenant des mines. La consommation actuelle est de l’ordre de 70 000 tonnes par an. Les mines produiront environ 55 000 tonnes en 2010. L’évolution des prix va dépendre de la vitesse à laquelle les programmes nucléaires seront mis en route. Mais aussi de la rapidité des mises en activité des nouvelles mines.
Après avoir connu un pic à 135 dollars la livre en 2008, les prix d’uranium se sont effondrés autour de 42 dollars, à peine de quoi rentabiliser certaines mines. En effet, le coût d’extraction est d’environ 20 dollars au Kazakhstan, 25 au Canada et 40 au Niger. Les réserves prospectées en Namibie s’élèveraient à 40 dollars, et atteindraient peut-être même 50 dollars la livre. Cette extraction n’est pas rentable au prix actuel. Cet effondrement du prix est lié à la baisse de la demande mondiale d’énergie. Et ce, tandis que les accords de désarmement entre la Russie et les Etats-Unis ont fait craindre l’arrivée de nouvelles quantités d’uranium militaire sur le marché civil.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com