L’hydrogène naturel pourrait jouer un rôle important dans l’avenir de la transition énergétique. Ignoré pour des raisons techniques, il voit progressivement de nombreux faisceaux converger vers lui. Pressés par l’urgence climatique, les gouvernements et les industriels investissent désormais dans l’hydrogène dit « vert ». Or, de celui-ci à l’hydrogène naturel, il n’y a qu’un pas.
Aujourd’hui, plus de 95% des 70 millions de tonnes d’hydrogène, synthétisées dans le monde chaque année, sont issues d’énergies fossiles. L’hydrogène s’obtient par une réaction chimique dite de « vapo-réformage ». Elle consiste à mettre au contact du méthane de la vapeur d’eau et beaucoup de chaleur. Avec ce procédé, la production d’un kg d’hydrogène génère 9 kg de CO2. L’empreinte carbone de l’hydrogène reste donc encore très mauvaise.
Pour éviter cette grosse pollution, les chercheurs ont inventé une autre technique : l’électrolyse de l’eau. Mais elle aussi nécessite beaucoup d’énergie, avec un rendement relativement faible. Au mieux, autour de 50% de l’énergie électrique utilisée est « convertie » en hydrogène. Toutefois, avec l’électricité produite par des d’éoliennes ou des panneaux solaires, l’hydrogène produit devient renouvelable. On parle alors d’hydrogène « vert ».
Des initiatives se multiplient en France
Autrefois très sceptique quant à la possibilité de développer une filière hydrogène, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a récemment indiqué que « La filière hydrogène mérite d’être regardée de plus près ». Comme lui, les patrons de 60 grandes sociétés de l’énergie et des transports ont pris l’engagement de s’investir dans la production d’hydrogène vert ou de voiture à hydrogène.
En France, plusieurs initiatives émergent pour la production de l’hydrogène vert à partir d’eau grâce à l’électrolyse. A Pau, par exemple, une station de production et distribution d’hydrogène est construite pour recharger en gaz les bus. De son côté, la jeune nantaise Lhyfe a levé 8 millions d’euros de fonds pour installer en Vendée un premier site industriel de production d’hydrogène vert, qui sera opérationnel au premier semestre 2021. EDF s’est aussi lancé dans l’hydrogène décarboné, en prenant 21 % du capital de McPhy et en créant sa filiale Hynamics, futur producteur et distributeur d’hydrogène bas carbone. Tout comme les jeunes pousses et les majors, les territoires réfléchissent à de véritables plans hydrogène.
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Pourquoi chercher loin ce qui existe déjà dans la nature ?
Si les industriels s’intéressent à l’hydrogène vert, ils pourraient aussi regarder sous leurs pieds. Il existe une ressource naturelle qui n’a pas besoin d’être générée par électrolyse : l’hydrogène naturel. Alors pourquoi chercher loin ce qui existe déjà dans la nature ? Pourquoi ne mettent-ils pas plutôt leurs moyens dans la recherche des technologies d’exploitation de ce gaz prometteur car vertueux ?
Au Mali, Hydroma SA, une société d’exploration détenue par le malien Aliou Diallo, montre déjà l’exemple. Elle a déjà réussi à transformer l’hydrogène naturel en électricité verte grâce à une unité pilote. Depuis 2011, c’est le village de Bourakébougou, à une soixantaine de kilomètres de Bamako, qui en profite. Hydroma SA vient d’ailleurs de lancer l’exploitation à grande échelle de l’électricité verte. Parallèlement, elle noue des partenariats en Allemagne, pour remporter son pari à une brève échéance : faire du Mali le moteur de la transition énergétique mondiale.
Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du magazine Natura Sciences