Le biodiesel, ou diester, est un biocarburant élaboré à partir d’oléagineux. Les huiles utilisées sont les mêmes que les huiles alimentaires : colza, tournesol, soja, jatropha ou encore palme. Quelle est alors la place pour des cultures destinées aux biocarburants ?
En France, le leader de la production de biodiesel est Diester Industrie. L’entreprise détient 7 usines pour une capacité de production de 2 millions de tonnes de diester en 2009. Ineos, Véolia et Saria sont également présents sur le secteur.
Une directive européenne de 2003 encourage le développement des biocarburants en obligeant les distributeurs de carburants à en incorporer un certain pourcentage dans le diesel. La France a choisi d’aller plus loin que ces objectifs européens. Dans le pays, 100 % des véhicules diesels roulent avec du gazole « dopé » au biodiesel. Aujourd’hui, le taux d’incorporation s’élève à 7 % de biodiesel dans le gazole. La France s’est engagée à en incorporer 10 % en volume en 2015.
8.000 véhicules, des bus ou des voitures de collectivités locales et d’entreprises, roulent déjà avec du diesel comprenant une incorporation de diester à hauteur de 30%. Ce carburant n’est cependant pas distribué pour les particuliers.
Comment produire du biodiesel?
Au plan chimique, quelle que soit la plante utilisée, les huiles obtenues sont très proches. Ce sont de grosses molécules, insolubles dans l’eau, mais solubles dans le gazole avec lequel elles se mélangent bien. Elles peuvent donc compléter ce carburant pour le fonctionnement des moteurs diesel.
Pour produire de l’huile, la graine est broyée : c’est l’étape de trituration. De l’huile et des tourteaux vont être générés. Ces tourteaux riches en protéines vont être détournés pour servir à l’alimentation des animaux d’élevage. Le procédé classique pour transformer l’huile obtenue en diester est une réaction de transestérification avec du méthanol. La production d’un sous produit -la glycérine – est inévitable. Grossièrement, avec 1 tonne d’huile brute et 100 kilos de méthanol, on obtient 1 tonne de diester et 100 kilos de glycérine végétale.
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Hausse de prix en perspective
Partout dans le monde, le développement du biodiesel accroît la pression sur le cours du secteur des oléagineux dans son ensemble. Cette nouvelle forme de demande progresse fortement et ponctionne de plus en plus le marché, poussant les cours à la hausse.
Ainsi, en mars 2011, avec la hausse du baril de pétrole au-delà des 100 $ à New York, les biocarburants gagnent en compétitivité. Les cours du colza sont les premiers à profiter de cette hausse alors que s’ajoutent à ces éléments les problèmes logistiques sur le continent sud américain.
Qui sont les producteurs de biodiesel?
Les plus gros producteurs de biodiesel sont les États-Unis, l’Allemagne et la France. A l’échelle mondiale, les huiles de soja et de palme sont les plus cultivées, suivies par le colza et le tournesol. En France, les producteurs utilisent plus souvent le colza, alors qu’ils préfèrent le soja aux Etats-Unis.
La plupart des pays Européens se sont engagés depuis plusieurs années dans des politiques de développement des biocarburants. La filière n’y concurrence pas l’alimentation, car elle est produite sur les terres en jachères ou sur les terres qui bénéficient de l’aide aux cultures énergétiques. Elle est cependant très gourmande en subventions publiques. En 2006, le total des soutiens publics s’élevait à 3,7 milliards d’euros en Europe et à environ 15 milliards d’euros en 2007 pour les pays de l’OCDE. C’est grâce à ce système que les biocarburants sont vendus à la pompe au même prix que l’essence et le gazole classique. Ce système de subventions est remis en cause car il fausse la concurrence avec les pays du Sud et entretient de façon artificielle l’économie du secteur.
La production gagne du terrain au Brésil et en Indonésie où les cultures de palmiers à huile et de soja se pratiquent bien trop souvent sur brûlis au détriment de la forêt. Le rendement du palmier à huile atteint environ 6 tonnes d’huile par hectare. Le colza en récolte 1,4 alors que le soja et le tournesol n’atteignent qu’un petit 0,8 tonne par hectare…
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Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com