La part du nucléaire dans la production d’électricité doit passer de 75% à 50% d’ici 2025. Problème : au moment de l’examen du projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, cette part a atteint 77% en 2014 contre 73,3% en 2013, selon le Bilan électrique 2014 de RTE rendu public ce jour. Cette hausse est due à un recul important des combustibles fossiles, notamment du gaz et du charbon. Les énergies renouvelables continuent leur progression, les capacités éolienne et photovoltaïque installées repartent à la hausse.
Selon le Bilan Electrique 2014 de RTE, la puissance installée des centrales électriques françaises s’élevait à 128,9 gigawatts (GW) fin 2014 pour une production nette de 540,6 térawattheures (TWh), soit une baisse de 1,8 % par rapport à 2013. Mais la consommation française baisse de 6% entre 2013 et 2014, passant à 465,3 TWh. La production, liée à la baisse de la consommation, conduit à une forte hausse du solde exportateur vers les autres pays européens, à hauteur de 65,1 TWh.
Cette baisse de consommation est principalement due à une météo extrêmement clémente, 2014 étant l’année la plus chaude en France depuis le début du XXe siècle, selon Météo France. Après correction des aléas météorologiques, la consommation française pour 2014 s’établit à 474 TWh, en baisse de 0,4% par rapport à 2013.
Les capacités éolien et le photovoltaïque remplacent les centrales au charbon
Fin 2014, le nucléaire représentait 63,1 GW de puissance installée, le thermique combustible fossile 24,4 GW, l’hydraulique 25,4 GW, l’éolien 9,1 GW, le photovoltaïque 5,3 GW et les autres sources d’énergies renouvelables 1,6 GW. Entre 2013 et 2014, le parc de production installé en France a perdu 1 240 mégawatts (MW) de centrales au charbon, 65 MW de centrale au fioul et gagné 9 MW de centrale au gaz. Le parc a donc perdu 1296 MW de production thermique fossile. De l’autre côté, il a gagné 963 MW d’éolien, 926 MW de photovoltaïque et 92 MW d’autres énergies renouvelables. Cela fait donc une augmentation nette de capacité de 662 MW, soit une hausse de 0,5%.
On note une reprise du développement des filières éolienne et photovoltaïque par rapport aux cinq dernières années. « La clarification du dispositif réglementaire ainsi que des dispositions économiques plus favorables en 2014 ont permis d’augmenter de près de 1900 MW les capacités de production éolienne et photovoltaïque » note RTE. Le maximum annuel de développement de l’éolien a été atteint en 2009 avec 1 250 MW, le minimum en 2013 avec 621 MW. Le maximum de développement du photovoltaïque a quant à lui été atteint en 2011 avec 1 690 MW, son minimum ayant aussi été atteint en 2013 avec 646 MW.
Le charbon et le gaz en fort recul, le nucléaire et les ENR en augmentation
La production nucléaire est en forte reprise par rapport à 2013. Le nucléaire a assuré 77 % de la production d’électricité en 2014, contre 73,3% en 2013. La production thermique utilisant des combustibles fossiles a reculé de 39,6% entre 2013 et 2014 et assure désormais seulement 5 % de la production d’électricité.
Cette évolution est très marquée : la production des centrales au charbon a diminué de 58,2 % en 2014, alors qu’elle avait augmenté de 14 % en 2013. La production des centrales au fioul a aussi baissé de 10,5 % en 2014, la baisse était déjà de 19,2% en 2013. La production des centrales au gaz baisse encore de 28,2 % en 2014, la baisse précédente étant de 18,9 %. Selon RTE, la baisse considérable du recours au charbon s’explique par la fermeture de nombreuses centrales.
Avec un facteur de charge inférieur, le parc éolien ayant produit en moyenne à 22,6% de sa capacité contre 23,2% fin 2013 et une production hydraulique en baisse de 9,7%, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité atteint 18 %, contre 18,6 % en 2013. En revanche, la part issue de l’ensemble des sources d’énergies renouvelables atteint 19,5 %, de la consommation d’électricité française contre 19,3 % en 2013. Pour la première fois, la production des énergies renouvelables, hors hydraulique, devance la part de la production thermique fossile, avec 28 TWh d’électricité produite.
Bilan électrique 2014 : Capacité vs. Production
Avec le développement des énergies renouvelables intermittentes, les écarts entre production et puissance installée sont de plus en plus importants. En 2014, le nucléaire représente 49% de la puissance installée du parc français, mais 77% de l’énergie produite. Les systèmes thermiques à combustible fossile représentent 18,9% du parc installé, mais seulement 5% de la production. L’hydraulique représente 19,7% du parc installé, mais 12,6% de la production. Si l’éolien représente 7,2 % de la puissance installée, le parc représente 3,1 % de la production. Avec 4,1 % de la puissance installée, le parc photovoltaïque constitue 1,1 % de la production.
Entre 2012 et 2013, le recours accru au charbon plutôt qu’au gaz, durant les périodes de froid de janvier à mars, avait conduit à une augmentation des émissions de CO2 en 2013 de 0,2 % avec un total de 29,1 millions de tonnes d’équivalent CO2. Cette année, les émissions ont connu une chute historique de 40 % en raison du recul de l’utilisation du charbon et du gaz, se portant à 19 millions de tonnes d’équivalent CO2.
Alors que le projet de loi sur la transition énergétique va bientôt être examiné au Sénat, fort est à parier que cette hausse de production d’électricité d’origine nucléaire va faire parler d’elle. Les programmations pluriannuelle des l’énergie devront prendre en compte cette augmentation récente, pour s’assurer du respect des engagements de François Hollande.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
Malheureusement, les énergies dites renouvelables (EnR) ne remplacent pas le charbon ou le fioul. Tout simplement parce que les EnR produisent de manière aléatoire, quand le vent ou le soleil le permettent, alors que les centrales à charbon ou fioul s’ajustent à la demande. Notamment lors des pointes de consommation (l’hiver et le soir). Statistiquement, ces EnR remplacent donc essentiellement du nucléaire ou de l’hydraulique car ces énergies assurent plus de 85% de la consommation. Ceci sans aucun gain écologique car nucléaire et hydraulique n’émettent pas de GES. Et avec un surcoût significatif !
Si la production des centrales au charbon décroit, c’est surtout en raison de leur arrêt forcé pour cause de non respect des normes de pollutions : en 2016 il ne restera plus en France que 4 unités au charbon de 600 MW au Havre.
Enfin, si les EnR qui représentent 1% (solaire) et 3% (éolien) de notre production augmentent au delà de 10%, leur caractère aléatoire oblige à prévoir des centrales fossiles (au gaz généralement) de compensation. Ce qui conduit à rejeter davantage de CO2, c’est d’ailleurs le constat pour l’Allemagne.
En résumé, le gouvernement va devoir choisir : ou Hollande tient ses engagement de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité – et alors les prix et les émissions de CO2 vont s’envoler comme en Allemagne. Ou alors, sommet COP21 de 2015 oblige, il s’engage à réduire nos GES et alors il devra renoncer à ses engagement hasardeux (certains disent électoralistes). Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.