Le bioéthanol a permis d’alléger considérablement la facture pétrolière et les émissions de gaz à effet de serre du Brésil. Aujourd’hui, 80% des voitures vendues au Brésil sont Flex-Fuel. Plus de 50% de la consommation de carburant au Brésil est fournie par le bioéthanol, soit sous forme de mélange, soit sous forme d’éthanol pur.
Au Brésil, les pétroliers ont l’obligation de commercialiser leur carburant sous forme de mélange avec 20 à 25 % d’éthanol. De plus, pour accélérer l’adoption des véhicules Flex-Fuel pouvant rouler aussi bien à l’essence qu’à l’éthanol, le gouvernement accorde une réduction conséquente sur la taxe d’achat de ces véhicules. Ces véhicules représentent déjà 37 % du parc automobile brésilien. Ces véhicules utilisent exclusivement l’éthanol pur à 80% du temps.
Les plantations n’empiètent-elles pas sur la forêt amazonienne ?
Selon l’UNICA, la plus grande association des industriels de la canne au Brésil, la culture de la canne à sucre ne se développerait pas au détriment de la forêt amazonienne pour la simple raison que cette culture est concentrée à 87 % autour de Sao Paulo, sur la région centre-sud, c’est-à-dire à 2 500 km de l’Amazonie. Le reste des cultures est situé sur la côte nord-est. Et là aussi on est à 2 000 km de la forêt amazonienne.
Le risque de voir un jour cette culture empiéter sur la forêt amazonienne serait donc improbable. Car ces régions trop humides, ne sont pas adaptées à la culture de la canne à sucre. L’industrie de la canne à sucre a clairement pris position contre toute expansion de son activité dans les zones forestières ainsi que dans les zones humides du pays. Cependant, petit à petit, les autres cultures ainsi que l’élevage, sont repoussés vers la forêt accentuant ainsi la déforestation.
Produire du sucre ou le transformer en bioéthanol ?
Dans le procédé actuel, pour pouvoir produire deu bioéthanol, il faut d’abord disposer du sucre. A chaque récolte, il va donc y avoir concurrence entre sucre et éthanol en fonction de l’évolution des prix du marché. Allons-nous assister à une réduction de la production de sucre dans le monde au profit du bioéthanol avec les problèmes d’alimentation que cela pourrait engendrer ?
Ce n’est pas la tendance actuelle ! Le Brésil a enregistré en 2009 une chute de 44% de ses ventes d’éthanol et n’en a exporté que 1,3 milliards de litres. Les producteurs ont en effet préféré produire du sucre – dont les exportations ont augmenté de 52% – en raison des prix élevés de ce produit sur le marché mondial. La situation ne devrait pas s’inverser en 2011-2012 car les prix du sucre restent élevés, selon les projections du site Reuters.
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Comment récolter la canne à sucre?
La canne à sucre génère une quantité importante de résidus. Il s’agit du reste de la tige après extraction du jus, ce que l’on appelle « bagasse », et de la paille. Pour simplifier, un tiers de la plante sert à produire l’éthanol. La bagasse constitue un autre tiers et la paille le dernier tiers.
Lorsque les surfaces cultivées sont moissonnées mécaniquement, il est possible de récolter à la fois la tige et une grande partie des feuilles. Le reste des feuilles est laissé au sol et sert de tapis de protection pour diminuer l’érosion des sols. Le rhizome restant en terre, la canne à sucre va pouvoir repousser. En moyenne, on compte 5 récoltes successives sans perte de rendement à partir d’une même plante.
Produire de l’électricité à partir des résidus
Ces résidus, une fois récoltés, vont être brûlés dans des chaudières pour produire de la chaleur et de la vapeur à partir de laquelle des turbines sont entraînées pour générer de l’électricité faisant fonctionner la sucrerie. L’usine produit plus d’électricité qu’elle n’en a besoin et peut vendre son surplus. C’est ainsi qu’en 2008, ces usines contribué à une production d’électricité verte couvrant un peu plus de 1% de la consommation en électricité du pays.
Cependant, le tableau n’est pas tout blanc et seulement 47 % des surfaces cultivées sont moissonnées mécaniquement. Pour les récoltes manuelles, les feuilles sont brûlées sur place, la valorisation énergétique est nulle et la pollution atmosphérique importante. Mais de nombreuses améliorations sont en cours. Ainsi, le secteur agroalimentaire brésilien a signé un protocole visant à supprimer le brûlage d’ici à 2014 sur toutes les exploitations où la mécanisation est possible. Le pouvoir législatif, lui, impose que le brûlage ait complètement disparu en 2021. La deuxième approche permettant d’augmenter la production d’électricité passe par l’installation de chaudières à haute pression et haute température. En considérant les effets conjugués de ces deux approches, il est estimé qu’à l’horizon 2015, ces exploitations pourront répondre à 11% de la consommation globale du pays.
Dans le cas du Brésil, la production électrique est obtenue à 86% par des barrages hydroélectriques. Or, c’est au moment de la saison sèche où les barrages sont en baisse de régime qu’a lieu la récolte de la canne à sucre. Les sucreries peuvent alors contribuer à combler une partie du déficit de production électrique.
Quelle est la production de bioéthanol de canne à sucre ?
Le Brésil est le premier producteur mondial de canne à sucre et le deuxième producteur mondial d’éthanol. Avec une production annoncée par le gouvernement brésilien de 28.4 milliards de litres pour la saison 2010-2011. Les champs de canne à sucre consacrés à la production d’éthanol représentent 1,5% des terres arables du pays. Le secteur de l’éthanol occupe 835 000 personnes dans près de 450 usines. Sans compter l’armée des coupeurs de canne engagés saisonnièrement sur les plantations pour les récoltes. En 2017, le Brésil espère produire jusqu’à 64 milliards de litres de bioéthanol et devenir le premier producteur mondial.
84% de la production de bioéthanol a été consommée dans le pays en 2008. Le reste a été exporté en majorité vers les Etats-Unis et l’Europe. Cependant, l’augmentation subite du prix mondial du sucre en 2009 a fait chuter les exportations. Le pays n’a exporté que 1,3 milliards de litres cette année-là. Le bioéthanol produit a d’abord servi aux besoins nationaux.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com