On dit que les OGM sécrètent leurs propres pesticides, mais comment cela se passe-t-il concrètement ?
Le maïs Bt sécrète une substance chimique qui tue la pyrale, son redoutable destructeur. Celle-ci a été extraite d’une bactérie, Bacillus thuringiensis (d’où son nom Bt), qui est connue depuis le début du siècle dernier. Ces toxines sont spécifiques de groupes d’insectes, ce qui a conduit à utiliser les spores de cette bactérie comme moyen de lutte biologique contre les prédateurs de végétaux, ou encore contre les larves de moustiques depuis les années 1970.
S’agissant d’un produit « naturel », les spores sont également utilisées en agriculture biologique, surtout pour protéger les productions de légumes. Cette substance n’agit qu’en milieu basique, c’est-à-dire pour un pH supérieur à 7, ce qui est bien le cas dans le tube digestif des insectes. Cependant, celui de l’Homme et des animaux supérieurs est acide, rendant inoffensif, a priori, cette toxine chez ces espèces.
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Evolution de la résistance des maïs Bt
Sous forme de pulvérisations, ce bacille présente la propriété de se dégrader rapidement au soleil en 2 ou 3 jours, permettant des interventions ponctuelles et localisées sans conséquences pour l’environnement ni pour les populations d’insectes non ciblées. Dans ces OGM, l’introduction d’un gène synthétise la toxine en permanence dans toute la plante. Celle-ci n’est donc plus appliquée que lorsque nécessaire Ce changement crée une forte pression de sélection, encourageant les mutations conduisant à des insectes résistants à cet insecticide.
Les cultures Bt pourraient être fatales pour des insectes bénéfiques comme les coccinelles, mais aussi pour les micro-organismes du sol ou les oiseaux insectivores. Cependant, bien que de nombreuses craintes soient formulées, peu d’études ont réussi à avérer l’existence de cette résistance. Parmi celles-ci, une étude a montré que l’utilisation du coton Bt en Arkansas induit une augmentation de la résistance de petits papillons amateurs de cotons : les Helicoverpa zea. Certains de ces lépidoptères supportent une concentration jusqu’à 500 fois plus importante de la toxine Cry1Ac que les mêmes papillons se nourrissant de la plante non-OGM. On peut parler de super-résistance ! Pour un grand nombre de chercheurs, l’augmentation de cette résistance est inéluctable. La question est juste de savoir durant combien de temps nous arriverons encore à la retarder et avec quelle rapidité nous créerons de nouveaux OGM capables de tuer ces insectes résistants.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
les pesticides aussi crée des résistances, le problème c’est qu’ils ne font pas que ça. Les Bt représentent donc largement la meilleur alternative entre les deux.