L214 diffuse aujourd’hui de nouvelles images filmées dans deux élevages situés dans les Côtes-d’Armor et en Vendée. Après les différents engagements de la grande distribution contre les approvisionnements en œufs de poules élevées « en cage », l’association veut désormais taper fort contre les élevages « au sol ». Et ce, alors que ce type d’élevage se répand comme alternative qui respecterait le bien-être animal.
« La diminution des cages s’est aussi faite au bénéfice du plein air mais ce que l’on voit, c’est qu’un mode d’élevage qui n’existait quasiment pas en France il y a quelques années en France est en train de se développer très rapidement en France : c’est l’élevage au sol », explique Johanne Mielcarek, chargée de campagne à L214. Peut-on se contenter de remplacer les élevage de poules pondeuses élevées en cage par ces élevages « au sol » où la question du bien-être animal se limite à la vaccination des poules ? L214 répond par la négative. L214 a donc enquêté dans deux élevages situés dans les Côtes-d’Armor et en Vendée. L’association souhaite utiliser ces images comme bâtiments témoins de ce type d’élevage.
Cette nouvelle enquête montre des poules entassées sur des étages à perte de vue, sans accès extérieur. Les images restent assez similaires à celles tournées dans des élevages de poules en cage. Les bâtiments abritent des milliers de poules dans des bâtiments de plusieurs dizaines de mètres de long, remplis de structures métalliques de plusieurs étages. Nous y trouvons des animaux malades ou déplumés, sans paille ni litière, et sans accès à l’extérieur. Le cannibalisme pointe le bout de son nez.
« Les mêmes problèmes que dans l’élevage en cage«
Johanne Mielcarek détaile : « Il y a les mêmes problèmes que dans l’élevage en cage dus à la proximité des animaux : les comportements agressifs de picage, jusqu’à devenir cannibale. La différence est que les poules peuvent se déplacer dans le bâtiment. En plus, les élevages rajoutent des étages métalliques car cela permet de mettre plus de poules dans le bâtiment. En effet, la loi définit un nombre de poules par mètre carré de surface utilisable, non par surface au sol. »
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Les marques n’hésitent pourtant pas à mettre en avant des « parole d’éleveurs ». Elles mentionnent de « bonnes pratiques d’élevage », ou évoquent le « bien-être animal ». « Le décalage est fort entre l’imagerie pastorale des emballages et la réalité de ce mode d’élevage intensif en plein développement », dénonce L214. « Au mieux c’est flou, au pire c’est trompeur et les marques jouent de ça », ajoute Johanne Mielcarek. Ces slogans embellissent la réalité.
Bientôt un engagement pour mettre fin aux œufs de poules en cage ?
La grande distribution s’est engagée à éliminer les œufs de poules en cage de ses rayons et de ses produits transformés au plus tard en 2025. Plusieurs enseignes ont banni les œufs de poules en cage de leur marque propre dès 2020. Selon le Comité National pour la Promotion de l’Œuf (CNPO), ces engagements ont fait reculer la part des poules élevées en cages en France de 68 % en 2016 à 47 % en 2020. Les poules élevées en bio sont désormais 18 %, le plein air 23%. Les 12% restant concernent les poules élevées au sol.
« Notre message aujourd’hui est de donner l’alerte sur l’élevage au sol qui est en train de grandir et qui risque de se développer d’ici 2025, conclut Johanne Mielcarek. Et ce d’autant plus que l’obligation ne concerne que les œufs coquilles, il n’y a pas d’obligation de donner le système d’élevage dans les produits transformés. » L’association lance une pétition pour demander l’abandon de l’élevage sans accès à l’extérieur à l’Interprofession de l’œuf (CNPO) et à la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) qui représente la plupart les grandes enseignes de la grande distribution.